Pendant longtemps, ceux qui contrôlaient les affaires nationales, appuyés par des économistes et des financiers, nous assurèrent qu'il n'y avait pas de quoi se tracasser. Nous étions simplement visités par une crise économique due à différentes causes, y compris les taches solaires et les mauvais penchants du peuple en général. Tout ce que nous avions à faire était d'attendre que la tempête passe toute seule et nous retrouverions la prospérité souriant au coin de la rue.
Et quels étaient les faits centraux de la situation ? D'une part, la vaste majorité du peuple dans le besoin ; de l'autre, des ressources matérielles et industrielles capables de produire en abondance, des ouvriers s'offrant à l'industrie mais incapables d'obtenir un emploi, des producteurs compétents désireux de fournir les produits demandés par la population mais incapables d'écouler même leur production restreinte.
L'existence de la pauvreté dans de telles conditions aurait dû faire comprendre à toute personne d'intelligence même élémentaire qu'un vaste marché non satisfait existait pour la production, mais que la production comme la consommation étaient étouffées par le manque de pouvoir d'achat. Il n'y avait ni problème de production, ni problème de transport, mais seulement un problème de pouvoir d'achat
Pourtant — fait significatif qu'il ne faut pas perdre de vue — malgré l'évidence des conditions, malgré la demande croissante d'une réforme monétaire, le système monétaire demeura intact. Il se fit même une propagande laborieuse pour essayer de prouver à tous que, quels que fussent les responsables du désordre et de la détérioration affreuse entraînée, ce n'était pas le système monétaire.
Or, dans les affaires humaines, les choses n'arrivent pas par simple hasard. Les événements humains sont le résultat d'actes posés par des individus, hommes ou femmes.
Lorsque l'on constate que sans aucune cause naturelle et en dépit des souffrances imposées à des millions d'êtres humains, les mêmes conditions prévalaient au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en France, en Australie — dans tous les pays du monde occidental — il n'y a plus moyen de douter de l'existence d'une puissance qui poursuit consciemment une politique uniforme partout où elle étend ses tentacules.
Cette politique, ou plus précisément cet objectif,, est facile à exprimer. Il consiste à vouloir dépouiller l'individu de sa sécurité économique, le soumettre et le dominer au moyen d'instruments financiers, tels que les dettes, les taxes, les prix non contrôlés par lui et l'incertitude perpétuelle du lendemain ; en même temps, centraliser et consolider le système financier et, par son intermédiaire, contrôler tous les aspects de la vie économique.
En résumé, la ligne de conduite est tracée pour asservir progressivement des populations entières à une domination financière centralisée. Et les seuls individus capables d'imposer une telle ligne de conduite sont ceux qui contrôlent les systèmes monétaires des pays concernés.
Ce contrôle, à la fin de la dernière guerre, était centralisé sur une échelle internationale entre les mains d'un groupe de maisons financières internationales. Les hommes à la direction de ces maisons portent, pour la plupart, des noms à résonance ni française ni anglaise, tels : Kahn, Warburg, Schiff, Schuster, Rothschild.
Quelle fin cherchent donc ces puissances d'argent internationales ? Évidemment, la sujétion complète de tous les peuples à une dictature financière internationale. Leur but est un État universel esclave.
Cependant, aucun groupe ne peut obtenir la domination complète du monde sans disposer de certains obstacles. Par exemple, tant que les nations conservent leur pouvoir souverain, soutenu par la force armée pour assurer la mise en vigueur de "la volonté du peuple", la position de tout pouvoir international usurpé — financier ou autre — demeure très précaire.
Le plus grand obstacle en face des puissances monétaires internationales, c'est le droit pour le peuple de voir à ses affaires, d'exprimer sa volonté et de choisir ou révoquer ses gérants ; c'est donc l'existence de régimes démocratiques. C'est pourquoi on pouvait s'attendre à ce que ces puissances prennent les moyens de saper la force des pays démocratiques, de faire discréditer la démocratie et le nationalisme, de rendre la souveraineté inefficace, avec le dessein ultime d'amener la destruction de toutes ces choses. Et c'est ce qui a eu lieu.
On s'est appliqué pendant des années à réduire la démocratie à un simple système social dans lequel le peuple a le droit de voter pour un parti de préférence à un autre, ou pour tels politiciens de carrière de préférence à tels autres, mais toujours avec le même résultat : le peuple se voyant invariablement imposer des conditions qu'il ne veut pas.
Sous une démocratie fonctionnant véritablement, le peuple obtiendrait les résultats qu'il attend de la gestion de ses affaires. Mais, sous la pseudo-démocratie qui a étendu sa main sur nous, le peuple a toujours obtenu l'exact opposé de ce qu'il cherchait. Au lieu du maximum de sécurité économique et de liberté, il est devenu victime du maximum d'insécurité et se voit ravir de plus en plus sa liberté.
