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Où est la signature ?

le mardi, 15 décembre 1942. Dans L'économique

Notre dernier numéro racontait l'arrestation de deux créditistes de Québec pour distribution de circulaires sans nom d'imprimeur.

Les deux Voltigeurs ont été condamnés chacun à $5.00 d'amende plus les frais. Ces frais ont porté la facture totale à $32.30. La Gendarmerie n'a rien oublié dans son addition, pas même les frais de site des trois gendarmes qui sont venus confisquer 5,000 circulaires au bureau de "Vers Demain" lorsqu'on les empaquetait pour les faire mettre en règle par l'imprimeur, et 4,000 autres déjà rendues chez l'imprimeur pour cette opération.

Notre dérangement à nous, notre temps, le temps de M. Ernest Grégoire notre dévoué avocat — tout cela ne figure pas dans la note : nous sommes les perdants, c'est le vainqueur qui se sert.

Les créditistes ont l'honneur d'être les premiers, et à date les seuls que nous sachions, dans le district de Québec, à donner de l'argent à l'administration judiciaire de leur pays, sous la rubrique de circulaires sans nom d'imprimeur.

Nous avons sous les yeux plusieurs papiers sans signature d'imprimeur. Si c'est de l'argent que la gendarmerie cherche, pourquoi M. Victor Dubé ne s'est-il pas occupé de ces circulaires-là ?

L'une d'elle demande la ré-election de M. Borne comme maire de Québec.

Une autre convoque à une assemblée de Mme Thérèse Casgrain, candidate du gouvernement dans le comté de Charlevoix-Saguenay.

Une autre, chantant les louanges du gouvernement King, mousse la candidature d'un autre libéral à la même élection, M. J.-Emile Boivin.

Et d'autres,, et d'autres. Sans oublier le fameux feuillet que Monsieur Elzéar Dallaire faisait imprimer contre le Crédit Social à Shawinigan, l'automne dernier, et qu'il faisait répandre par dizaines de mille dans différentes villes de la province de Québec.

Aucune signature d'imprimeur dans tout cela. Mais pas de Crédit Social non plus dans tout cela, à moins que ce ne fût pour le combattre, ce qui explique peut-être la différence de traitement.

Si c'est à l'absence du nom d'imprimeur qu'on en veut, les cas sont nombreux. Si c'est au Crédit Social qu'on en veut, nous sommes, en effet, les seuls coupables. En tout cas, nous sommes bien les seuls punis jusqu'ici.

Autre épisode. Dimanche, 29 novembre, quelques Voltigeurs distribuaient les dernières circulaires dans Limoilou, pour annoncer une autre fournée de 31 assemblées dans ce quartier particulier ce jour-là. Cette fois-ci, c'est au nom d'un règlement municipal qu'une plainte a été portée et l'un des distributeurs assigné en cour.

La distribution se faisait sans une permission préalable du chef de police. Là encore, les délinquants ne manquent pas ; mais il faut que ce soit une distribution de circulaires créditistes pour qu'on songe à invoquer le règlement.

Nous pourrions faire le même raisonnement : Si c'est de l'argent que la ville veut, en prélevant des amendes, que n'en saisit-elle toutes les occasions ? Si c'est au Crédit Social qu'on en veut, on a bien choisi le cas. Il est difficile de croire le hasard aussi perspicace.

S'il y a des circulaires qui ne portent pas de signatures, il y a des actes qui, abrités derrière le zèle pour l'observance de la loi, ont tout l'air de la signature d'un mot d'ordre.


Tout le monde apprend

Tout le monde apprend comment l'argent est fait. Mieux que cela, tout le monde apprend à faire de l'argent. Pas seulement le gouvernement créditiste de l'Alberta ; pas seulement l'Association Créditiste de la Province de Québec ; mais même l'autorité militaire britannique de l'Afrique du Nord.

Le secret des banques n'existe plus. Même des hommes à canon savent faire des livres sterling.

Et l'argent des créditistes d'Alberta achète sans endetter. Et l'argent des créditistes québecois achète sans endetter. Et l'argent des militaires d'Afrique achète sans endetter.

