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La reconquête

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 15 mai 1943. Dans La politique

Je m'adresse à tous les Canadiens français, les héritiers légitimes de la Nouvelle-France.

Je m'adresse à eux, et je leur demande : Com­bien de pouces carrés du sol de la Nouvelle-France possédez-vous en propre, à vous, et qui ne porte aucune charge d'hypothèque ni de dette publique ?

Quelle partie de votre héritage est encore à vous ? Que vous reste-t-il du domaine que vos pères vous ont légué, et que vous avez agrandi par votre travail ?

Canadiens français, répondez.

* * *

Plus rien. Plus rien ne t'appartient à toi le fils des pionniers, des défricheurs et des premiers colons.

Mais, que s'est-il donc passé qui ait ainsi en­glouti tout ton avoir ?

Tu le sais bien, ce sont les financiers qui ont tout rongé.

En face de ta richesse anéantie, tu restes seul et dénué, Canadien français.

Tu es seul, mais tu es encore là.

Toi, toi-même, c'est plus, mille fois plus que toute la richesse que tu as perdue.

Toi, avec de l'intelligence et une volonté, tu peux repreudre ce qu'on t'a volé.

Tu n'as pas encore dit ton dernier mot. Que feras-tu ? Que décideras-tu ?

Es-tu prêt à te lancer à la reconquête de la Nouvelle-France ?

* * *

La reconquête, comment la feras-tu ?

Considère un tout petit coin de la Nouvelle-France, ce rang de campagne où tu vis, cette rue de ville que tu habites. Regarde cette part de ton domaine, et dis-toi que tu la reprendras.

Et fais-toi Voltigeur du Crédit Social. L'orga­nisation Créditiste mettra en mains tout ce qu'il faut pour que tu deviennes le maître de ce coin du pays que tu as choisi.

Elle te dira : Conquiers d'abord les esprits. Porte-leur la lumière avec la brochure de l'Île du Salut. Engage-les à s'instruire régulièrement en les abonnant à VERS DEMAIN. Puis, gagne leur volonté. Fais-en des apôtres comme toi. Tu te montes ainsi un peloton de braves qui lutte­ront à tes côtés pour la reconquête.

À mesure que tu auras planté le Crédit Social dans les têtes et les cœurs, tu verras ton œuvre se bâtir, et tu entreverras le moyen de redonner à tout un peuple l'héritage volé.

L'Union des Électeurs, c'est toi qui la fonderas et la tiendras debout, vivante et exprimant sa volonté aux autorités.

Voltigeur, tu seras le roi dans ce coin de ville ou de campagne que tu auras gagné au Crédit Social.

Voltigeur, c'est ainsi que toi, le pauvre, sans argent, sans nom, sans appui, c'est ainsi que tu reviendras souverain d'une partie de ton pays, c'est ainsi que tu seras maître chez toi, en Nouvelle-France.

Gilberte Côté-Mercier

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