EnglishEspañolPolskie

L'économique - Cette coopérative d'argent

Louis Even le jeudi, 01 janvier 1942. Dans Coopérative

Nos lecteurs, s'ils ont bien suivi les derniers nu­méros de VERS DEMAIN, ont une idée de plus en plus nette de ce que signifie la coopérative d'ar­gent projetée par les créditistes.

C'est simplement l'application des propositions du Crédit Social pour les échanges.

On connaît la doctrine créditiste : Lorsqu'il y a des produits en face des besoins, des besoins en fa­ce des produits, les produits doivent pouvoir join­dre les besoins.

Lorsque les magasins sont pleins de marchan­dises que les marchands voudraient vendre ; lors­que les maisons sont vides de choses que les fem­mes voudraient acheter — il faut prendre le moyen de permettre aux femmes d'acheter ce que les mar­chands veulent vendre.

Le faire

Voici plusieurs années que les créditistes disent que cela doit se faire ; mais ça ne se fait pas, parce que les puissances d'argent ne veulent pas, et par­ce que les gouvernements ne se sentent pas de taille à dompter les puissances d'argent.

Puis, il y a les ergoteurs, qui raillent : Où cela s'est-il fait ? Si cela ne s'est pas encore fait, ça ne peut pas se faire.

Avec ces ergoteurs, on n'aurait ni voitures qui roulent sans cheval, ni hommes qui voyagent en l'air sans plumes, ni chutes d'eau qui éclairent et chauffent, ni boîtes qui chantent et transmettent des discours dans les maisons les plus isolées.

Mais les ergoteurs sont encore là, les ricaneurs aussi, les financiers tiennent bon, les politiciens continuent leur vie niaise, les rassasiés poursuivent leurs exhortations à la patience et les pauvres sont tentés de perdre tout espoir.

Les créditistes ont fait un pas de plus. Ils di­saient hier : Lorsque les produits s'entassent en face de maisons vides, les produits doivent pouvoir entrer dans les maisons. Ils disent aujourd'hui : Les produits qui s'entassent en face de maisons vides vont entrer dans les maisons. Ils diront de­main : Cela se fait, soutenez donc encore que ça ne peut pas se faire !

Et pour le faire, les créditistes ne vont attendre ni la conversion d'un gouvernement rouge, ni la sanctification d'une opposition bleue, ni la forma­tion d'un nouveau parti — ils vont le faire eux-mêmes.

Au lieu de légiférer, parce qu'ils n'ont pas en main le pouvoir législatif, ils vont agir, parce qu'ils ont en eux-mêmes le sens de l'action.

Comment ?

Voici des cultivateurs qui limitent leur rende­ment, parce que les gens des villes qui ont faim n'ont pas assez d'argent.

Voici des fabricants de chaussures qui dimi­nuent leur production et renvoient leurs ouvriers, parce que les gens qui sont mal chaussés n'ont pas assez d'argent.

Voici des ouvriers du bâtiment qui chôment, parce que ceux qui sont mal logés n'ont pas assez d'argent.

Voici des jeunes gens sans avenir, parce que ceux qui pourraient les employer n'ont pas d'argent.

Voici des médecins qui se morfondent, inquiets du lendemain, parce que les malades qui ont besoin d'eux n'ont pas d'argent.

Voici des marchands qui déclarent banqueroute et ferment leurs magasins, parce que leurs clients possibles n'ont pas d'argent.

Mais voici que des cultivateurs, des ouvriers de toutes sortes, des constructeurs de maison, des fa­bricants de vêtements et de chaussures, des méde­cins, des professionnels de tout rayon, des mar­chands, des travailleurs disponibles, sont créditis­tes et, savent ce que veut dire : Pas d'argent.

Que vont-ils faire ? Simplement s'entendre entre eux pour suppléer à ce qui manque.

Ils vont se rencontrer de quelque manière et di­re : L'argent que nous avons, continuons de nous en servir comme auparavant. Pour les surplus de produits divers qui nous restent, décidons de les accepter les uns des autres, par l'intermédiaire d'une comptabilité réglée, à laquelle nous ferons autant de confiance qu'aux billets de papier qui nous manquent ou qu'à la comptabilité mal réglée du banquier.

La comptabilité

Et voilà nos créditistes de la terre, de la forêt, de l'atelier, du bureau, du magasin, qui vont coopérer ensemble, par une mise de capital très simple, mais très intelligent : la CONFIANCE mutuelle, con­fiance basée sur des réalités, sur l'existence de cho­ses faites pour aller des uns aux autres.

Chacun des coopérateurs est prêt à faire con­fiance à tous les autres. En retour de ce capital, la coopérative fournit à chacun le moyen de faire ap­pel à la confiance des autres.

À chaque coopérateur, le bureau local de la gran­de coopérative créditiste va ouvrir un crédit, dans un livre de, comptabilité. Le même crédit à tous, parce que tous placent le même capital : leur con­fiance.

Combien de crédit ? Un montant proportionnel à la quantité de produits, de services, de travail offert qui n'attendent que cela pour remplir leurs fonctions.

Qu'est-ce que ce crédit, placé au nom de chaque coopérateur ? C'est le droit à la production et aux services que les autres coopérateurs sont contents d'offrir.

Pierre est un jeune homme qui travaille de temps en temps seulement, peut-être trois jours par semaine, à deux piastres par jour. Pierre n'a que six piastres par semaine pour vivre. Mais Pierre est intelligent, il a étudié, il comprend, il est crédi­tiste. Et Pierre est entré dans la grande coopérati­ve créditiste. Une première émission de crédit de la coopérative place $5.00 dans son compte.

