Le plébiscite ne devrait pas être nécessaire pour connaître une volonté exprimée à tue-tête pendant vingt-cinq ans. Mais il arrive que le gouvernement se sent pressé d'aller contre cette volonté. Pressé par des gens que la conscription des autres n'enverra pas au feu.
Considérant les lâchages passés de nos politiciens, manche après manche, nous pouvons nous réjouir qu'ils hésitent, qu'ils sentent le besoin de demander notre consentement avant le coup final.
À l'encontre de promesses explicites de la part des plus hauts dignitaires de notre représentation, on nous a servi successivement, sans consultation populaire préalable :
La participation à une guerre européenne — L'enregistrement national — La métamorphose d'une participation modérée en une guerre de un, deux, trois milliards par année — La mobilisation obligatoire des jeunes pour service d'un mois, puis de quatre mois, puis indéfini — L'envoi de contingents volontaires en Angleterre, payés par le Canada — L'envoi de Canadiens à peine armés à Hong Kong — Le cadeau de 1,000 millions à l'Angleterre.
Tout cela sans plébiscite, sans référendum, avec le seul assentiment d'une députation qui doit voter en bloc comme le chef ou sortir du bercail.
Il reste ce que nous appelons le coup fatal. Fatal même pour les députés : ils sentent que s'ils vont outre, ils sont finis.
D'où le plébiscite.
Avant de passer le nœud coulant au cou de Baptiste, on a enfin la politesse de lui demander sa permission. On y prend des formes : Je ne promets pas de passer le nœud, mais permets-moi de le faire ; après, je verrai.
La formule du plébiscite peut être rédigée en termes complexes, mais elle revient à ceci :
"Me permettez-vous de renier mes engagements les plus solennels du passé et d'imposer la conscription pour service outremer lorsque je jugerai à propos ?"
La réponse ne peut être-que NON.
Abattre nous-mêmes la dernière barrière ? NON.
Cela ne se discute pas. C'est la volonté unanime de tous les Canadiens français de la province de Québec. Comme l'écrit M. Gérard Filion dans La Terre de Chez Nous, "nous trouvons odieux que les jeunes Canadiens soient forcés tous les vingt-cinq ans d'aller verser leur sang sur tous les continents sous le prétexte de défendre la civilisation."
Les créditistes qui, en plus, connaissent les véritables causes des guerres, et qui savent quelles puissances financières sont derrière le mouvement conscriptionniste, ont cent raisons de plus de manifester catégoriquement leur opposition. Que pas un électeur, pas une électrice dans votre famille, dans votre parenté, dans votre cercle d'amis, n'hésite une seconde. L'unique réponse à donner à la question du plébiscite, c'est NON.