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Opinion publique et volonté publique

le mardi, 15 décembre 1942. Dans La politique

Pourquoi l'Union des Électeurs ?

Pourquoi l'Institut d'Action Politique, au lieu de former des politiciens pour s'emparer du pouvoir, s'applique-t-il à former une union des électeurs ?

Quel va être le ciment qui unira et tiendra unis des électeurs qui ne se sont occupés de politique jusqu'ici que pour appuyer l'un ou l'autre des groupes aspirant au pouvoir ?

Comment une union des électeurs peut-elle assainir la politique et empêcher les élus de se prosterner devant la crèche du parti au pouvoir ou de s'acharner à changer la crèche de couleur ?

Comment l'Institut d'Action Politique, si jeune, peut-il prétendre être plus habile à former et guider l'opinion publique que des partis expérimentés qui voient souvent l'opinion se dérober, comme en 1939, après un afflux enthousiaste comme en 1936 ?

Peut-être, en élucidant la dernière question aura-t-on à peu près disposé des premières.

Opinion publique

L'opinion publique intéresse les politiciens, elle n'intéresse pas les créditistes.

L'opinion publique tourmente ceux qui cherchent le pouvoir. La question capitale pour eux est : Que faire pour aguicher l'opinion publique en notre faveur ?.

Les créditistes ne cherchent pas le pouvoir ; ils cherchent le bien commun. Or ce n'est pas l'opinion publique qui reflète le bien commun.

L'opinion publique change sous le courant que peuvent déclancher des politiciens habiles. Le bien commun ne change point tant que cela.

L'opinion publique peut être à droite en 1910, à gauche en 1921 ; à droite en 1936, à gauche en 1939. Pourtant le bien commun est toujours à la même place.

Tenir l'opinion publique pour soi ou pour son groupe le jour de l'élection : suprême objectif du politicien.

Les créditistes sont trop éclairés, trop amants du bien social pour s'abaisser à ce niveau.

Nous abandonnons l'opinion publique aux enquêtes Gallup, plus faites pour la mouler que pour la connaître, aux politiciens et à leurs amis de la grande presse et de la franc-maçonnerie.

Volonté publique

Pendant que les amateurs de fromage politique s'évertuent à pétrir l'opinion publique, les créditistes s'appliquent à mobiliser la volonté publique.

Le public est fait de personnes. Les personnes ont une intelligence et une volonté. Les personnes sont distinctes, chacune est elle-même. Mais les personnes qui composent la société sont tout de même toutes de la même espèce : l'espèce humaine. Et il est bien des choses qui sont communément voulues par toutes les personnes saines. Si ces choses-là, possibles, sont refusées par ceux qui ont charge de la société, c'est justement parce qu'ils ignorent les volontés pour s'occuper de l'opinion.

Tout le monde veut la sécurité économique, c'est-à-dire l'assurance d'un minimum de nourriture, de vêtement et d'abri. Et cela est possible, puisqu'il y a abondance délaissée de nourriture, de vêtement et de moyens de loger confortablement toutes les familles.

Une fois ce minimum vital garanti, tout le monde veut le maximum de liberté dans le choix de sa carrière et l'organisation de sa vie. Et cela est possible, puisqu'il y a en temps normal surabondance de bras offerts dans toutes les occupations, et puisqu'il y a assez de moyens mécaniques de production pour permettre aux hommes des loisirs, des activités libres et créatrices au lieu de travail vendable ou forcé.

Sécurité et liberté : deux choses que Paul veut de toute son âme, que Pierre veut de toute son âme, que Jean, que Jacques, que chacun veut de toute son âme.

Ce n'est pas là une opinion, une opinion qu'il est possible de faire changer. Allez donc faire dire à une femme qu'elle ne veut pas l'assurance de trois repas par jour pour son mari, ses enfants et elle-même, avec du feu dans sa maison quand il fait froid, avec des vêtements et des chaussures pour protéger les membres de ses enfants contre les intempéries des saisons.

Allez donc faire dire à un cultivateur qu'il ne veut pas, après une vie de labeur, transmettre sa terre à ses héritiers au lieu de la voir passer au shérif.

