Commentant la situation, l'agence de presse B.U.P. disait le 18 février :
"Comparée à l'Australie, l'Inde est beaucoup plus nécessaire à la prospérité de la Grande-Bretagne elle-même. Le continent australien est très vaste, mais il n'est peuplé que de 7 millions d'habitants. Il commence à s'industrialiser d'ailleurs, de sorte qu'il n'est plus un débouché pour les marchandises britanniques. L'Inde, au contraire, compte plus de 375 millions de consommateurs et le pays n'a pas d'usine ou presque."
Ce qui veut dire que l'Angleterre n'oublie pas l'après-guerre. Puis, que l'après-guerre sera comme l'avant-guerre, une lutte pour les marchés, une chasse aux consommateurs pour disposer de l'encombrante abondance.
Aussi, pour faire la guerre, on demande bien à l'Australie, comme au Canada, ses hommes et les produits de son industrie. Mais on aime mieux, pour l'après-guerre, perdre ces hommes civilisés, ces producteurs, et garder les consommateurs qui ont eu la vertu de ne pas faire de progrès, de ne pas développer leur industrie.
Lorsqu'il prendra fantaisie aux peuples de l'Asie et de l'Afrique de produire comme les civilisés, que vont devenir l'industrie anglaise, l'industrie américaine, l'industrie allemande ? Il resterait bien à se battre pour chercher des marchés dans Mars, ou dans Vénus, ou dans quelque satellite de Jupiter ; mais il faudrait d'abord se persuader qu'il s'y trouve des consommateurs — et des consommateurs non civilisés !