Battus sur tous les fronts, les banquiers dont l'argent endette avant d'acheter !


À l'amende, ces ministres !

Tout imprimé livré à la circulation et ayant un caractère politique, économique ou social, doit porter un nom d'imprimeur. Ceux qui y manquent — éditeurs, imprimeurs ou distributeurs — sont susceptibles d'être condamnés à une amende pouvant aller jusqu'à $5,000.

Les créditistes de Québec l'ont appris, puisque, pas les premiers délinquants, mais les premiers poursuivis, ils ont dû payer amende.

Sur ce, la circulaire du ministre du Revenu National, "Renseignements opportuns concernant votre impôt sur le revenu de 1942" ne porte pas de nom d'imprimeur. Elle est publiée par le Ministère du Revenu National — c'est indiqué. Mais par qui imprimée — ce n'est pas indiqué.

Cette circulaire, nous semble-t-il, a trait à l'économique — et à de la haute économique par-dessus le marché.

Allons, Monsieur Victor. Dubé, appelez cela en cour, et à l'amende le ministre !

Par ailleurs, les renseignements postaux sont-ils, ou ne sont-ils pas, une question économique ? Or, le livret "Renseignements Postaux 1942-43," publié avec l'autorisation de l'Hon. William P. Murdock, C. R., ministre des Postes, ne porte pas de nom d'imprimeur.

Ignore-t-on à Ottawa même les lois qui sortent d'Ottawa ?, Les membres du gouvernement ont-ils la tête trop petite pour loger les 40,000 décrets du gouvernement ? Pourquoi alors en exiger tant de gens qui gagnent misérablement leur pain avec le travail de leurs mains, dans une vieille ville française où l'on n'a pas encore appris à leur parler dans leur langue ?


Toi-même, législateur !

Nous recevons d'un abonné un fascicule intitulé "Le Canada en Guerre" (Novembre 1942), portant les armoiries du gouvernement fédéral. L'abonné accompagne son envoi de la lettre suivante :

"Cher Monsieur,

"Je me permets de vous soumettre un pamphlet que je viens de recevoir, afin que vous puissiez prendre un avis légal, au cas où il y aurait infraction à certaines lois émises, ou manquement aux édits en vigueur depuis 1939.

"Je viens de recevoir par la poste le pamphlet inclus ; je ne vois pas le nom de l'imprimeur et je crains la visite de Monsieur Victor Dubé (de la Gendarmerie Royale). Ce n'est pas que je ne comprenne pas l'anglais ; je le comprends assez bien et même je parle aussi la langue de M. Dubé, mais je crois qu'il est de vos amis personnels et je viens vous demander de lui soumettre le pamphlet.

"Je ne connais pas toutes les ordonnances émises depuis 1939 ; mais au fur et à mesure que j'apprends qu'il y a eu un amendement depuis vingt-quatre heures, j'essaye de me l'entrer dans la tête."

De fait, "Le Canada en Guerre" ne porte pas de nom d'imprimeur. On y lit simplement "Imprimé au Canada". Comme il y a plus d'un imprimeur au Canada, il est difficile de savoir lequel. Puis la loi exige le nom de l'imprimeur indiqué bien clairement : on nous a montré le texte anglais (le seul disponible) de la loi au Palais de Justice de Québec.

La brochurette porte l'estampille du gouvernement fédéral, le même gouvernement qui fait la loi et qui doit bien connaître ses propres lois et décrets au moins aussi bien que les pauvres ouvriers de Québec.

La brochurette est rédigée aux frais du public, imprimée aux frais du public, distribuée aux frais du public, et certainement aussi au vu et su du public, même de M. Victor Dubé. Que dit la conscience de cet officier si zélé ?

Un loustic nous chuchote la formule qui permet de résoudre l'énigme et qu'il dit avoir entendue par esclandre dans une réunion d'initiés de la haute politique : "Faites des lois pour tout le monde, mais ne les appliquez que contre vos adversaires, ils n'ont aucun recours."


Service ou suicide ?

