"LA CONSCRIPTION EST ADOPTEE". Tel était le titre général dans les journaux du 8 juillet.
En effet, le 7 juillet 1942, à dix heures et cinquante minutes du soir, le parlement canadien votait l'abolition de la dernière restriction à la conscription des Canadiens pour aller se battre n'importe où sur la surface de la planète.
Pour l'histoire des partis politiques, il faut ajouter que, cette fois-ci la conscription a été passée sous un gouvernement libéral. Que les libéraux avalent donc la pilule qu'ils ont tant pris plaisir à servir aux conservateurs.
La province de Québec a fini d'entendre les orateurs libéraux venir répéter les tirades des vingt dernières années.
Après le vote québecois au plébiscite du 27 avril, on peut voir de quel poids compte la volonté pourtant bien exprimée des Canadiens français dans la conduite de la confédération.
Si, au lieu d'accrocher leur sort à des partis politiques, les Canadiens français s'étaient unis et avaient pris leur affaire en mains, les choses pourraient être différentes aujourd'hui. Quelle consolation trouvent-ils maintenant à se rappeler les beaux discours qu'ils ont tant applaudis ? Qu'est-ce que tout cela leur a laissé en fait d'organisation pour faire valoir leur volonté aujourd'hui ?
Lorsqu'on croise les bras, ou qu'on s'amuse, pendant que d'autres préparent la scène, on a la scène que d'autres ont préparée.
Ce n'est pas par une excitation passagère, ni par des soulèvements aussi bruyants que courts, qu'un peuple peut prendre en main la direction de ses affaires. Il y faut de l'étude, de la ténacité, de l'esprit de sacrifice et de l'union.
De l'union — c'est justement cela que les adversaires craignent le plus, et c'est pourquoi ils se sont toujours appliqués à nous diviser. La division est facile à faire, il n'y a qu'à cultiver les passions et mettre l'argent en action. Les partis politiques, si en honneur chez nous, s'en sont parfaitement acquittés.
Lequel, parmi les 65 députés de notre province qui se sont régulièrement succédé à Ottawa depuis trois quarts de siècle, lequel, rouge ou bleu, s'est appliqué à instruire ses concitoyens, à les instruire en détail, et à les organiser explicitement pour faire valoir leurs droits ?
Notre mouvement créditiste travaille justement dans ce sens. Il instruit, organise l'étude personnelle, cultive les caractères et bâtit l'union. Cela demande plus de temps, parce qu'il faut remonter une pente, aller contre des passions, expier, et remplacer la force de l'argent par celle du dévouement.
Telles sont quelques-unes des réflexions que nous suggère la nouvelle que tous attendaient mais qui en atterre quand même un grand nombre : la conscription est adoptée.