Pas $5.00 d'argent légal. Pas $5.00 de chif­fres de Banco. Mais $5.00 de chiffres de son grou­pe, qui lui donnent droit à ce qu'il voudra de la part des autres coopérateurs, pour une valeur de $5.00.

Pierre cherche depuis longtemps le moyen d'a­cheter une paire de chaussures. Il va choisir un marchand qui fait partie de la coopérative, qui fait confiance aux autres coopérateurs et qui compte sur la confiance des autres coopérateurs.

Le marchand, Rosaire, est prêt à accepter la moitié du paiement en crédit coopératif ; pour l'au­tre moitié, il est obligé d'exiger de l'argent, parce que, dans ses approvisionnements, il est lui-même obligé de payer de cette manière, vu qu'il ne peut encore s'approvisionner entièrement chez les membres de sa coopérative.

Pierre va donner $2.50 de son maigre salaire et, pour l'autre moitié du prix, il va signer un petit papier conçu à peu près comme suit :

Coopérative d'argent, Bureau No

Veuillez transférer au compte de M. Rosaire $2.50 de crédit, et débitez mon compte.

Pierre.

Pierre est content, parce qu'il lui reste $2.50 de plus en poche que s'il ne faisait pas partie de la coopérative.

Rosaire est content, parce qu'il a vendu une pai­re de chaussures qui serait restée plus longtemps sur ses tablettes, s'il ne faisait pas partie de la co­opérative.

Rosaire est payé plein prix : $2.50 en argent et $2.50 en crédit. Ce $2.50 en crédit, ce n'est pas une promesse à venir, c'est un paiement immédiat, dont il se servira comme il voudra, quand il voudra, parce qu'il y a bien des cultivateurs, des ouvriers, des professionnels prêts à l'accepter au même ti­tre que l'argent.

Le bureau No a diminué $2.50 au compte de Pierre et augmenté de $2.50 le compte de Ro­saire. Rosaire avait $5.00 de crédit. Il a maintenant $7.50. Autant de plus pour s'approvisionner près des fournisseurs de la coopérative et rempla­cer sur ses tablettes ce qu'il vend plus vite qu'au­paravant grâce au crédit coopératif.

Comme il y a beaucoup de Pierre et beaucoup d'autres coopérateurs de toutes conditions, le com­merce entre coopérateurs va être activé, la produc­tion des coopérateurs va être poussée, et des jeunes gens comme Pierre vont trouver de l'emploi à six jours par semaine et envisager la vie avec un peu plus de soleil dans l'âme.

Qui dans la coopérative ?

Qui fera partie de la coopérative créditiste ? Tous les créditistes qui voudront. Cela veut dire deux choses : être créditiste et vouloir.

Pour être créditiste, il faut avoir étudié et com­pris le Crédit Social. Et c'est à ceux-là seulement que la coopérative ouvrira ses cadres. Donc, aux abonnés à VERS DEMAIN, puisque c'est VERS DEMAIN qui explique la question de l'argent, le Crédit Social, et qui groupe des gens autour du même idéal.

On ne peut coopérer sans savoir pourquoi. VERS DEMAIN explique pourquoi.

On ne peut songer à réunir tous les créditistes de la province dans une salle pour les faire se ren­contrer : ils se rencontrent dans la liste des abon­nés à VERS DEMAIN. Le journal fait le lien en­tre eux.

Toutes les familles abonnées à VERS DEMAIN, une fois bien au courant de la doctrine créditiste, n'auront plus qu'à donner leur assentiment pour entrer dans la grande association et en tirer les bé­néfices.

Et comme les créditistes savent ce que c'est que la famille, lorsqu'une famille entre dans l'associa­tion, elle tire sa part des émissions de crédit de la coopérative en proportion du nombre de person­nes dans la famille.

Nous avons d'ailleurs déjà expliqué que ce cré­dit, émis aux consommateurs, prend ensuite le chemin de ceux qui offrent des services, dans la mesure où ils fournissent des services qui corres­pondent aux besoins des, consommateurs.

Le crédit nouveau va à chaque membre. Après cela, il suit son cours. Comme il est un titre aux produits, il ira naturellement à ceux qui fournis­sent les produits.

Tous bénéficient donc du crédit à son émission, à titre égal ; mais la circulation fait bénéficier les producteurs de biens et de services au prorata de la valeur de ce qu'ils ont à offrir.

Chaque progrès, chaque développement, appelle une nouvelle émission, donne un nouveau dividen­de à tous les coopérateurs ; puis les dividendes s'en vont, sous forme d'achats, à ceux-là qui contri­buent à placer le progrès, le développement au service des consommateurs.

C'est cela, le crédit SOCIAL — qui fait du bien à TOUS et CHACUN, active l'utilisation des éner­gies, des compétences, du talent ; n'enlève rien à personne, ne fait que renverser des obstacles arti­ficiels et ne peut nuire qu'à des forces placées en travers du bien commun.

Voilà ce que VERS DEMAIN, ce que l'Institut d'Action Politique travaillent ardemment à réali­ser le plus tôt possible. Qui donc a pu penser, dire ou écrire que VERS DEMAIN, que les créditistes sont des révolutionnaires ? Lorsque les créditistes disent quelque chose, ils le prouvent. Lorsque leurs adversaires interviennent, c'est toujours avec des assertions gratuites.

Mais pendant que les adversaires se dépitent, écument, bavent ou crient, nous continuons d'ins­truire et de bâtir.

Dans nos deux derniers numéros de VERS DE­MAIN, nous répondions à des questions au sujet de la coopérative d'argent. Nous continuerons ces questions dans le prochain numéro. Nous tenions auparavant à replacer sous les yeux, d'une façon très simple, les notions mêmes sur lesquelles por­tent les questions.

Louis Even

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com