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Paperasse et bureaucratie

le mardi, 01 juin 1943. Dans L'économique

Le papier est rationné en Angleterre. Les jour­naux anglais doivent maintenant se contenter du cinquième seulement de leur approvisionnement normal d'avant-guerre. C'est devenu une offense criminelle, paraît-il, de brûler du papier en Angle­terre.

Au Canada, on a commencé à rationner le pa­pier-journal, mais on n'en est sûrement pas encore à juger criminel de brûler du papier, ou bien il faudra augmenter le nombre des pensionnaires dans les prisons d'Ottawa.

Une dépêche d'Ottawa, reproduite dans les jour­naux du 8 avril, annonce, en effet, que 1,130,000 carnets de rationnement No. 1 ont été brûlés. C'est ce qui restait, non distribué, des 13,000,000 car­nets imprimés.

Ces carnets de rationnements comprenaient cha­cun 91 coupons. De ces coupons, 56 ne furent uti­lisés par personne, parce que les bureaucrates de Gordon n'ont pas marché assez vite dans leurs in­ventions de nouveaux rationnements.

Donc, sur un grand total de 1,183,000,000 cou­pons qui composaient l'émission des carnets No. 1, au moins 767,550,000 ont été brûlés ou jetés aux rebuts. Soit plus de 64 pour cent !

Le noviciat des rationneurs coûte cher en fait de papier, Même après le premier noviciat des car­tes de rationnement qui précédèrent les carnets.

On veut ménager le papier. On n'en prend guère le moyen.

On veut ménager le temps aussi ; le temps si utile pour travailler aux industries essentielles à la guer­re. En prend-on les moyens ? En prend-on les moy­ens, lorsqu'on demande à chaque personne d'écrire son nom et son adresse en tête de chaque page du carnet de rationnement ? 83,090,000 noms et adres­ses dans les carnets No. 1 ; 130,570,000 noms et adresses dans les carnets No. 2.

Mais qu'est-ce que cela, comparé aux formules de toutes sortes dont le gouvernement inonde les citoyens presque tous les mois, et plusieurs d'entre nous presque tous les jours — formules qu'il faut lire, essayer de comprendre, remplir avec soin, par­fois en triplicata, sous la menace de sanctions, de pertes de licences, d'amendes ou de séjours en prison en cas de négligence ?

Temps gaspillé, méninges fatiguées, humeurs ir­ritées — pour sauver la démocratie ou pour bâtir la bureaucratie paperassière dans laquelle vont sombrer nos dernières libertés ?

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"Je suis pour le respect de la propriété ; mais je ne crois pas qu'on puisse garder ce respect au peuple en maintenant la propriété au prix d'injustices sociales. Je suis aussi d'avis qu'il faut se garder d'attiser les convoitises et les haines populaires. Mais je suis en­core à me demander en quoi le repos, la digestion lu spoliateur seraient plus sacrés que la détresse du spo­lié". — (Abbé L. Groulx)

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