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Pénétration communiste

le vendredi, 15 mai 1942. Dans Réflexions

Pendant les vingt premiers mois de la présente guerre, les Communistes avaient plutôt la partie dure au Canada. Plusieurs chefs furent molestés. Les Communistes, en effet, cherchaient à détour­ner de la participation à la guerre, parce que la Russie n'en était pas ; or leur cœur est en Russie, et c'est de la Russie qu'ils prennent leur inspira­tion.

Le 23 juin 1941 a complètement transformé la situation. L'Allemagne s'attaquait à la Russie : nos Communistes sont devenus des participation­nistes enragés. Leur ton belliqueux semble avoir la vertu de couvrir leurs fautes passées et de bannir tout soupçon sur leurs mobiles présents.

Ils profitent de tout. Chaque victoire russe, réelle ou imaginaire, est exaltée. Chaque sugges­tion de l'établissement d'un front ouest pour aider les rouges est mégaphonée par les organes qu'ils contrôlent, qu'ils inspirent ou qu'ils trompent.

Le 30 avril au soir, nos pro-communistes de Montréal tenaient une grande assemblée au Mar­ché Atwater pour préparer leur célébration du 1er mai. Ils vont bientôt répandre dans la province de Québec une édition française de "Puissance Sovié­tique", traduction de "Soviet Power" du Dean de Canterbury.

Dès l'automne dernier, on nous écrivait du Ma­nitoba que l'entrée de la Russie en guerre avait fait sortir les communistes de leurs terriers. On pouvait lire sur les poteaux au bord des routes, sur des piquets de clôture, des placards répétant les slogans des communistes russes : La religion est un racket — La religion est l'opium des peuples. Et autres sornettes du genre.

Dans son numéro du 2 mai, à la même page où il déclare la province de Québec livrée au mépris par de mauvais bergers (parce qu'elle avait eu le front d'exprimer sa pensée), le journal Le Jour, de Montréal, s'écrie : Vive la Russie ! L'auteur de l'ar­ticle, Jean-Charles Harvey, juge et dit carrément que "ce n'est plus le temps de discuter les dangers du communisme".

Non, mais c'est le temps pour les Communistes de faire leur chemin !

La citation suivante est de Today and Tomor­row du 16 avril :

"Sans cesse, depuis que le haut commandement nazi annonça sa décision de quitter son offensive contre la Russie et de la remettre au printemps, on nous a proclamé, jour après jour, semaine après semaines, les progrès spectaculaires de la victo­rieuse offensive russe.

"Des milliers de villes, des dizaines de mille villages ont été repris par l'armée rouge, au dire de ces rapports.

"Au début, on prédisait que les Nazis goûteraient une débâcle aussi monumentale que la re­traite historique de Moscou par Napoléon. Puis, on devait voir les forces nazies repoussées jusqu'aux frontières russes avant le printemps. En attendant, chaque jour apportait de nouvelles victoires soviétiques : Des divisions entières d'Al­lemands étaient exterminées. Orel se rendait, Kharkof se rendait. Les Nazis étaient chassés de Crimée et en pleine retraite de la région de Lé­ningrad. Et ainsi de suite.

"Pourtant, après cinq mois, nous trouvons que les Allemands tiennent encore une longue ligne passant par les abords de Leningrad, Viazma, Orel, Stalino, Kharkof, jusqu'à Taranrog ; en som­me, les Russes n'ont fait aucun gain remarquable, en fait de territoire, par rapport à la ligne initiale d'hiver des Allemands.

"Pendant ces cinq mois, les Russes ont eu l'avantage de l'offensive, des lignes de ravitaille­ment courtes et un hiver qui les favorisait. Il semble improbable que les Allemands aient risqué d'affaiblir leur armée principale en l'exposant aux rigueurs de l'hiver russe. De fait, tout semble in­diquer qu'ils ont conservé leurs forces de l'air et leurs forces motorisées de terre, ainsi que leurs réserves de carburant, ayant employé les mois d'hiver à bâtir ces réserves pendant que leur prin­cipale armée se préparait pour l'offensive du printemps.

"Les autorités soviétiques prédisent avec con­fiance une défaite écrasante des Nazis en 1942.

"Nous avons été enclins à donner foi aux rap­ports indubitablement colorés provenant de la Russie. Tout cela a créé un sentiment si favorable envers la Russie Soviétique qu'il est devenu pos­sible à la propagande communiste de pénétrer dans des milieux qui lui étaient demeurés fermés jusqu'ici,"

Ce qui revient à dire : On ne voit pas très bien la pénétration des armées rouges en Allemagne, mais on constate fort bien la pénétration de la propagande communiste dans les milieux cana­diens.

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