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Notre nationalisme

Gilberte Côté-Mercier le lundi, 15 mars 1943. Dans La politique

D'aucuns s'étonnent que l'Association Créditis­te ne fasse appel qu'aux Canadiens français. Mê­me, on nous reproche d'exploiter des sentiments de race chez les Canadiens français. De faire, en un mot, du Crédit Social québecquois un mouvement nationaliste, dit-on.

Et on nous demande avec ironie si le Crédit Social n'est bon que pour les Canadiens français.

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La philosophie du Crédit Social est une philoso­phie humaine, puisqu'elle est basée sur les aspira­tions naturelles et légitimes de l'homme, et sur le bon sens. Le Crédit Social enseigne qu'il y a des biens pour tous et chacun, et il indique une métho­de infaillible de distribution à tous et à chacun. Il patronne une formule de prospérité et de liberté, et par conséquent de paix. Il n'a que faire de la guerre. Le Crédit Social ne demande pas mieux que de voir se développer le plus d'intelligences possi­bles et de voir naître le progrès partout sur le glo­be. Alors, les dividendes seront plus abondants et les peuples plus heureux.

Les créditistes de la province de Québec, qui sont de vrais créditistes, savent cela, et ils le veulent ainsi.

Leur idéal n'est pas ce nationalisme qui consiste pour une nation à écraser les autres. Leur idéal n'est pas même de vouloir le Crédit Social pour leur pays seulement. Ils le désirent pour le monde entier.

Et avec le cœur missionnaire qu'ont les Cana­diens français, on peut être sûr qu'une fois le Cré­dit Social établi en Nouvelle-France, ses apôtres en jetteront la semence sur toute la terre.

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Mais, nous n'en sommes pas rendus là. Il faut que nous commencions à régler les problèmes de chez nous, contrairement à nos commères d'Otta­wa, qui s'occupent de tout excepté de leurs propres affaires.

Chez nous, c'est dans la province de Québec. Chez nous, c'est chez les Canadiens français. Puis­que nous sommes Canadiens français et que la pro­vince de Québec est, par droit d'héritage et par droit de travail, le royaume des Canadiens fran­çais.

Donner le Crédit Social aux Canadiens français de Nouvelle-France, voilà donc l'objectif prochain de notre mouvement créditiste.

Que les Canadiens français viennent un jour à prendre leur place dans le pays qu'ils ont fondé, admettons que cela ne serait pas trop tôt. Prendre sa place, cela n'est pas prendre la place des autres, mais c'est souvent empêcher les autres de prendre la sienne.

Et comme sous un régime de Crédit Social, il y a de la prospérité et de la liberté pour tout le monde, lorsque les Canadiens français jouiront du Crédit Social, les Anglais n'en seront pas plus malheureux. Au contraire.

Donc, redonner au peuple canadien-français son rang et sa dignité est affaire de justice seulement. Et les créditistes, qui ont en mains la vraie formule de redressement économique et politique, auraient tort de ne pas s'en servir pour eux-mêmes.

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Et puis, l'on comprend que, lorsqu'un individu veut travailler à une œuvre de redressement so­cial, il ait besoin de jouir lui-même d'une certaine indépendance économique et politique. Il en est de même d'une nation. Un peuple ne peut travailler à l'établissement d'un ordre nouveau mondial, s'il n'est pas lui-même un exemple de cet ordre nouveau, et s'il n'a pas la liberté économique et politi­que nécessaire pour toute action de réforme qui le mette à l'abri des tentations de toutes sortes.

Les communistes l'ont bien compris. Leur idéal à eux est international. Et pourtant, ils ont com­mencé à établir leur communisme en Russie. Cela n'a pas rétréci leur objectif, mais cela a permis à leur objectif d'avancer vers sa réalisation.

Voilà donc les raisons pour lesquelles l'Associa­tion Créditiste stimule l'achat et la vente chez nous.

Et voilà donc dans quel sens les Créditistes de Nouvelle-France sont nationalistes.

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On nous dit que parfois, nos conférenciers ex­ploitent le fanatisme, qu'ils vont même jusqu'à mépriser les Anglais.

C'est peut-être vrai. Mais, que des Canadiens français méprisent les Anglais en paroles, c'est as­sez excusable, quand les Anglais méprisent tant les Canadiens français en actes.

Et puis, ma foi, on ne peut faire un crime aux patriotes Canadiens français d'avoir, pour sortir du trou, plus de confiance en eux-mêmes qu'en ceux qui ont si bien collaboré pour les mettre dans le trou.

Gilberte Côté-Mercier

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