Nous tirons du journal « La Presse » du 13 octobre 2002, des extraits d'un article paru dans la rubrique « la lettre de la semaine ». L'auteur est Reynald Bergeron, professeur au cégep de Sorel-Tracy.
« Mes premières semaines de travail furent longues et pénibles à cause de la mode, cette « maudite » mode qui « oblige » les étudiantes à dévoiler le plus possible leur anatomie.
Cette année plus particulièrement, on dirait qu'une certaine compétition dans l'audace anime mes étudiantes : c'est à celle qui arriverait avec le jean à la taille la plus basse possible ; à celle qui afficherait le décolleté plongeant le plus loin possible.
La mode actuelle obstrue ma profession d'embûches que le commun des mortels nous envie mais qu'il ne peut évaluer vraiment. Je voudrais rappeler à mes étudiantes que, bien avant d'être professeur, je suis un homme....
Aujourd'hui, je suis gêné de m'asseoir avec une étudiante. Est-il possible à un gars de 20 ans de réussir ses études dans un tel environnement ?
Une école n'est pas un centre de conditionnement physique où prime le body, mais un centre de formation où devraient prévaloir les idées et le rayonnement intellectuel. Est-ce une des raisons qui en incitent plusieurs à préconiser le retour de l'uniforme dans les écoles publiques ?
Nous vivons à une époque où les plaintes pour harcèlement affluent, à une époque où les professeurs jugés trop exigeants sont victimes de plaintes souvent non fondées. Avec leur tenue vestimentaire ténue, mes étudiantes actuelles comprendront ma « froideur » inhabituelle et mon hésitation à les rencontrer seule à seul dans mon bureau. Leur habillement pouvant donner du poids à toutes calomnies qu'elles pourraient véhiculer à la suite d'une notation sévère ou de toute autre frustration que je pourrais leur faire subir, je vais mettre toutes les chances de mon côté pour préserver ce qui m'a pris si longtemps à construire : ma réputation. »