Du "Devoir" du 30 avril 1941 :
Pour soulager le contribuable, il faudrait maintenant convertir "Billy" King et tous ses ministres aux théories du Crédit Social. ( Le Grincheux )
Si la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple, et si nous sommes dans une démocratie (on nous le fait dire), pour soulager le contribuable il faudrait convertir aux théories du Crédit Social, non pas « Billy » King et ses ministres, mais le contribuable lui-même, le Grincheux y compris. C'est lui, le contribuable, le peuple, qui doit choisir ce qu'il veut, si l'on est en démocratie.
Il est vrai que, tout en battant le tambour de la démocratie, on nous forme l'esprit à la dictature, dictature de l'intouchable et implacable Banco et de ses dignes représentants et gardiens, "Billy", Ilsley et compagnie.
Des faits sont là, sous nos yeux, pour montrer ce qu'il en coûte d'être en servitude et ce que l'on gagne lorsqu'on commence un peu à secouer le joug. Chez nous, où l'on respecte le dictateur, à toutes les autres taxes, on en a ajouté une autre de deux ou même de quatre pour cent chaque fois qu'on veut se servir à même la production du pays. Dans l'Alberta, où l'on cherche à s'affranchir du joug, au lieu de faire cette majoration d'impôt, le gouvernement distribue un boni qui fut d'abord de 3 pour cent, qui est monté cette année à 5 pour cent, chaque fois qu'on s'y sert à même la production de la province.
Si l'on veut s'occuper de "Billy" King et de ses ministres, il ne s'agit donc pas tant de les convertir à des THÉORIES que de leur faire admettre des FAITS. Ils les voient, ces faits, ils les connaissent, mais ils refusent de les reconnaître.
Sans doute, comme certaines personnes qu'il nous arrive de rencontrer, ils objectent : Non ! Ça ne se peut pas. Je vois, mais ce n'est pas vrai. C'est une hallucination. L'Alberta ne peut pas faire cela. Je vois l'Alberta le faire, mais je ne le crois pas. Je crois que je vois quelque chose qui n'existe pas.
Leurs yeux sont fermés aux faits, comme leur esprit à la logique. Aux députés créditistes qui, à Ottawa, argumentent, étayent des raisonnements, on répond solennellement : "Je ne suis pas de votre avis." Et tout est dit. Les dictateurs font pareil.
C'est là tout l'argument de nos léthargiques partisans d'un système absurde, ruineux et désuet.
Heureusement que le peuple n'attend ni leur conversion, ni leur réveil. Le peuple, écrasé mais moins chloroformé par les émanations de la finance internationale, constate les faits et comprend le bon sens.
Aussi voit-on les THÉORIES du Crédit Social pénétrer de plus en plus dans tous les foyers du Québec. Si ça continue — et ça continuera — on aura vite fait de passer les théories dans la pratique.
Il ne s'agit donc pas de convertir les grands du jour, mais le peuple. Il est vrai qu'ils sont issus du peuple, ces grands du jour, mais ils ne sont plus du peuple. Les grands de demain sortiront eux aussi du peuple ; mais si le peuple est converti, ce seront des grands hommes du peuple qui demeureront aux côtés du peuple et travailleront pour lui.
