Connaissez-vous des journaux — et de bons journaux, ma foi — qui consacrent de temps en temps une demi-colonne, une colonne à recommander l'achat chez nous, l'achat de produits canadiens dans des magasins tenus par des Canadiens ? Avec raison, ils demandent d'encourager les nôtres.
Mais ces mêmes journaux vous étaleront sous les yeux, une page, deux pages, quatre pleines pages pour annoncer l'ouverture ou le développement d'un établissement de la maison Kresge, ou de quelque autre compagnie de magasins chaîniers.
Article raisonné dans le premier cas. Annonce payée dans le second, dira-t-on en matière d'excuse ou d'explication.
Justement. Ce qui veut dire que la caisse commande beaucoup plus de place que la tête, même dans des journaux recommandables.
Il est difficile de savoir si les articles en faveur de l'achat chez les nôtres exercent un effet psychologique appréciable sur le lecteur. Mais il ne fait aucun doute que les pleines pages d'annonces des magasins à chaînes produisent des résultats : autrement, les hommes d'affaires qui dirigent ces maisons ne continueraient certainement pas leur publicité.
Pendant qu'une main construit, l'autre démolit ; et la seconde y va plus vigoureusement que la première, parce qu'elle est mue par l'argent.