L'union des Électeurs est un mécanisme par lequel le peuple exprime sa volonté à ses représentants.
Le mécanisme n'existant pas auparavant, il faut le former. Il faut unir là où les partis politiques divisaient. Il faut instruire là où les politiciens étaient satisfaits de constater l'ignorance. Il faut apprendre à poser des actes là où l'on avait l'habitude de compter sur le voisin. Il faut faire se planter debout des hommes qu'on avait forcés à ramper.
L'Union des Électeurs est un organisme nouveau, mais qui se dévelope bien vite. Si vite qu'il effraie déjà ceux qui comptaient sur les vieilles méthodes.
Chaque nouvel acte posé par l'Union des Électeurs enthousiasme ses membres et leur donne l'envie d'en poser d'autres.
L'Union des Électeurs pratique la politique de pression. Pression de quoi ? Pression de la force de tout un peuple qui sait ce qu'il veut. Pression sur qui ? Sur ceux qui sont payés pour accomplir la volonté commune de tout un peuple.
L'Union des Électeurs agit dans tous les domaines publics : municipal, provincial, fédéral, partout où l'on nous a enseigné qu'existait un régime démocratique.
Nos lecteurs savent déjà quelle pression l'Union des Électeurs fait sur les orateurs du Bloc Populaire Canadien, depuis qu'ils ont commencé leur campagne d'assemblées, pour qu'ils se prononcent nettement vis-à-vis du Crédit Social.
La pression se fait de plus en plus forte. Après Granby, où 713 signatures furent levées sans sortir des limites de la ville, et où le docteur Hamel n'ajouta rien de nouveau à ses déclarations précédentes, c'est la capitale même de la Nouvelle-France, Québec, où le Bloc Populaire fait deux grandes démonstrations le dimanche 11 avril : au Palais Montcalm, et dans la salle paroissiale de Limoilou.
L'Union des Électeurs a décidé de faire sa pression au Palais Montcalm. Ecrivant ces lignés le 8 avril, il nous est impossible de donner un compte-rendu du 11. Ce sera pour le prochain numéro.
La formule présentée à Québec précise :
"Les membres de l'Union des Électeurs sont fortement décidés :
1. À demander à chaque candidat, dans toute élection, de définir nettement son attitude vis-à-vis d'un dividende national à chaque citoyen ;
2. À refuser leur vote à tout candidat qui ne se prononcera pas carrément pour l'octroi d'un dividende national à chaque citoyen".
Et l'on demande à chaque orateur de définir son attitude personnelle à l'occasion de l'assemblée publique.
Le dimanche 18, ce sera à Rouyn. Les membres de l'Union des Électeurs de l'Abitibi et du nord du Témiscamingue ne sont pas moins catégoriques : ils déclarent "fermement
"qu'il est inutile pour un candidat, à quelque groupe politique qu'il appartienne, de venir solliciter nos votes, dans aucune élection, tant qu'il ne se déclarera pas carrément prêt à réclamer avec instance le dividende national du Crédit Social".
Les réponses, ou le silence, de chaque orateur seront enregistrés par Vers Demain. Qu'on se prononce. Les créditistes veulent la fin du règne des mollusques.
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À Roc d'Or, petit village voisin de Malartic, six polices font la garde continuelle pour empêcher des familles de venir s'établir à Roc d'Or et pour pousser les résidents actuels de Roc d'Or à émigrer à Malartic.
Les résidents et de Roc d'Or et de Malartic protestent contre cette intimidation. Les résidents de Roc d'Or sont pauvres, mais au moins ils sont maîtres sur leur petit lot, ne devant rien à personne. Le déménagement signifierait la perte de la propriété, des dépenses excessives et l'endettement sans fin pour la plupart.
La protestation et la demande de rappel des six polices sont envoyées à l'Honorable Adélard Godbout, avec double au député provincial d'Abitibi, par l'Union des Électeurs de Malartic et de Roc. d'Or.
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Dans une quarantaine de paroisses de colons d'Abitibi, l'Union des Électeurs organise actuellement une demande de graines de semence au gouvernement provincial. La demande est faite avec une précision sans précédent dans l'histoire de la colonisation. La quantité de chaque espèce de graines requise par chaque colon est enregistrée, le total fait pour la paroisse et transmis par un Électeur responsable, qui se chargera lui-même. de la distribution de toute quantité reçue, au pro-rata des demandes individuelles.