En d'autres termes, au lieu de goûter la démocratie, on est assujetti à une véritable dictature portant un masque de démocratie : technique employée à dessein pour discréditer tout gouvernement démocratique. La chose est extrêmement simple, et il semble inconcevable que les chefs à qui ont été confiées les destinées des peuples britanniques n'ont pas compris ce qui se passait.
Parlons ici de l'apparition d'une autre menace sur la scène du monde d'avant-guerre : la chose appelée totalitarisme — qui n'est, en réalité, que la dictature ouverte basée sur la force, au lieu de la dictature financière cachée basée sur la déception et improprement appelée démôcratie.
Le premier régime totalitaire fut celui des Bolchévistes de Russie, introduit sous la surveillance directe des puissances d'argent internationales, avec l'aide de l'Allemagne alors impérialiste.
Puis vint la révolution fasciste d'Italie, conduite par un homme alors rédacteur d'un journal socialiste.
Quelque temps plus tard, un ex-caporal de l'armée allemande faisait ses débuts, avec son culte du socialisme-national — nouvelle version du vieux thème de Deutschland Uber Alles. Suivit la révolution nazie et le déclanchement de forces qui ont étendu la tyrannie et la désolation de tous côtés.
Le premier point à remarquer, c'est que, dans les conditions où ils évoluaient, ni Lénine et Trotsky, ni Mussolini ou Hitler, ni leurs adeptes respectifs, n'auraient jamais pu réussir à s'emparer du pouvoir sans l'appui de puissants intérêts. Au moins dans le cas de Lénine, de Trotsky et de Hitler, nous avons des preuves que cette assistance leur fut procurée par les puissances d'argent internationales, soit directement, soit par des canaux qu'elles contrôlaient.
Le second point à remarquer, c'est que ces dictatures — bolchévique, fasciste, nazie — ne furent pas lentes à se monter de formidables machines de guerre. Elles ne trouvèrent aucune difficulté à se procurer tous les crédits internationaux nécessaires à cette fin. Elles mirent de côté les obstacles finantiers — opération qui n'aurait pu se faire sans la permission et l'aide active des puissances monétaires internationales.
Pendant ce temps-là, en Angleterre, en France, aux États-Unis et dans les autres pays démocratiques, des parlements complaisants et des gouvernements harassés ne pouvaient obtenir d'argent pour nourrir et vêtir décemment leurs populations, encore moins financer des mesures de défense nationale adéquates pour faire face à la menace des machines de guerre totalitaires.
Cet état de choses ne pouvait être imposé que par le pouvoir occulte et international de l'argent. Cette puissance financière étrangère armait délibérément les nations totalitaires et maintenait les démocraties désarmées et incapables, accroupies dans une dépression artificiellement créée.
Ainsi préparait-on la scène pour l'extermination de démocraties discréditées.
Avec l'ouverture d'hostilités dans lesquelles les nations démocratiques se sont vues forcées, le dos au mur, de combattre pour leur propre existence, une campagne bien organisée a été lancée pour promouvoir un plan qui dépouillerait chaque nation de tout pouvoir souverain effectif, en concentrant le contrôle des finances, les droits de citoyenneté et les forces armées entre les mains d'une autorité internationale.
La finance internationale atteindrait ainsi d'un coup son objectif — l'élimination de toute démocratie et l'établissement d'une dictature dans laquelle tout pouvoir effectif, y compris la police et l'armée, serait centralisé sous une autorité internationale dominée par la finance.
Telle est la nature du plan "Union Now", de cette fédération habilement annoncée comme un but de guerre désirable pour l'Angleterre et l'Empire britannique soutenus par les États-Unis. De nombreux témoignages indiquent que les forces contrôlées par les puissances d'argent internationales sont bien déterminées à façonner le moule du monde d'après-guerre. C'est ce qu'elles appellent leur Ordre Nouveau.
Par une coïncidence étrange, les Allemands ont un plan analogue pour la subjugation de l'Europe à la domination de Berlin. La seule différence, c'est que les propositions de "Union Now", de Clarence Streit, Warburg & Cie, sont basées sur l'étalon-or, tandis que celles des Nazis sont basées sur l'étalon-acier.
Voilà donc, Mesdames et Messieurs, le choix qu'on veut nous offrir — la tyrannie sous une dictature financière étrangère ou la soumission à une clique de tyrans militaires.
Par l'action seulement, une action concertée et organisée, pourrons-nous éviter le désastre vers lequel on nous précipite.
L. D. BYRNE
(Extraits d'un discours prononcé à Winnipeg le 27 octobre 1941. M. Byrne est l'aviseur technique du gouvernement créditiste d'Alberta).