Le 7 novembre 2012, le Président de France, François Hollande, annonçait que le conseil des ministres avait adopté sa promesse faite durant la campagne électorale du soi-disant «mariage pour tous», c’est-à-dire d’ouvrir le mariage aux couples de personnes de même sexe, et qu’un projet de loi sera déposé dans quelques mois pour autoriser le mariage des personnes homosexuelles ainsi que l’adoption d’enfants par des couples de même sexe.
Un tel changement de société ne peut qu’entraîner des conséquences graves, que n’ont pas manqué de souligner avec courage les évêques français, qui encouragent non seulement les croyants, mais toute personne de bonne volonté, à combattre ce projet de loi.
C’est le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France, qui a mené la charge lors du discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, le 3 novembre 2012.
«Ce qu’on nous présente, ce ne serait pas le “mariage pour tous”, ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous... Imposer, dans le mariage et la famille où la parité est nécessaire et constitutive, une vision de l’être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants.»
Cinq jours plus tard, dans son discours de clôture de la même Assemblée des évêques, Mgr Vingt-Trois déclarait:
«La position très ferme que nous avons prise au sujet de la transformation légale du mariage a suscité bien des remous. Les réactions, plus diversifiées qu'on ne l'imaginait, ont montré un trouble réel de nos concitoyens qui expriment de véritables interrogations sur la pertinence et l'urgence du projet...
«Que les catholiques de notre pays sachent que leurs évêques les encouragent à parler, à écrire, à agir, à se manifester... Ils ont le droit de témoigner de ce qui, dans la lumière de notre foi et selon la logique de la raison et du bon sens, leur semble essentiel pour le présent et pour l'avenir.»
Et le cardinal ajoutait: «Nous regrettons que le choix du gouvernement polarise tellement les attentions sur un sujet qui finalement reste second, si l'on tient compte des préoccupations prioritaires qui assaillent beaucoup de nos concitoyens en raison des conséquences de la crise économique et financière: fermeture d'entreprises, hausse du chômage, précarité croissante des familles les plus fragiles, etc... Nous encourageons tous les catholiques à maintenir leur mobilisation dans la lutte contre la misère économique et sociale et à poursuivre leurs magnifiques efforts de solidarité.»
De nombreuses manifestations ont commencé à s’organiser partout à travers la France. Déjà plus de 80 évêques français qui se sont exprimés fermement pour le maintien du mariage traditionnel, en voici quelques extraits significatifs:
Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay: «L’ouverture du mariage aux personnes de même sexe dénaturerait cette institution en supprimant les notions de mari et de femme, de père et de mère au bénéfice de mots neutres signifiant une indifférenciation des fonctions et des identités. Un enfant a besoin de ce jeu de différences complémentaires grâce auxquelles il peut progressivement développer son identité personnelle. Si le législateur décide que demain certains enfants auront deux pères mais pas de mère ou deux mères mais pas de père, il instaurerait un mensonge d’Etat.»
Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes: «Avouons tout d’abord que les réalités dont nous sommes les plus certains sont les plus difficiles à justifier. Elles sont tellement évidentes qu’on n’a jamais pris le temps d’y réfléchir. Qu’un mariage concerne un homme et une femme, que des enfants aient besoin d’un père et d’une mère pour être éduqués nous semble tellement naturel qu’on peine à trouver des arguments pour les expliquer. Ce projet de loi est donc une occasion, pour l’Eglise et pour la société, d’aller plus loin et d’approfondir nos connaissances et nos convictions sur le mariage...
«Affirmer que l’interdiction actuelle du mariage pour les personnes homosexuelles est une injustice qui leur est faite est une échappatoire. Le mariage concerne un homme et une femme. Dans toutes les civilisations et au cours de toute l’histoire. Jamais une culture n’a proposé un mariage entre deux personnes de même sexe. Les personnes homosexuelles ne sont donc pas concernées par le mariage...
«Une autre dérive me semble dangereuse dans ce projet de loi: c’est l’idée que l’on semble se faire de l’adoption... Dans le projet de loi qui sera proposé, l’adoption ne sera plus d’abord un moyen d’aider des enfants mais une manière d’institutionnaliser un droit à l’enfant, ce qui est radicalement différent. Et contraire au respect de la personne qui n’est jamais un moyen pour satisfaire un désir, aussi fort soit-il.»
Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d’Amiens: «L’ouverture du mariage aux personnes de même sexe impliquerait que le mariage n’est qu’une convention sociale qui pourrait être modulée au gré des majorités politiques. Et le mariage d’un homme et d’une femme ainsi que la vie familiale avec un père et une mère perdrait son caractère structurant pour les individus et pour la société.»
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille: «L’expression le mariage pour tous, est une expression maladroite et inexacte en réalité. Il demeurera des situations qui empêcheront le mariage: un oncle et sa nièce, ou un frère et une soeur continueront de voir le mariage leur être interdit! Parce que le mariage est une institution sociale déterminante pour la construction de la société, elle n’est concevable que dans certaines conditions, et donc à l’exclusion d’autres conditions. Préserver le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme en vue de la protection de la filiation, c’est une condition fondamentale pour la société. Ce n’est pas le maintien d’un privilège en faveur des personnes hétérosexuelles.»
Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles: «L’Église joue son rôle de veilleur. Elle alerte les consciences, surtout quand les fondements de notre société sont remis en cause, quand le bien de la personne est en jeu. Elle le fait à temps et à contretemps, au-delà des intérêts partisans, libre des sondages et des modes d’opinion, quelle que soit la majorité politique en place.
«Ici, c’est le bien de l’enfant qu’il nous faut d’abord faire valoir. Il doit être premier et ne peut passer après la satisfaction du désir même sincère des adultes. Il n’y a pas de droit à l’enfant, mais bien un droit de l’enfant, à défendre et à promouvoir. Non seulement ce projet de loi ne va pas supprimer de discriminations mais il va instituer une injustice vis à vis des enfants, à qui on va voler ce repère essentiel de la complémentarité père/mère.»
Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon: «L’expression “mariage homosexuel” est une contradiction dans les termes. Le mariage suppose l’altérité sexuelle. Il n’y a pas de discrimination à exclure de la catégorie du mariage d’autres types d’union. Il n’y a pas d’inégalité à traiter différemment des réalités différentes.
«L’institution du mariage n’est pas la reconnaissance par la société de l’amour que se portent deux personnes, mais de la volonté des époux de s’engager réciproquement, de donner stabilité à leur union et garantir la filiation.
L’expression « droit à l’enfant » prête à confusion. C’est l’enfant qui a des droits, y compris le droit d’avoir une relation structurante avec un père et une mère. L’enfant n’est pas un objet destiné à combler un manque ou un désir.»
Monseigneur Christophe Dufour, archevêque d’Aix-en-Provence et Arles: «Monsieur Hollande croit marquer l’histoire en faisant voter le projet de loi qui dénature le mariage. Au regard de l’histoire de l’humanité, c’est l’inverse qui se produira; ce projet sera une grande tâche noire et l’on dira demain: “Comment ont-ils pu promouvoir une telle chose en ce temps-là?” Non, Monsieur le Président, osez renoncer à ce projet pendant qu’il est encore temps; vous en tirerez une vraie fierté, celle du courage.
«J’encourage les catholiques à parler, à s’informer, à argumenter, à engager le débat autour d’eux, à écrire à leurs députés, à leurs sénateurs, à leurs maires, à agir, à se manifester… Je les invite à le faire dans le respect des personnes. Je les invite aussi à prier et à jeûner : nous croyons en la force de l’Esprit qui crée et agit, qui pénètre les cœurs et les pensées. Il est capable de réaliser l’impossible comme il l’a fait dans le sein de Marie.
«Oui au mariage qui unit un homme et une femme et donne un père et une mère à tout enfant qui vient au monde. »
Mgr Thiery Jordan, archevêque de Reims: «Le mariage pour tous » n'a jamais existé et ne peut pas exister. Le mariage, c'est un homme, une femme et, si possible des enfants. On ne peut pas sortir de cela, c'est notre nature, et aussi l'un des fondements de notre civilisation. La société elle-même a déjà placé des interdits immémoriaux : on ne peut pas, par exemple, épouser un proche parent, ou plusieurs personnes en même temps. Donc toute situation de couple n'est pas mariage. Il ne suffit pas de dire que, du moment qu'on s'aime, on peut se marier. »