Le journal Vers Demain suivra cette affaire avec attention, et publiera le résultat obtenu. Il publiera même l'absence de réponse si c'est le cas.
Nos gens vont apprendre les faits. On est en démocratie pas pour se faire "emplir", mais pour se faire servir.
Toutes ces initiatives prennent leur origine chez les membres de l'Union des Électeurs eux-mêmes — évidemment pas pour des demandes personnelles, mais pour des demandes collectives intéressant tout le groupe qui réclame.
Ainsi la protestation de Roc d'Or a pris naissance à Roc d'Or même. Nous avons en main la lettre de M. Henri Arpin, de Roc d'Or, qui en explique l'origine.
De même l'organisation d'une demande de graines de semence pour les colons a été suggérée par un colon de Granada, M. Wilfrid Trudel, lieutenant créditiste de l'endroit.
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Voici un cas localisé sur les chantiers municipaux de chômage, à Québec. La demande procède encore directement des intéressés. C'est le créditiste, M. Jos. Larivière, lui-même employé et victime de la décision de la ville, qui a pris l'initiative de la réclamation. La lettre suivante, adressée au maire Lucien Borne, et suivie des signatures de 472 requérants, explique ce dont il s'agit :
Québec, le 6 avril 1943
Son Honneur M. Lucien Borne, Maire de Québec.
Monsieur le Maire,
Nous apprenons avec stupéfaction que notre semaine de travail sur les chantiers municipaux qui nous emploient doit être réduite de six jours à trois ou quatre jours.
Avec les maigres salaires que nous touchons, il nous est déjà impossible, en face du coût de. la vie, de faire face à nos devoirs familiaux. Toute réduction de revenu ne signifie rien moins qu'un désastre : les larmes des êtres qui nous sont chers ne le corrigeront pas.
Il est sûrement inconcevable qu'au moment où le Canada se bat pour des motifs généreux, qu'au moment où il fait de gros cadeaux aux autres nations, il ne puisse voir à ce que ses propres enfants aient le moyen de vivre dans leur propre pays.
Si bas placés soyons-nous dans l'échelle sociale. nous croyons avoir au moins le droit de gagner le nécessaire pour nos familles. Des fortunes plus considérables peuvent envisager des suspensions dans l'emploi. Pas les petits salariés que nous sommes.
C'est respectueusement, mais avec toute la fermeté dictée par notre sens de la justice, et avec la décision imposée par les besoins de nos femmes et de nos enfants, que nous demandons :
1o— À travailler plein temps, six jours par semaine ;
2o— À toucher comme salaire au moins dix sous de plus par heure.
Chaque jour de délai signifiant une aggravation de notre cas, nous prions Votre Honneur de voir à ce que notre demande soit satisfaite sans délai.
Veuillez croire, Monsieur le Maire, que l'acceptation ou le refus de notre demande signifiera beaucoup, dans un sens ou dans l'autre, pour ceux qui vous la font, et aussi pour nombre de nos concitoyens qui ne pardonneront jamais l'affamation de fils et de filles du pays dans les circonstances actuelles.
Vous n'obligerez pas, croyons-nous, la masse de ces concitoyens à devoir élever la voix pour réclamer solidairement contre des conditions inacceptables.
Vos très respectueux,
(Les signatures sont annexées)
Dans ce cas, il s'agit d'une réclamation par un groupe seulement. Mais l'injustice dont il pourrait être victime ne peut laisser indifférent aucun concitoyen bien né, et, si c'était nécessaire, toute l'Union des Électeurs de Québec ferait entendre sa voix.
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Nous pourrions mentionner encore la protestation vigoureuse contre le projet de loi fédérale d'assurance-maladie contributoire et obligatoire, signée un peu partout dans la province.
Partout, on juge qu'après avoir taxé et surtaxé les Canadiens tout en faisant des cadeaux aux étrangers, il va devenir temps de penser aux cadeaux aux Canadiens, au dividende national du Crédit Social.
Qu'on assure aux Canadiens un revenu suffisant et qu'on les laisse se débrouiller, ils n'auront pas besoin de la tutelle des bureaucrates d'Ottawa pour apprendre à se faire soigner.