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L'économique - Réalisations possibles

Louis Even le mercredi, 15 juillet 1942. Dans L'économique

100 pour cent

Supposons l'Association Créditiste formée de 30,000 membres, les uns travaillant la terre, d'au­tres employés dans des usines ou des bureaux, d'autres attachés au commerce ou au transport, d'autres dans des occupations professionnelles, d'autres élargissant le patrimoine canadien sous l'étiquette de colons.

Tous connaissent parfaitement leur Association et s'en servent. Ils ont appris quels marchands ac­ceptent les transferts de crédit. Les marchands ont appris où s'approvisionner pour écouler le ma­ximum du crédit reçu de leurs clients.

Si, à ce moment-là, l'Association disait :

On va ouvrir un Trésor. Salariés, apportez dans ce trésor toute la partie de votre salaire que vous dépensez régulièrement chez vos marchands asso­ciés. Comme une caisse populaire ou une banque, le Trésor va vous ouvrir en échange un compte égal à votre dépôt. Engagez-vous à ne pas retirer votre argent, mais à vous servir de votre compte à la place. Le marchand associé s'engage, lui, à accepter vos transferts, tirés sur votre compte, exactement au même titre que l'argent lui-même qui a donné lieu à votre compte.

Le salarié, pouvant acheter aussi bien avec son compte qu'avec son argent, n'y perdrait rien. Même l'Association ajouterait : On placera chaque mois, à votre crédit, dans votre compte, l'équiva­lent de 5 pour cent de la valeur des achats que vous ferez par l'intermédiaire de cette comptabi­lité.

Évidemment, alors, le salarié aurait intérêt à n'acheter que chez les marchands associés, en uti­lisant le plus possible de son salaire sous forme de compte, pour avoir un plus gros dépôt par le 5 pour cent au bout du mois.

Tous les associés, salariés ou autres, seraient invités à faire de même : apporter leur argent des­tiné à des achats, se faire inscrire un compte équivalent, et se servir de ce compte au lieu de l'argent.

Soit $500,000 ainsi déposés dans le Trésor au 1er mars. Dans les livres, la somme des comptes est également $500,000. Si tout le commerce se fait entre associés, la comptabilité fait bouger la marchandise et les $500,000 d'argent restent dans la caisse.

Au bout du mois, conformément à la conven­tion annoncée, l'Association inscrit au crédit de ses membres l'équivalent de 5 pour cent de leurs achats inter-associés. Si ces achats montaient à $400,000, la somme des crédits ainsi accordés par le 5 pour cent est de $20,000 : aux uns plus, aux autres moins, selon leurs achats respectifs, mais en tout $20,000.

La somme des comptes qui, au 1er mars, était $500,000, est maintenant $520,000, mais il y a toujours $500,000 dans la caisse.

En avril, sans que la caisse ait augmenté, les associés auront collectivement $520,000 au lieu de $500,000 comme bases à leurs transferts. Leurs achats pourront donc être plus élevés qu'en mars. Le 5 pour cent en avril pourra être, disons $30,000, ce qui fera monter la somme des comptes à $550,000, toujours avec $500,000 en caisse.

Et ainsi de suite. Le pouvoir d'achat monterait à mesure qu'il s'exercerait. Ce qui est rationnel dans un monde d'abondance, où il suffit de com­mander et de payer pour activer la production.

Mais dans la pratique, la caisse va continuelle­ment fluctuer. Les salariés reçoivent un salaire toutes les semaines : c'est donc toutes les semaines qu'ils vont venir grossir la caisse.

Par ailleurs, les marchands qui reçoivent les transferts de crédit ne peuvent pas refaire leurs stocks exclusivement avec ces comptes, parce qu'on est loin d'en être à une économie interne complète. Les marchands se sont bien engagés à se servir des comptes autant que possible ; mais il reste beaucoup de choses qu'ils devront acheter de l'extérieur. Pour cela, ils devront recourir au Trésor, tirer des chèques sur le Trésor chaque fois qu'ils auront besoin d'argent au lieu de compte.

Ces chèques feront diminuer à la fois leur compte et le Trésor. Ainsi, un chèque de $100 signé par le marchand et tiré sur le Trésor fera baisser de $100 le compte du marchand et fera sortir $100 de la caisse du Trésor.

Donc, par le marchand, la caisse fluctuerait par des baisses de niveau. Si la somme des argents apportés par les salariés et d'autres dépassait la somme d'argent retirée par les marchands, la cais­se monterait ; dans le cas contraire, elle baisserait. Avec une Association dont les membres cherchent de plus en plus entre eux les choses dont ils ont besoin et dont un nombre énorme de membres sont des employés de grosses compagnies, payés exclusivement en argent mais fidèles à changer leur argent en crédit associationnel, on peut croire que la caisse grossirait. Cela permettrait de conti­nuer les 5 pour cent mensuels et même d'y ajouter des émissions-dividendes aux associés, au prorata du nombre de personnes de leurs familles.

