Mgr Charles J. Chaput, ofm |
Il y a cinquante ans, les Etats-Unis, à 80% chrétiens, ont adopté aveuglement la politique de la séparation de l’Église et de l’État en même temps que le lancement de la Révolution Tranquille au Québec.
L’épiscopat américain souffre de plus en plus de l’empiètement de l’État sur les droits de l’Église en matière de liberté. Actuellement, un réveil s’élève au sein des évêques des Etats-Unis contre la politique d’une séparation drastique entre l’Église et l’État. L’archevêque Charles J. Chaput, ofm. cap, évêque de Denver, Colorado, est en tête du combat avec l’appui de dizaines d’évêques dont le Cardinal Francis George, archevêque de Chicago et président de la conférence des évêques des Etats-Unis, l’archevêque de New-York, Timothy Dolan, l’archevêque de Los Angeles, José H. Gomez et quelques autres.
Aux Etats-Unis, comme au Canada, l’acharnement contre l’Église catholique s’accentue considérablement. Le dénigrement anticlérical lancé en Amérique du Nord depuis 1960, les nombreuses critiques contre les œuvres de l’Église ont pour but de contrecarrer l’influence de l’Église sur la place publique.
Le 24 août 2010, à Spisske Podhradie, en Slovaquie, Mgr Chaput a donné une conférence sous le titre «Vivre dans la vérité», à l’association des chercheurs en droit canonique de Slovaquie et à la Conférence des évêques de ce pays. C’est un appel à la résistance contre la vague du relativisme.
Nous nous contenterons, en y intercalant des commentaires, de citer quelques paragraphes parlant sur le relativisme. Nous avons tiré des passages de la traduction des extraits du texte anglais de cette communication, extraits publiés par le vaticaniste Sandro Magister, Source: http://chiesa.espresso.repubblica.it/:
“Deux des plus gros mensonges dans le monde actuel sont, en premier lieu, que le christianisme a été d’une importance relativement mineure dans le développement de l’Occident et, en second lieu, que les valeurs et les institutions occidentales peuvent perdurer sans être enracinées dans les principes moraux chrétiens.
“On minimise parfois le passé chrétien de l’Occident avec les meilleures intentions du monde, parce que l’on désire favoriser une coexistence pacifique au sein d’une société pluraliste. Mais on le fait plus souvent pour marginaliser les chrétiens et pour neutraliser le témoignage public de l’Église.
“L’Église doit révéler et combattre ce mensonge. Être Européen ou Américain c’est être l’héritier d’une profonde synthèse chrétienne de l’art et de la philosophie grecs, du droit romain et de la vérité biblique. Cette synthèse a donné naissance à l’humanisme chrétien qui soutient toute la société occidentale.” — Mgr Chaput
C’est le christianisme qui a civilisé l’Europe et l’Amérique. L’Europe chrétienne a été façonnée par les Moines. Aujourd’hui, on déforme l’histoire des pays chrétiens. Dans les écoles et universités du Québec on enseigne que les fondateurs de notre pays et les missionnaires sont venus exploiter les autochtones et leur voler le pays, alors qu’ils sont venus implanter le christianisme.
Aux Etats-Unis, comme au Canada, de nombreuses communautés religieuses ont contribué à bâtir une civilisation pacifique en y convertissant les autochtones qui s’entredéchiraient entre tribus. Les hommes indigènes maltraitaient les femmes et l’infanticide était fréquent. Les missionnaires ont fondé des hôpitaux, des orphelinats pour les enfants abandonnés, des pensionnats et des écoles parmi les peuplades indiennes. Ces grandes charités et l’enseignement du catholicisme ont conquis les cœurs endurcis et les mœurs se sont adoucies. Les indigènes se sont convertis. L’homme a cessé de pratiquer la polygamie pour s’attacher à son épouse qu’il a appris à respecter et l’enfant a été accepté comme un don de Dieu. Le catholicisme a civilisé les peuples barbares.
“Nos sociétés, en Occident, dit Mgr Chaput, sont chrétiennes de naissance et leur survie dépend de la pérennité des valeurs chrétiennes. Nos principes fondamentaux et nos institutions politiques sont fondés, dans une large mesure, sur la morale de l’Évangile et sur la conception chrétienne de l’homme et du gouvernement. Nous parlons ici non seulement de la théologie chrétienne ou des idées religieuses, mais des bases de nos sociétés: le gouvernement représentatif et la séparation des pouvoirs; la liberté de religion et de conscience; et ce qui est le plus important, la dignité de l’être humain.”
Le peuple canadien-français a survécu grâce à l’influence bienfaisante de l’Église. Par le miracle du berceau et en respectant les lois saintes du mariage, il s’est multiplié et croissait en âge et en sagesse. La Constitution canadienne de 1867 qui est demeurée intacte pendant un siècle, avant qu’elle subisse des modifications par des influences maçonniques, portait les empreintes du christianisme. Les droits de la famille et de l’Église étaient respectés. Le christianisme était protégé et pouvait s’épanouir librement. Il en était ainsi aux Etats-Unis. Aujourd’hui on se moque de la famille nombreuse, stable et unie d’autrefois. Les gouvernements fragilisent la cellule familiale en légiférant contre elle. Il en résulte une forte dénatalité.
