Le 1er juillet 1942, le gouvernement anglais prenait possession des mines de houille, par l'intermédiaire de sa Commission du Charbon.
Les houillères avaient été expropriées, le gouvernement payant le prix de l'achat sur un terme de quinze années.
La Commission continue à percevoir les royautés. Ces royautés continuent d'aller au Trésor Britannique, comme au temps de l'industrie privée. Mais le Trésor Britannique passe le revenu de ces royautés à la Banque d'Angleterre dont il a emprunté pour payer les anciens propriétaires.
Au lieu de propriétaires privés qui bénéficient des mines, c'est le groupe privé anonyme de la Banque d'Angleterre qui en bénéficie.
La propriété des houillères représente une dette pour le gouvernement, et la dette est payée à des banquiers qui ont fait d'une goutte d'encre l'argent qu'il fallait pour chasser les premiers propriétaires de leurs possessions. Quant au public, qui paie le charbon un peu plus cher qu'auparavant, il doit supporter les charges réelles et financières de toutes ces manipulations.
C'est Montagu Norman, gouverneur de la Banque d'Angleterre, qui a dit : "La nationalisation ! Nous lui souhaitons la bienvenue." Voilà toujours bien une nationalisation qui n'a pas fait de mal à l'institution de Montagu Norman.
La nationalisation mène au socialisme d'État. Ceux qui crient fort pour la nationalisation de ci et de ça ne s'en rendent peut-être pas compte. C'est pour échapper à l'exploitation de monopoles privés, disent-ils. Ils ne voient pas que la situation impossible faite aux consommateurs dans à peu près tous les domaines économiques a justement pour but de les faire demander le socialisme d'État. Au lieu de remonter à la cause pour supprimer les effets, les nationalisateurs donnent dans le panneau : ils se basent sur les effets pour réclamer exactement la fin éloignée cherchée par la puissance qui commande la cause et jalonne la route.
Que le gouvernement achète la Beauharnois : au lieu de payer le tribut au trust de l'électricité, le peuple paiera le tribut aux banques.
Impossible d'échapper à la servitude tant que les banques resteront maîtresses de l'argent et du crédit. Évidemment si l'on commence, comme demandent les créditistes, par remettre au peuple le contrôle de son propre crédit, c'est à lui-même que le peuple paierait tribut s'il y avait tribut à payer.
Il y aurait bien aussi à considérer, au lieu de la nationalisation, la propriété corporative des grosses industries par ceux qui y collaborent, soit à titre d'employeurs soit à titre d'employés. Nous en avons parlé dans ce journal l'automne dernier. Mais là encore, il faut commencer par remettre au peuple le contrôle de son propre crédit.
Comme le Crédit Social est le prélude nécessaire à toute réforme qui ne liera pas davantage les membres de la société, ceux qui ne veulent pas commencer par le Crédit Social collaborent, sciemment ou non, avec les enchaîneurs d'hommes.