Nos lecteurs comprennent de mieux en mieux que la politique de demain ne doit plus être une politique de division, mais une politique de coopération.
La politique de partis en est une de division. C'est la lutte pour le pouvoir et les faveurs.
La politique de clans, de partis, est condamnée à priori par les esprits qui comprennent le véritable sens de la démocratie. La démocratie, la puissance du peuple est incompatible avec la division des forces du peuple.
D'ailleurs, les faits sont là pour démontrer, par les résultats, à quelle puissance du peuple mène la politique de clans. Les puissances d'argent dominent partout et font la pluie et le beau temps. Les fils des défricheurs du pays sont devenus les serviteurs des trustards, de la cour des puissances d'argent.
On comprend assez, dans d'autres domaines, que la division affaiblit et que l'union fortifie. Pourquoi ne l'admettrait-on pas dans la politique, dans la grande politique ?
Voici cent ans que les coopératives privées ont fait leur apparition. On sait en quoi elles consistent. Des gens qui se reconnaissent un intérêt commun ou des intérêts communs se rassemblent, étudient leur cas, déterminent un objectif et nomment un conseil de direction et un gérant pour voir à la réalisation de cet objectif.
Il faut tout cela. Supprimez l'intérêt commun, vous ne pouvez grouper des intéressés. Une coopérative d'engrais chimiques ne dit rien à des forgerons ou à des bijoutiers. Une coopérative de distribution de lait ne peut intéresser des bûcherons qui passent les quatre saisons à 80 milles de la civilisation et des fermes. Il faut un intérêt commun et ceux-là seuls entrent dans la coopérative qui poursuivent le même objectif.
Il faut aussi le groupement. Des gens qui ont des intérêts communs, mais restent sans liaison les uns avec les autres, n'entrent pas en coopération. On en a eu, et on en a encore, des exemples tout le long de l'histoire et tout le long de la vie courante. Est-ce que tous les cultivateurs n'ont pas des intérêts communs ? Pourtant, que de difficultés à grouper les cultivateurs en une grande union pour la protection de ces intérêts communs ? De même pour les métiers, les professions.
Le libéralisme économique, en introduisant la loi des loups, a détruit l'esprit de groupement autour d'objectifs communs répondant à des intérêts communs. On a bien quelques groupements de griffes, ceux des trustards, tout comme on a des bandes de loups partant ensemble à la chasse dans les grandes occasions. Cela dure d'ailleurs le temps qu'il y a quelque chose à rafler.
Pour une coopérative, il faut aussi l'étude. Autrement, comment en arriver à discerner les intérêts communs des intérêts privés ? Comment en arriver à inculquer les principes de coopération qui doivent primer sur les égoïsmes individuels ? Comment en arriver à unifier les esprits vers la poursuite d'objectifs communs ?
Puis, après le groupement, après l'étude, après la lumière faite sur les objectifs, après la détermination des volontés, il reste l'exécution. Les coopérateurs élisent un conseil de direction pour surveiller l'exécution du programme, et l'exécution est confiée à un gérant payé pour faire l'ouvrage.
Tant que les coopérateurs continuent d'étudier et de suivre leur affaire de près, ça marche, ils se font servir. Le jour où ils laissent leur coopérative aller à la dérive, au gré de quelques-uns, ce sont ces quelques-uns qui s'en occupent seuls ; et plus la coopérative devient l'affaire de quelques-uns, plus elle se transforme en clan pour la poursuite des intérêts plus restreints de ces quelques-uns.
S'il existe des intérêts communs à des groupes et qu'il convient à ces groupes de surveiller, il existe aussi des intérêts communs à toute une province, à toute une nation, et qu'il appartient à tous les citoyens de la province, à tous les citoyens de la nation de surveiller.
Comment les citoyens peuvent-ils surveiller leurs grands intérêts communs, s'ils s'ignorent les uns les autres ou s'ils se divisent en camps adverses, au lieu de se grouper et d'étudier ensemble leurs problèmes communs ?
Prenons l'exemple de l'argent. Si les engrais chimiques n'intéressent qu'une partie de la communauté, si les produits d'une catégorie touchent surtout une section de consommateurs, l'argent, lui, tient de près et de très près aux intérêts de tout le monde, depuis la famille qui végète dans un taudis jusqu'au gouvernement qui se tourmente pour trouver des piastres où il y a à peine des gros sous.
On a bien des coopératives pour l'usage de l'argent, du peu d'argent qui atteint le public. Coopératives d'achat, coopératives de crédit ou caisses populaires. Mais on n'en a pas pour augmenter l'argent lorsqu'il ne manque que de l'argent.
Ou plutôt, selon la remarque que nous fait un colon de La Corne, on a abandonné la réglementation du volume de l'argent à une coopérative privée, celle des fabricants de dettes. À une bande de loups, organisée pour saigner le public et s'emparer du pays.
