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Orientation maçonnique

le jeudi, 15 avril 1943. Dans La politique

Il ne manque pas de gens assez candides pour proclamer que l'Angleterre et les satellites de l'An­gleterre (dont le Canada), les États-Unis, la Chine, la Russie, etc., se battent pour la défense de la chrétienté.

On a assez coutume d'insister sur ce point dans la province de Québec, parce que la Province de Québec est encore un pays chrétien. On peut se demander quel refrain on chante en Chine ou en Russie.

Le Jour, de Montréal, publiait, le 3 avril, le point de vue d'un professeur américain, J. Hutton Hynd. Selon M. Hynd, ce n'est point du tout pour la civi­lisation chrétienne, mais pour leur simple survivan­ce que les Nations-Unies se battent. Le professeur juge même qu'au contraire, le monde va sortir de cette guerre moins attaché à ses théologies et mieux orienté vers une "parfaite humanité", une huma­nité moins divisée par les théologies et plus unies par un idéal purement humanitaire.

C'est l'idéal maçonnique, qui n'a pas besoin des croyances religieuses. L'humain au-dessus du sur­naturel :

"En Grande-Bretagne, s'il n'y a que peu de chrétiens convaincus, il y a par contre des millions d'êtres prêts à faire le suprême sacri­fice pour un idéal humain... Les peuples des Nations-Unies, qu'ils soient chrétiens ou non, se battent pour un mode de vie qui dépasse l'esprit des sectes qui les a divisés... Cette affirmation laisse derrière elle les diverses théologies et unit les hommes pour une cause et une lutte commune  —  une sorte de com­monwealth de l'homme. Au delà du christia­nisme, du bouddhisme, de l'hindouisme, du parsisme, du mahométisme, du taôisme ou de toute autre religion, au delà des crédos et des sanctions surnaturelles, au-delà de l'athéisme et de l'agnosticisme, l'homme entrevoit un mode de vie supérieur à tout cela... Partout, les hommes tentent de quitter les chambres étroites où brûlent depuis des siècles les lu­mières artificielles des théologies et des my­thologies antiques..."

Voilà un professeur que le gouvernement cana­dien n'engagera pas pour faire de la propagande de guerre dans la province de Québec ; le capitaine Sabourin est sans doute mieux désigné pour y ob­tenir des résultats.

Tout de même, d'autres que le professeur Hynd jugent que l'Empire britannique se bat pour l'Em­pire britannique, que la Russie se bat pour la Rus­sie, et ainsi de suite. Et des observateurs ne sont pas sans voir que, de cette guerre-ci, comme de l'autre, la franc-maçonnerie espère bien sortir un monde plus maçonnisé, moins ouvert à la théo­logie et plus épris de l'idéal du "commonwealth de l'homme."

* * *

Les citations suivantes, reproduites dans le Do­cumentaire Antimaçonnique du 20 mars, démon­trent que la franc-maçonnerie entend bien exercer sa tutelle spirituelle sur un commonwealth de l'homme, sur une Société des Nations en attendant un gouvernement central universel.

Le 13 mai 1917 (durant l'autre guerre), le grand-maître Magalhaes Lima déclarait à Lisbonne :

"La victoire des Alliés doit être le triomphe des prin­cipes maçonniques."

Un mois plus tard, au grand Convent Maçon­nique International de juin 1917, une proposition, moussée par la clique apatride, disait :

"Il est indispensable de créer une autorité supra-nationale. La Franc-maçonnerie, ouvrière de la paix, se propose d'étu­dier ce nouvel organisme : la Société des Nations."

Et la Société des Nations fut fondée : le souffle maçonnique ne la quitta point. Il l'animera sans doute encore lorsqu'elle sortira de son hôpital.

Le Lennhoff pouvait écrire en 1927, sans crainte d'être contredit :

"La Société des Nations est née des idées maçonniques."

Le rapport officiel du Grand-Orient, de 1932, revient sur cette paternité :

"N'est-ce pas au sein des Loges que jaillit l'étincelle qui provoqua l'éclo­sion de la Société des Nations, du Bureau Inter­national du Travail et de tous les organismes in­ternationaux qui constituent l'ébauche laborieuse, mais féconde, des États-Unis d'Europe et peut-être du monde ?"

Ce n'était qu'une ébauche. À parfaire après cette guerre-ci. Bien naïf qui croirait que la Franc-maçonnerie se désintéresse du monde d'après-guerre. L'ordre de demain est en préparation, et l'on ne voit pas que ses artisans attitrés soient différents de ceux d'hier.

Le 17 février dernier, le Révérend Malcolm-A. Campbell, de Montréal, ancien grand-maître de la grande loge maçonnique du Québec, déclarait à Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) :

"Un nouvel or­dre est entré dans le monde... un autre monde, avec d'autres standards, où les principes de la franc-maçonnerie prendront une plus grande place dans la vie de chacun."

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