En Alberta

Ce qui précède est l'exposé de ce qui se passe en Alberta. C'est la deuxième phase de leur sys­tème de maisons du Trésor. Les déposants se dé­font de leur argent et achètent avec des "trade-claims", transférant aux marchands, non pas de l'argent, mais un droit aux produits sur le mar­ché (trade-claim). Les marchands ont des accords avec le gouvernement dans le sens expliqué ci-dessus, pour obtenir de l'argent dans les cas où les trade-claims ne peuvent servir.

Ce système de comptabilité est une dépendance du Trésor provincial, mis à portée des citoyens dans plus de 350 succursales et agences de succur­sales du Trésor.

Le Trésor provincial augmente, d'un trait de plume, les comptes des déposants, chaque mois, de 5 pour cent de leurs achats faits au moyen de transferts, pourvu qu'au moins la moitié de ces achats portent sur des produits faits en Alberta. Il faut qu'il y ait, en effet, un rapport entre le développement de la production albertaine et cette augmentation de droits aux produits alber­tains.

Le Trésor albertain augmente donc le pouvoir d'achat de ceux qui se servent de cette comptabi­lité provinciale, sans recourir aux créations de crédit des banques. Il n'a pas besoin d'y recourir, puisqu'il se trouve à faire ce que font les ban­ques : des chiffres qui servent à acheter.

L'augmentation peut paraître minime : 5 pour cent par mois. Mais comme ce crédit continue en circulation, comme le gouvernement ne le rappelle pas, c'est une augmentation sensible. Les banques y vont par plus gros montants, mais elles retirent d'une main ce qu'elles font de l'autre, elles cher­chent même à retirer plus d'une main ce qu'elles font de l'autre.

Le résultat sur l'économie albertaine s'est fait sentir. L'industrie manufacturière d'Alberta, si peu développée auparavant, a doublé depuis que les maisons du Trésor sont en opération. De tous les pays de l'Empire britannique, il n'y a que l'Alberta qui ait cessé tout emprunt des banques, sans pour cela tomber dans la léthargie. Le gou­vernement d'Aberhart n'a pas emprunté un dol­lar de toutes ces années-ci, et pourtant l'Alberta progresse. L'Alberta a trouvé le moyen de faire de l'expansion productive sans expansion corres­pondante de la dette. Elle échappe d'autant aux méthodes malsaines de notre régime financier.

Et nous ?

Nos membres de l'Association Créditiste de­manderont pourquoi nous ne faisons pas de la même manière. Les émissions aux membres se­raient alors de véritables dividendes, utilisables à plein. Quelle joie pour nos familles pauvres et nombreuses !

Il ne tient qu'aux associés d'en venir là. Mais avant d'aborder pareille étape, il faut connaître les hommes et les faits. Si l'on demandait aujourd'hui à un salarié associé : Quelle somme pourriez-vous placer chaque semaine dans une caisse de Trésor créditiste ? Ce serait évidemment la partie de son salaire qu'il peut dépenser chez des mar­chands associés. Mais combien ? Le sait-il ? Il le sait s'il a pratiqué à son maximum l'achat à 5 pour cent sous l'étape actuelle. S'il ne l'a fait qu'incidemment, ou qu'à moitié, ou spasmodiquement, il est incapable de donner une réponse exacte.

La même chose pour le marchand. Demandez-lui quelle partie des ventes faites à des associés il peut remplacer par du stock acheté chez des as­sociés. S'il ne s'en est pas occupé, s'il n'a jamais fait d'efforts pour s'approvisionner chez des asso­ciés, il ne peut vous donner aucune réponse, ou sa réponse sera : Rien du tout.

C'est pourquoi nous disons que l'étape actuelle, le système du 5 pour cent est un détecteur pour connaître les hommes et les faits, pour savoir sur qui ont peut compter, sur quoi on peut compter, et à quel degré.

Lorsque l'Association sera mûre pour un déve­loppement plus avancé, nous ne resterons pas un mois de plus à la première étape. Mais encore faut-il attendre ce degré de maturité.

Aussi insistons-nous pour que nos associés se servent de leur crédit, pour que nos marchands orientent leurs approvisionnements, pour que ceux qui possèdent de l'initiative l'utilisent dans le sens d'une économie interne plus complète.

La seconde étape sera une arme merveilleuse. Les milliers de salariés qui louent leurs journées aux trustards tireront des trustards l'argent néces­saire pour édifier un pouvoir qui fera la lutte aux trustards.

Plus on pourra se servir du crédit comptable pour se fournir entre associés, plus il restera de disponibilités pour se procurer en dehors des ma­chines et autres moyens de production qui per­mettront un plus grand développement encore de l'économie interne.

Arme merveilleuse pour reprendre possession de notre économie, mais arme qu'il est impossible de mettre entre les mains des associés avant qu'ils aient d'abord appris à manier l'autre.

Que nos associés redoublent donc d'efforts et d'application partout, pour utiliser leur crédit et pour enrôler d'autres associés afin d'avoir une économie plus complète. C'est toute la province qui devrait entrer dans cette Association libéra­trice. Comme la province est capable physique­ment de faire bien vivre tous ses habitants, l'As­sociation, par une comptabilité en rapport avec les faits physiques, assurerait la prospérité, au moins relative, à toutes les familles.

Louis Even

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