Les créditistes ont compris que la création de l'argent doit relever de la communauté elle-même, parce que le volume de l'argent par rapport aux produits affecte le niveau de vie de tous, parce que la présence ou l'absence d'argent permet ou interdit l'accès aux produits.
Les créditistes ont compris qu'un problème qui intéresse toute la communauté doit être pris en main par la communauté elle-même, non pas par des clans.
Les créditistes ont compris que la démocratie, pour fonctionner au bénéfice de tous, doit opérer selon les principes essentiellement démocratiques en honneur dans les coopératives. Les coopérateurs s'entendent sur l'objectif, le gérant voit à l'exécution.
Il n'appartient pas aux coopérateurs de discuter les méthodes d'exécution, pas plus qu'au gérant d'imposer le programme. C'est renverser les rôles.
Parce que les créditistes comprennent tout cela, ils travaillent activement, non pas à former un nouveau clan politique, un nouveau parti, mais à unir tous les citoyens dans une grande coopérative politique pour se faire servir.
Lorsque les citoyens seront entrés dans cette grande coopérative politique, ils se choisiront un véritable conseil de direction (Parlement) pour surveiller l'exécution, et le gérant (gouvernement) n'aura qu'à prendre les moyens pour l'exécution. Au gérant, ils seront en mesure de dire : Fais-nous de l'argent.
Ce qu'ils feront dans le secteur de l'argent, les citoyens organisés en une grande coopérative politique seront en mesure de le répéter dans tout ce qui touche à l'intérêt commun, à la prospérité du pays, au bien commun.
Avant de choisir un gérant pour servir, il faut d'abord grouper et organiser ceux qui veulent se faire servir. C'est pour cela que les créditistes, actuellement, ne se préoccupent pas de qui sera premier-ministre, qui fera partie du cabinet sous un régime créditiste. Le problème de l'heure, c'est de former la coopérative et pousser les coopérateurs à étudier leurs problèmes pour s'entendre sur l'objectif. Le choix du conseil de direction et du gérant viendra après.
Et la formation de la grande coopérative politique est commencée. Les coopérateurs des quatre coins de la province ne peuvent pas se grouper dans un lieu pour entendre un instructeur. L'instructeur va à eux, dans leurs maisons.
Les 16,000 familles abonnées à VERS DEMAIN reçoivent deux fois par mois la visite du journal qui apporte lumière, instructions, directives, et donne les nouvelles du mouvement.
Le journal est l'organe de liaison entre les membres de la grande coopérative politique.
Et il y a aussi un organisme de recrutement pour enrôler les familles en nombre toujours croissant dans la grande coopérative politique de la province. Cet organisme est l'Institut d'Action Politique.
Les abonnés à VERS DEMAIN sont les organisés ; les membres de l'Institut sont les organisateurs.
Les organisateurs sont actifs et mus par l'idéal commun. Parce qu'ils sont mus par l'idéal commun, ils ne cherchent et ne reçoivent aucune rémunération ; leurs activités n'en sont que plus intenses : un idéal est moins borné qu'un salaire.
2,000 organisateurs et plus de 16,000 familles organisées à date. Ce n'est que le commencement. Toutes les familles sont appelées à se joindre à la grande coopérative politique pour se faire servir dans la politique, au même titre que des coopérateurs privés se font servir dans des secteurs privés.
Voilà ce qui doit remplacer les partis politiques pour nous donner service et liberté.
L'Institut d'Action Politique, à base d'apostolat, va prendre la place des clubs de couleur à base de récompenses en argent et en "jobs".
Un peuple de lecteurs, d'étudiants de la chose publique, comprenant l'union et la coopération, va remplacer un peuple tenu dans l'ignorance et la division, perpétuellement trompé et exploité.
Il y a donc une autre alternative que la dictature au régime de partis qui n'a pas donné au public ce que le public veut avoir. Cette alternative, c'est une coopérative politique de tous les citoyens, leur union intelligente dans la poursuite d'intérêts communs.
Telle est la démocratie entrevue pour demain. Hâtons-nous de l'établir et de donner un exemple au monde, avant que les puissances occultes et internationales, profitant d'événements qu'elles orientent et du contrôle de l'argent qu'elles ont usurpé, ne nous englobent sous le sceptre d'un gouvernement central d'autant plus anonyme et irresponsable qu'il sera plus éloigné des administrés.
"La question sociale est essentiellement la recherche d’une organisation sociale correspondant aux conditions modernes de la production, de la même manière que l’organisation sociale du moyen-âge répondait à la simplicité des conditions dans lesquelles se trouvait alors la production dans les villes et les campagnes.’’ — (Chanoine Hitze).