“…l’indifférence envers notre passé chrétien, dit encore Mgr Chaput, contribue à l’indifférence envers la défense de nos valeurs et de nos institutions à l’heure actuelle. Ce qui me conduit au second gros mensonge avec lequel nous vivons aujourd’hui: celui selon lequel il n’existe pas de vérité immuable.
“Le relativisme est aujourd’hui la religion civile et la philosophie publique de l’Occident. Là encore, les arguments en faveur de ce point de vue peuvent sembler convaincants. Étant donné le pluralisme du monde moderne, il peut paraître raisonnable que la société veuille affirmer qu’aucun individu, aucun groupe, n’a le monopole de la vérité; que ce qu’une personne considère comme bon et désirable peut ne pas l’être pour quelqu’un d’autre; et que toutes les cultures et toutes les religions doivent être respectées comme étant d’une valeur égale.
“Dans la pratique, toutefois, nous constatons que, s’il n’y a pas une croyance en des principes moraux et des vérités transcendantes qui soient permanents, nos institutions et notre langage politiques deviennent des instruments au service d’une nouvelle barbarie. Au nom de la tolérance ous en arrivons à tolérer la plus cruelle des intolérances; le respect des autres cultures en arrive à nous imposer le mépris pour la nôtre; l’enseignement du «vivre et laisser vivre” justifie que les forts vivent au détriment des faibles.”
C’est au nom de la tolérance, au nom du pluralisme, que le gouvernement du Québec a imposé le laïcisme scolaire à toutes les écoles privées et publiques, en rendant obligatoire un Cours d’Éthique et de Culture religieuse embrassant toutes les religions païennes. Et la religion catholique est noyée dans ce fouillis. Au nom du pluralisme, on nous demande de sacrifier notre foi au profit des musulmans, des hindous et des bouddhistes. Nous devons combattre pour sauvegarder l’héritage chrétien qui nous a été légué.
Il est même question en Belgique, un pays majoritairement catholique, de transformer les églises catholiques en mosquées ou pour d’autres usages destinés à des mouvements philosophiques. Paul Furlan, ministre du gouvernement de la région belge de Wallonie, propose même qu’il y ait une église pour chaque pays et non une église pour chaque paroisse, une église ouverte à tous les cultes. Tout cela au nom du pluralisme, au nom de la tolérance. C’est un assaut infernal contre l’Église catholique fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il est temps de s’ouvrir les yeux. Les catholiques doivent se convertir.
Mgr Chaput mentionne que Richard Weaver, un philosophe américain, spécialiste des questions sociales, écrivait:
“«Je suis absolument convaincu que le relativisme finira par aboutir à un régime de force». Il avait raison. Il y a une sorte de «logique interne» qui conduit le relativisme à la répression. C’est ce qui explique le paradoxe des sociétés occidentales qui peuvent prêcher la tolérance et le respect des diversités tout en sapant de manière agressive et en pénalisant la vie catholique. [...]
“Les croyances catholiques qui irritent le plus profondément les orthodoxies de l’Occident sont celles qui concernent l’avortement, la sexualité, et le mariage d’un homme et d’une femme. Ce n’est pas un hasard. Ces croyances chrétiennes expriment la vérité à propos de la fertilité, de la signification et de la destinée de l’homme.
“Ces vérités sont subversives dans un monde qui voudrait nous faire croire que Dieu n’est pas nécessaire et que la vie humaine n’a pas de nature ou de but intrinsèques. L’Église doit donc être punie parce que, en dépit de tous les péchés et de toutes les faiblesses des gens qui la composent, elle est encore l’épouse de Jésus-Christ; elle est encore une source de beauté, de sens et d’espoir qui refuse de mourir; elle est encore la plus irrésistible et la plus dangereuse hérétique du nouvel ordre du monde. [...]”
“À toutes les époques, ajoute Mgr Chaput, l’Église est tentée d’essayer de s’entendre avec César. Et il est très vrai que l’Écriture nous dit de respecter ceux qui nous gouvernent et de prier pour eux. Nous devons avoir un grand amour pour le pays que nous appelons notre patrie. Mais nous ne pouvons jamais rendre à César ce qui est à Dieu. En premier lieu, nous devons obéir à Dieu; les obligations vis-à-vis du pouvoir politique viennent toujours en deuxième position. [...]
“Nous vivons à une époque où l’Église est appelée à être une communauté croyante de résistance. Nous devons appeler les choses par leur nom. Nous devons combattre les maux que nous voyons. Et, point très important, nous ne devons pas nous bercer de l’illusion selon laquelle, en nous associant aux voix du laïcisme et de la déchristianisation, nous pourrions d’une façon quelconque adoucir ou changer les choses. Seule la vérité peut rendre les hommes libres. Nous devons être des apôtres de Jésus-Christ et de la Vérité qu’il incarne.”
Soyons donc des soldats du Christ sur la place publique en proclamant la vérité. Seule une éducation catholique par l’enseignement du catéchisme, seule une évangélisation profonde, peut sortir les catholiques de leur tiédeur et créer une meilleure société où la loi de Dieu sera respectée dans la vie privée et sur la place publique.