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Où l'arbitraire ?

le vendredi, 15 mai 1942. Dans Réflexions

En juin 1936, le gouvernement d'Alberta rédui­sait, par législation, le taux d'intérêt sur les obli­gations de la province.

En guise de protestation, le "comité des obligations" recommandait aux porteurs de titres de ne pas encaisser les coupons d'intérêt. Et les deux côtés sont restés en présence depuis lors.

Mais la ténacité finit par remporter des victoi­res, même contre la finance. En vertu de lois alber­taines que le Fédéral ne songea pas à désavouer dans le temps, les coupons d'intérêts peuvent devenir prescrits au bout de six ans après être devenus payables. Aussi, cette année, le même co­mité recommande aux porteurs de titres d'accepter les coupons d'intérêts à mesure qu'ils tirent à leur sixième année, tout en refusant les moins âgés.

En publiant ces instructions, le texte des jour­naux dit :

"Depuis juin 1936, alors que l'Alberta a réduit arbitrairement le taux des intérêts,..."

Les journaux n'ont pas autant parlé de la réduc­tion arbitraire du crédit en circulation en 1929. Pendant 12 années de crise, qui donc a protesté contre la décision arbitrairement prise par les financiers internationaux ? Est-ce que les hausses et les baisses du taux d'escompte, les réductions des découverts, les compressions de crédit ne sont pas des décisions unilatérales, faites sans consulter ceux qui vont en souffrir ?

Mais lorsque ce sont les financiers promoteurs d'intérêts privés, qui décident, tout le monde s'in­cline. Lorsque c'est un gouvernement représentatif, responsable du bien commun, qui décide, on crie à l'arbitraire. Démocratie ou bancocratie ?

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