Le premier-Montréal du Devoir du 4 mars, signé par M. Louis Dupire, termine ainsi un article d'ailleurs intéressant sur la construction de maisons ensoleillées dans la capitale de la Suède — le nouveau Stockholm — dont il souhaite que s'inspire la construction de logis à Montréal :
"Reste à souhaiter que la population visite cette exposition et en revienne avec la volonté de favoriser l'assainissement du logement par la construction simple, logique, économique — la construction plus que jamais imposée par la détresse financière de l'après-guerre et la nécessité de faire vite et sur une vaste échelle."
Qu'est-ce que cette détresse financière dont l'existence, après la guerre, ne fait aucun doute pour M. Dupire ?
Des maisons ensoleillées, ça prend du soleil, des constructeurs et du matériel. Du soleil, il y en aura autant qu'aujourd'hui ou qu'hier. Des constructeurs, les centaines de mille qui travaillent aujourd'hui pour la guerre deviendront disponibles. Des matériaux, ils ne seront pas réquisitionnés comme aujourd'hui pour fabriquer des engins de destruction.
Que manquera-t-il alors ? D'où viendra la difficulté ? La détresse financière.
Qu'est-ce que cet animal-là, qui nous a paralysés pendant dix ans avant la guerre, dont on ne parle plus depuis que la tuerie bat son plein et qui doit revenir avec la paix ?
Le journaliste du Devoir n'a point du tout l'air de prendre au sérieux les promesses des rédacteurs de chartes de l'Atlantique ou du Pacifique. Il semble bien convaincu que la victoire nous ramènera exactement au monde stupide que nous avons bien connu. Se trompe-t-il ?