L’histoire du Canada nous a appris que la race canadienne-française a survécu grâce au miracle du berceau. Ce sont les familles nombreuses qui ont peuplé la Nouvelle-France, fidèles aux lois saintes du mariage et à toutes les lois de Dieu et de l’Église. Hélas ! Depuis le lancement de la Révolution tranquille, notre peuple a connu une dégringolade. Nous battons les records au Québec pour la dénatalité. L’avortement, la contraception, la corruption des mœurs, le divorce, ajoutons le matérialisme, contribuent largement au déclin de notre nation. Nous avons perdu le sens des valeurs. Mais à tout péché miséricorde si nous nous repentons. L’Église, gardienne de la foi et des bonnes mœurs, nous indique la voie à suivre. Nous fêtons cette année le 40e anniversaire de l’Encyclique «Humanae Vitae» de Paul VI traitant des devoirs conjugaux des époux. Nous aimons citer quelques extraits de cette encyclique publiée 1968:
Le très grave devoir de transmettre la vie humaine, qui fait des époux les libres et responsables collaborateurs du Créateur, a toujours été pour ceux-ci source de grandes joies, accompagnées parfois de bien des difficultés et des peines.
…Aucun fidèle ne voudra nier qu’il appartient au magistère de l’Église d’interpréter aussi la loi morale naturelle. Il est incontestable, en effet, comme l’ont plusieurs fois déclaré nos Prédécesseurs, que Jésus-Christ, en communiquant à Pierre et aux apôtres sa divine autorité, et en les envoyant enseigner ses commandements à toutes les nations, les constituait gardiens et interprètes authentiques de toute la loi morale: non seulement de la loi évangélique, mais encore de la loi naturelle, expression elle aussi de la volonté de Dieu, et dont l’observation fidèle est également nécessaire au salut.
Le mariage n’est pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution de forces naturelles inconscientes: c’est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque qui leur est propre et exclusive, les époux tendent à la communion de leurs êtres en vue d’un mutuel perfectionnement personnel pour collaborer avec Dieu à la génération et à l’éducation de nouvelles vies.
De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu’il représente l’union du Christ et de l’Église.
C’est un amour fidèle et exclusif jusqu’à la mort. C’est bien ainsi, que le conçoivent l’époux et l’épouse le jour où ils assument librement et en pleine conscience l’engagement du lien matrimonial. Fidélité qui peut parfois être difficile, mais qui est toujours possible et toujours noble et méritoire, nul ne peut le nier. L’exemple de tant d’époux à travers les siècles prouve non seulement qu’elle est conforme à la nature du mariage, mais encore qu’elle est source de bonheur profond et durable.
C’est enfin un amour fécond, qui ne s’épuise pas dans la communion entre époux, mais qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies. “Le mariage et l’amour conjugale sont ordonnés par leur nature à la procréation et à l’éducation des enfants. De fait les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes.» — Gaudium et Spes n. 50
La paternité responsable comporte… surtout un plus profond rapport avec l’ordre moral objectif, établi par Dieu, et dont la conscience droite est la fidèle interprète. L’exercice responsable de la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs. Dans la tâche de transmettre la vie, ils ne sont par conséquent pas libres de procéder à leur guise, comme s’ils pouvaient déterminer de façon entièrement autonome les voies honnêtes à suivre, mais ils doivent conformer leur conduite à l’intention créatrice de Dieu, exprimée dans la nature même du mariage et de ses actes, et manifestée par l’enseignement constant de l’Eglise…
En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, Nous devons encore une fois déclarer qu’est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des naissances, l’interruption directe du processus de génération déjà engagé, et surtout l’avortement directement voulu et procuré, même pour des raisons thérapeutiques.
Est pareillement à exclure, comme le magistère de l’Église l’a plusieurs fois déclaré, la stérilisation directe, qu’elle soit perpétuelle ou temporaire, tant chez l’homme que chez la femme.
Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation.
…En défendant la morale conjugale dans son intégralité, l’Église sait qu’elle contribue à l’instauration d’une civilisation vraiment humaine; elle engage l’homme à ne pas abdiquer sa responsabilité pour s’en remettre aux moyens techniques; elle défend par là même la dignité des époux. Fidèle à l’enseignement comme à l’exemple du Sauveur, elle se montre l’amie sincère et désintéressée des hommes, qu’elle peut aider, dès leur cheminement terrestre, «à participer en fils à la vie d’un Dieu vivant, Père de tous les hommes». — Enc. Populorum Progressio