Allez donc faire dire à un jeune homme normal qu'il ne veut pas, après ses études, une occupation en rapport avec ses goûts et ses aptitudes et la possibilité de fonder un foyer.

Ces choses-là — et d'autres très simples — sont demandées, voulues par tout le monde. Pourquoi sont-elles refusées ?

On peut différer d'opinion sur le choix des hommes à constituer gardiens de l'ordre public, mais cette divergence d'opinion n'empêche pas la concordance des volontés sur les résultats qu'on attend des administrateurs choisis.

Si la volonté commune a été frustrée, c'est parce que ceux qui devraient être les exécuteurs de la volonté commune sont devenus de vulgaires parasites d'une politique établie sur la mobile opinion publique. Ils paient ce parasitisme en sacrifiant la volonté publique aux intérêts égoïstes de ceux qui financent le façonnement de l'opinion publique.

La volonté commune existe. Il n'y a point à la façonner. Il faut seulement en rendre le peuple conscient et l'organiser pour que son gouvernement en tienne compte au lieu d'obéir aux dictats d'exploiteurs du public.

Nous ne donnerons pas un sou pour gagner l'opinion publique. Mais nous donnerions notre vie pour que tous et chacun des membres de la société obtiennent ce que tous et chacun veulent d'un commun accord.

La politique de l'opinion publique n'est pas digne d'un homme qui se respecte et respecte les personnes humaines qu'il aspire à représenter.

Mais il y a dans la politique de la volonté commune la noblesse du service de la part de ceux qui sont en haut, et chez ceux qui sont en bas une force dynamique pour nettoyer le domaine politique des comédiens qui le souillent abominablement.

Servir ou sortir

Lorsque l'Institut d'Action Politique aura groupé les citoyens, éclairés par l'étude et la réflexion, autour du programme fait des points élémentaires répondant à la volonté de tous, un gouvernement qui ne voudra pas servir n'aura pas d'autre solution que sortir. Les citoyens unis et organisés y verront.

Il ne s'agit point là de mépris de l'autorité établie. Bien au contraire : c'est sauvegarder l'autorité que chasser des imposteurs qui la dégradent en faisant servir leurs fonctions à la destruction du bien commun.

D'ailleurs, il y a un jugement à exercer dans le choix des moyens. Une opinion publique échauffée peut faire de la casse. Une volonté commune organisée et orientée prend d'autres manières.

Sans aller plus avant dans ce sujet pour le moment, nous terminons par une citation d'une lettre de Pie XI au clergé mexicain ("La Situation religieuse au Mexique...... "). Nous présentons la citation à la méditation de consciences que nous voulons croire plus timorées qu'hypocrites :

"Vous avez rappelé à vos fils plus d'une fois que l'Église préconise la paix et l'ordre, même au prix de lourds sacrifices, et qu'elle condamne toute insurrection ou violence injuste contre les pouvoirs constitués.

"D'autre part, vous avez affirmé que si le cas se produit où ces pouvoirs constitués s'insurgent contre la justice ou la vérité au point de détruire jusqu'aux fondements mêmes de l'autorité, on ne voit pas comment on pourrait condamner alors le fait
que les citoyens s'unissent pour défendre la nation et se défendre eux-mêmes, par des moyens licites et appropriés, contre ceux qui se prévalent du pouvoir public pour entraîner le pays à sa ruine."

Le Pape rappelle certains principes qui doivent guider dans le choix des moyens, même si ce choix dépend surtout des circonstances : Il ne faut pas oublier, dit-il :

"1o — Que ces revendications ont un caractère de moyen, de fin relative, non de fin dernière et absolue ;

"2o — Que leur caractère de moyen ne justifie que des actions licites et non des actions intrinsèquement mauvaises ;

"3o — Que si les moyens doivent être proportionnés à la fin, il faut en user seulement dans la mesure où ils servent à l'obtenir ou à la rendre possible en tout ou en partie, et de manière à ce qu'ils ne causent pas à la communauté de dommages supérieurs à ceux qu'on veut réparer."

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