La science, la science appliquée pour augmenter la production de choses utiles, est-elle un service ou un suicide ?

Voici une déclaration remarquable du Professeur Soddy :

"La science sans le Crédit Social est pur suicide."

Mais qui est le professeur Soddy ? C'est un savant. Pour ceux qui sont habitués à juger d'un homme et à lui faire confiance d'après ses titres, nous dirons que le professeur Soddy a fait son entraînement aux recherches scientifiques sous les physiciens de réputation mondiale, Lord Rutherford et Sir William Ramsay ; qu'il est conférencier en chimie physique et en radio-activité à Glasgow, professeur de chimie à Aberdeen ; qu'il fut président de la Société Rœntgen en 1905-06, lauréat Nobel en chimie en 1921, initiateur de la théorie de la désintégration atomique et de la loi de déplacement de la radio-activité, etc., etc.

S'il s'agit encore d'un charlatan, c'est à désespérer du cerveau humain. Mais qui ne mérite toutes les épithètes dès qu'il s'attache au Crédit Social ?

Ajoutons donc aussi que le professeur Soddy n'est nullement lié au mouvement créditiste. Il a même pris du temps avant d'en venir jusqu'à la conclusion, énoncée ci-dessus.

Le professeur Soddy apporte exactement la même intelligence à ses investigations dans le système monétaire qu'à la poursuite des électrons et des protons au sein de l'atome. Depuis plusieurs années déjà, il dénonçait l'absurdité, le dénument scientifique absolu, du système monétaire actuel. Sans prendre parti pour une méthode particulière d'émission et de distribution de l'argent nouveau, il a tout de même reconnu assez tôt que l'argent nouveau doit être émis du côté consommateur, et comme cadeau, non comme dette. Il écrivait dans Cavalcade du 15 novembre 1941 :

"D'autre part, une civilisation croissante et progressive exige, comme le préconise le parti du Crédit Social, l'émission continuelle de monnaie nouvelle aux consommateurs — non pas comme prêt ou dette, mais comme don. L'auteur de ces lignes endosse cette opinion sans réserve."

Et voici qu'aujourd'hui, le professeur Soddy va plus loin. C'est dans un message spécial à un homme public, au secrétaire général du Social Credit Party d'Angleterre, que le professeur Soddy expose avec concision une vérité que les faits ont démontrée incontestable.

"La science sans le Crédit Social est pur suicide."


Dix fois plus

Parlant devant le Club Canadien de Toronto, le 30 novembre, M. C.-D. Howe, ministre des Munitions, disait qu'en 1942 le Canada avait produit 215,000 unités motorisées pour l'armée. Il ajoutait que, chaque unité représentant environ le double de la matière première et de la main-d'œuvre exigées pour la fabrication d'un camion commercial, cette production de 1942 équivalait à la fabrication de 430,000 camions commerciaux. Ce qui est plus de dix fois autant qu'avant la guerre, alors que la production annuelle de camions au Canada était inférieure à 40,000 unités.

430,000 camions commerciaux en un an. À ce régime, il serait possible, en deux à trois années, de fabriquer un camion pour chaque ferme du Canada — et un camion dure bien au moins trois ans.

Et cette production est possible, malgré l'immobilisation de 600,000 hommes et jeunes gens des plus solides dans l'armée, où ils ne produisent pas un boulon, pas un écrou.

Qu'est-ce donc qui empêchait de fabriquer au moins 430,000 camions commerciaux par année avant la guerre ? Est-ce parce que les cultivateurs n'en avaient pas besoin ? Ou est-ce parce que les esprits étaient trop bouchés avant d'être ouverts par les détonations des bombes ?

Il y a chez nous des grands hommes, des hommes qui dirigent actuellement les destinées du Canada, et qui proclament, sans se voiler la face de honte, que trois années de guerre leur ont démontré la possibilité d'appliquer le travail disponible à la matière première disponible, pour produire les choses qui répondent aux besoins.

Et ce sont ces archi-ignorants, comédiens de la politique, qui se croient appelés à remettre le monde en ordre !

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