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L'équivoque de V.B.

le mercredi, 01 juillet 1942. Dans L'économique

On attire notre attention sur une "mise en gar­de" parue dans Le Coopérateur du 20 mai, sous la signature de V. B. Dans cette mise en garde, nous relevons le passage suivant :

"Le moment est donc venu, nous semble-t-il, de mettre fin à une équivoque qui dure de­puis assez longtemps. Nous n'avons point à nous prononcer, pour le moment du moins, sur la valeur du Crédit Social. Nous ne pouvons tolérer toutefois que quelques-uns de ses pro­pagandistes s'efforcent de noyauter à son avantage les coopératives de consommation."

Nous ne savons ce que V. B. entend par noyau­ter les coopératives de consommation. Il veut sans doute faire allusion aux activités de l'Association Créditiste, puisqu'il n'a jamais fait de mise en gar­de tant qu'on s'est contenté de propager la doctri­ne du Crédit Social. Il proteste seulement lorsque les Créditistes posent des actes pour avoir le Cré­dit Social.

En quoi V. B. trouve-t-il que l'Association Cré­ditiste porte ombrage aux coopératives de consom­mation ? Tout comme les membres des coopérati­ves de consommation, les créditistes s'associent pour tendre ensemble vers un objectif commun. Il arrive certainement que des membres des coopé­ratives soient assez intelligents pour être aussi cré­ditistes, et que des créditistes jugent avantageux d'entrer dans une coopérative locale de consom­mation. Pourquoi vouloir estropier leur liberté ?

V. B. fait peut-être allusion au 5 pour cent de crédit qui circule entre créditistes. Il veut peut-être dire que les coopérateurs qui entrent aussi dans l'Association Créditiste vont aller au mar­chand qui accepte le 5 pour cent et délaisser une coopérative qui ne l'accepte pas.

À cela, nous ne pouvons rien. Si un magasin co­opératif ne croit qu'au chiffre du banquier, et si le magasin privé d'en face croit, en plus, au chiffre de ses confrères dans l'Association Créditiste, il y a bien des chances, en effet, que le consommateur associé trouve le marchand privé plus avantageux.

Mais qu'est-ce qui empêche le magasin coopéra­tif de prendre la même position ? L'Association Créditiste ne fait pas de discrimination pour accep­ter des établissements, dès lors que ceux-ci rem­plissent les conditions. Elle traite avec le proprié­taire du magasin, que ce soit un homme, une so­ciété ou une coopérative.

Dans le cas de la coopérative, évidemment, le gérant ne peut rien décider sans l'avis des coopé­rateurs, qui sont les propriétaires de l'entreprise. Cela peut prendre un peu plus de temps, puisqu'il y a plus d'intéressés. Mais nous connaissons le cas, par exemple, d'une coopérative dont les membres auraient, en très grande majorité, adhéré à l'entrée de leur établissement dans l'Association Créditis­te, et où un personnage dont les initiales corres­pondent justement à V. B. est intervenu pour les empêcher de prendre le vote.

Le V. B. de la mise en garde nous dit pourtant que la coopérative n'est pas l'affaire du conseil d'administration, mais des sociétaires.

Nous pourrions aussi citer le cas d'une autre co­opérative de consommation dont le gérant affir­mait qu'il n'accepterait pas notre crédit ex-bancai­re, même si la majorité des directeurs le voulait, parce qu'une minorité de cinq ou six tient les plus grosses parts du capital et que ce serait trop dom­mageable de voir ces gros-là se retirer.

Et que fait-on du "Un homme, un vote" ? Est-ce bien démocratique de supprimer tout simplement le vote dans les cas où l'on craint l'idée de la ma­jorité ?

"Que les conseils d'administration ne se laissent pas intimider, écrit V. B.. Il vaut mieux jeter du lest, c'est-à-dire perdre quelques sociétaires, que sombrer."

Perdre du lest, oui, si c'est pour garder les gros, à en juger par le deuxième exemple donné ci-des­sus.

Nous prions les lecteurs de ne point prendre ces réflexions comme une attaque contre les coopéra­tives de consommation. Outre les avantages finan­ciers qu'elles ont pu procurer à leurs membres, ces institutions, comme toutes les institutions vérita­blement coopératives, ont développé un très bel esprit social et appris aux gens à s'occuper de leurs affaires. Justement ce que fait aussi le Crédit So­cial. Aussi ne faut-il pas s'étonner si le Crédit So­cial recrute de nombreux adhérents parmi les co­opérateurs. Il faut être V. B. sans doute pour s'en offusquer, et c'est à V. B. que nous répondons dans les remarques qui précèdent.

Nous sommes portés à croire que V. B. a rédigé sa mise en garde après un quart d'heure passé sans gloire dans un milieu créditisé. Les grands soufflés n'aiment point ces humiliations. Et notre V. B. a tout l'air d'un de ces grands soufflés lorsqu'il dé­clare : "Nous n'avons point à nous prononcer, pour le moment du moins, sur la valeur du Crédit So­cial."

Ce docte juge remet à plus tard sa sentence. Bienvenu, monsieur V. B.

 

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