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La politique – Fin de session

Louis Even le mardi, 01 avril 1941. Dans La politique

La session de Québec tire à sa fin.

Un financier pourrait demander : Combien a-t-elle coûté ? Prendre une feuille de papier, faire des multiplications : $2,500 multiplié par 86 ; plus X multiplié par Y, etc.

Cela ne nous intéresse plus. Les milliards font pâlir les millions.

Une question touche tout le monde de plus près : Qu'en est-il sorti de bon ? Quelle amélioration ce rude labeur de nos dévoués députés a-t-il apportée à la mère de famille, au jeune homme qui affronte la vie, au cultivateur, au colon, à l'ouvrier, au journalier ?

Si c'étaient les paroles qui comptent, en nous reportant au discours du Trône, on conclurait que cette session a produit :

La collaboration avec le fédéral dans une célèbre conférence interprovinciale ;

L'augmentation du bien-être social placé au premier plan ;

L'inauguration d'un enseignement pratique qui vaudra à notre jeunesse l'accès à une place importante dans la vie économique ;

Le redressement de la situation financière inquiétante de plusieurs commissions scolaires ;

L'amélioration de l'agriculture par la betterave, le lin, le cidre et le drainage ; la révision des lois concernant la colonisation.

La force motrice généralisée au service des colons ;

Une route de premier ordre pour les chers touristes qui viennent des États-Unis ;

Des emplois nouveaux pour nos ouvriers dans la forêt ;

Des modifications à la loi des cités et au code municipal ;

Des amendements à la loi des liqueurs.

★ ★ ★

Tout ça, c'est le discours du Trône, au commencement de la session. C'était, peut-on dire, le plan du gouvernement.

Pour les réalisations, il n'y a qu'à commencer par un bout quelconque, le bout de la conférence interprovinciale ou le bout de la boisson, finir par le bout opposé, et, en cours de route, chaque intéressé examine le résultat dans son secteur particulier.

Le colon de Rivière Calamité, par exemple, ou celui de St-Juste du Témiscouata, ou celui de Joly, peut regarder autour de lui, chez lui, et voir la force motrice en train de défricher son lot.

Les jeunes qui sont sans emploi, même avec un cours commercial ou un baccalauréat, vont s'empresser de retourner sur les bancs de l'école où l'on va enfin leur faire acquérir un passe-partout.

Les commissions scolaires sans revenu n'ont plus qu'à ouvrir leur caisse pour constater le niveau augmenté.

Et le bien-être social passé au premier plan : nous en bénéficions tous, n'est-ce pas ?

★ ★ ★

Très occupé cet hiver à préparer la grande offensive pour la libération économique de notre province, nous n'avons pas suivi par le menu les tours de force et de grâce exécutés dans notre parlement provincial. Tout de même nous avons cru constater la naissance de trois lois dont personne ne niera l'utilité. Il nous est très agréable d'en féliciter la députation :

1. La protection contre certaines maladies qui font beaucoup de ravages, nous dit-on, dans un monde où les conditions économiques ont rendu le mariage une aventure risquée ;

2. Le drainage en grand des terres mal égouttées — il y a assez longtemps qu'on draine les poches des contribuables, l'autre drainage sera certainement mieux vu ;

3. La protection des moutons contre les chiens, ou mieux le rendement posthume des moutons étranglés par les chiens. Comme quoi les moutons qui portent de la laine jouissent maintenant d'une certaine assurance-vie sociale. Quant aux autres moutons... les banquiers, n'étant pas des chiens, pourront continuer leurs déprédations sans être molestés.

Et maintenant, lecteurs électeurs, lorsque votre député provincial va revenir parmi les siens, la sueur au front et la poche pas trop vide, n'oubliez pas d'aller lui tirer votre révérence. Il l'a méritée.

Louis EVEN

Louis Even

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