Deux créditistes de Granby, MM. Roland Corbeil et Léonard Arcouette, sont allés voir leur député pour lui demander, au nom de l'Union des Électeurs qui grossit à Granby, quelle, attitude il prendrait en Chambre vis-à-vis d'une motion créditiste, pour le dividende national (provincial).
M. Bullock déclare d'abord qu'il serait assez bien disposé en faveur d'une telle motion ; mais, ajoute-t-il, cela dépend qui la présenterait.
C'est-à-dire, n'est-ce pas, que si la motion était présentée par le cabinet Godbout, ou par un libéral en vue autorisé par le parti, M. Bullock voterait pour. Si elle était présentée par M. René Chaloult ou par un membre de l'Union Nationale, avec la permission inespérée de M. Duplessis, M. Bullock voterait contre.
La motion tire sans doute sa valeur de la couleur de son parrain.
Puis M. Bullock remarque que ce pourrait être une bonne chose, à condition que tout le Canada en soit. Pas pour la province de Québec toute seule : ce serait briser l'unité nationale, surtout en temps de guerre. Pensez donc : la province de Québec donner des dividendes à ses citoyens quand l'Ontario et les autres provinces n'en donnent qu'aux étrangers !
Si M. Bullock était à Ottawa, il dirait évidemment : Cela peut être bon, à la condition que tous les pays du monde en soient.
M. Bullock n'est pas abonné à Vers Demain. Au fait, il connaît probablement le Crédit Social comme un Montréalais connaît le Persan ou le Chinois. Et cela ne le tracasse pas gros. Le chemin qui conduit au Club Chartier, de la rue Elgin, ne lui serait-il pas plus familier que celui qui conduit au Crédit Social ?
Ajoutons que M. Bullock n'abuse pas de ses rencontres avec ses électeurs, pour leur demander d'exprimer leur volonté ou pour rendre compte de son mandat. Sait-il ce que cela signifie ? L'Union des Électeurs devra le lui apprendre.
"Les hommes les plus vite oubliés, quelque tapage qu'ils aient fait, et de quelque faste qu'ils aient ébloui leurs contemporains, ce sont les hommes d'argent. Le peuple n'aime pas, ne respecte pas qui ne sait pas servir. L'homme d'affaires, comme les autres, est tenu de servir le public. La justice sociale existe, et chacun contracte, envers son groupe culturel, une dette de justice proportionnée aux valeurs humaines qu'il en reçoit". — (Abbé L. Groulx).
"Nous avons été vaincus, non pas tant par la supériorité de nos rivaux que par notre anarchie intérieure. N'étant plus nous-mêmes, mais le peuple n'importe qui et n'importe quoi, la volonté de vaincre nous a manqué, sans doute, mais d'abord les raisons, la grande raison de vaincre et qui eût été la conscience, la conviction d'être Français et d'être enchaînés au devoir de le rester". — (Abbé Lionel Groulx).