La peur d'agir... ça fait mourir !
Ce qui caractérise bien notre époque, c'est cette crainte de s'affirmer, d'oser ; On est devenu tout simplement des suiveurs.
Quelle est donc la véritable raison de cette timidité instinctive qui s'est emparée des individus ?
Je n'hésite pas un seul instant à affirmer que c'est l'insécurité économique qui prévaut à l'heure actuelle, l'instabilité de l'emploi, qui nous a rendus si peureux, si craintifs et, disons-le, si lâches.
Alors qu'il nous faudrait tout un bataillon de violents, nous ne voyons que des "Roger Bon Temps".
Eh bien, vous au moins, Créditistes, qui comprenez votre mission, vous ne serez pas de cette étoffe-là. Vous saurez être à la hauteur de votre vocation.
Descendants des valeureux Français qui ont colonisé ce beau pays, vous vous ferez un devoir de continuer ce qu'ils ont si bien commencé...
Ça, ne l'oublions pas, nous ne sommes pas en Amérique du Nord sans y avoir une mission spéciale à accomplir.
On a parlé du miracle de la survivance française, et c'est un fait. Mais la Providence n'opère pas des miracles sans raison.
C'est que nous, petit peuple de trois millions de Canadiens-français, perdus dans la masse anglo-saxonne qui nous entoure, nous avons une mission à remplir.
Oui, c'est de nous que doit partir le mouvement de restauration sociale, l'établissement d'un ordre social chrétien sur ce continent et, par l'exemple, dans le monde entier.
Ne peut-on pas croire que c'est aux peuples catholiques comme le nôtre que la Providence confie de grands destins ?
Que la crainte soit donc chose du passé. Mettons-nous résolument à l'œuvre pour forger l'avenir.
Et tout de suite. Ne remettons pas à demain ce qui peut se faire aujourd'hui. Ne cherchons pas à rejeter sur les épaules des autres la tâche qui nous est dévolue.
Nous ferons une marque dans le monde si nous sommes des hommes d'action.
Cessons de nous plaindre et passons à l'action. À l'action, vers un objectif bien déterminé.
À l'exemple du grand soldat français que fut le maréchal Foch, posons-nous souvent cette question : "Au juste, de quoi s'agit-il ?"
Puis fonçons droit au but.
Ce que nous voulons, sachons l'exiger par notre courage et notre action persévérante.
Rien ne résiste à l'énergie tenace.
Et bannissons une fois pour toutes cette peur qui nous mine en même temps qu'elle fortifie l'adversaire. Comme disait un ami récemment, "Lorsqu'on n'a pas peur, on fait peur."
Nicolas LAROCHELLE