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L’école à la maison dans «l’église domestique»

Anne-Marie Jacques le samedi, 01 janvier 2011. Dans Éducation

Saint Antoine de Padoue: “Oh Seigneur, donnez-nous la grâce de Vous suivre comme Vous voudriez que nous le fassions et de Vous connaître comme Vous voudriez que nous Vous connaissions.”

M. Yves et Mme Anne-Marie Jacques, du Massachusetts, qui font l’école à la maison, sont les parents d’une famille de sept enfants. Aux Etats-Unis, des cours de correspondance pour l’enseignement à domicile sont à la disposition des parents. Des centaines de mille enfants américains bénéficient de l’enseignement à la maison. Mme Anne-Marie Jacques, la mère de famille, nous raconte son expérience:

Dès les premières années de l’Église, la famille chrétienne était représentée comme “église domestique”… créée pour jouer un rôle spécifique dans le plan de Dieu pour le salut éternel. Le Concile Vatican II (1962-1965) compare aussi le foyer catholique à une “église domestique”, prenant conscience que la famille baptisée est la première place où sont transmis les enseignements essentiels du catéchisme, de la prière et de la morale pour aider à la conversion et au développement des chrétiens en croissance.

Aujourd’hui, nous entendons dire que de plus en plus de familles choisissent d’enseigner à leurs enfants à la maison. Les raisons de cette décision varient d’une famille à l’autre; mais pour plusieurs, l’éducation à la maison est une opportunité de transmettre la foi à leurs enfants dans une ambiance qui leur permettra de croître dans l’amour et de vivre selon les enseignements de l’Évangile.

Quand on m’a demandé d’écrire mon expérience de l’enseignement à domicile, je pensais présenter une image parfaite de ce que devrait être l’école à la maison, où les enfants sont tous réunis attentivement autour de leur mère pendant qu’elle leur explique calmement les leçons… Ce serait bien entendu l’image idéale, je suis certaine, que c’est ce que la majorité des mères qui font l’école à la maison préfèreraient réaliser. Cependant, ce ne serait pas être réaliste, du moins pas pour moi ni pour ma famille. Donc, j’ai décidé d’essayer d’être plus objective et de vous raconter mes véritables expériences. C’est dans l’espoir qu’une maman envisageant de faire l’école à la maison, mais se sentant incompétente, puise du courage dans mon histoire, en croyant que “…avec Dieu tout est possible”. (Matt. 19 :26).

Nous avions, mon mari et moi, déjà pensé à l’école à la maison avant la naissance de notre fils aîné, Michael. Nous avions rencontré plusieurs familles qui enseignent à la maison et nous admirions le fait que dans la majorité de ces familles, la messe quotidienne et le chapelet en famille occupaient une place importante dans leurs vies. Aussi les parents vivaient dans une harmonie magnifique avec leurs enfants et ils transformaient leurs maisons en de véritables «églises domestiques où les enfants reçoivent le premier enseignement de la foi… de la grâce et de la prière… (des) vertus et de la charité chrétienne.” (Article 1666 du Catéchisme de l’Église catholique).

Après le cinquième anniversaire de notre fils Michael, nous avons constaté qu’il était prêt à commencer l’école maternelle au mois de septembre de la même année. Nous nous sommes préparés en nous procurant tout le matériel requis. Il y avait même un petit bureau et une chaise proportionnés à sa grandeur et un uniforme scolaire consistant en une paire de pantalons kaki et une chemise blanche. Nous avons commencé avec un programme très simple: prière du matin, une courte narration de la vie du saint du jour et des cours jusqu’à midi avec de courtes pauses.

Cette première année s’est très bien déroulée, nous avons même été capables d’ajouter notre deuxième fils qui était un an plus jeune que son grand frère. Gaétan aimait s’asseoir et écouter pendant que Michael récitait ses leçons et nous avons constaté qu’il saisissait tout ce que son frère aîné apprenait. (C’est souvent un des grands avantages de l’école à la maison.) Je travaillais en même temps avec les deux, et ils ont été capables de terminer ensemble leur première année. Graduellement, nous avons commencé à travailler avec notre fils, Éric, et ensuite avec notre fille Marie, de sorte qu’au bout de six ans, nous avions notre local d’enseignement à la maison. Nous travaillions sur les sujets les plus difficiles le matin, et nous gardions les sujets les plus faciles pour l’après-midi. La plupart du temps, nos journées se passaient assez bien, même avec tout le travail habituel d’une maison comptant plusieurs jeunes enfants.

Au début, quand nous avons commencé l’école à la maison, je traçais mon propre programme scolaire. Je me suis procuré des livres sur différents sujets, et j’ai aussi emprunté des livres et du matériel des autres familles qui font l’école à la maison. Cela m’a aidée de faire l’école à la maison très convenablement. Mais comme le temps avançait et que les demandes devenaient plus grandes, nous avons choisi des programmes scolaires par correspondance qui sont disponibles pour les familles qui font l’école à la maison, aux Etats-Unis. Il était important pour nous d’avoir des livres et accessoires scolaires catholiques. Alors nous avons choisi “Seton Home Study” afin de pouvoir enseigner toutes les matières dans un esprit catholique.

Voici ce que le Pape Léon XIII mentionne dans son encyclique «Militantis Ecclesiae»: “Il est nécessaire que non seulement l’instruction religieuse soit donnée aux jeunes à certaines périodes, mais que toutes les autres matières scolaires soient imprégnées de la piété chrétienne”. Nous trouvons que l’école Seton accomplit cela magnifiquement et ce programme répond aux besoins de notre famille.

A un moment donné, mon mari a dû changer d’emploi et ce nouveau travail a nécessité des déplacements pendant une période de deux ans, avant que nous soyons installés dans notre propre maison. Pendant cette transition, nous avons accueilli notre petite Aimie, et 18 mois plus tard, le bébé Emilie. Quand le mois de septembre est arrivé, je savais que nous aurions un plus grand défi à surmonter avec l’école à la maison. Avec nos quatre élèves, nous avions un bébé naissant et une autre bambine qu’il fallait tenir occupée.

En plus de l’école, nous courons aussi aux petites affaires familiales de notre maison et il y a des journées que le téléphone sonne littéralement sans arrêt. Ajoutez aussi les occupations du lavage, nettoyage, des grosseries, repas à préparer, les rendez-vous chez le médecin, le dentiste, tous les travaux ordinaires d’une famille nombreuse… avec les choses imprévues: inondation inattendue dans le sous-sol, réveil d’un essaim d’abeilles dans la chambre des filles, voyages à l’urgence pour poignet fracturé, un os cassé… Je suis accoutumée à ces distractions, mais avec ces nombreuses interruptions la durée des cours était continuellement modifiée et nous étions sérieusement en retard. Or, quand Mathieu est né en 2001, j’étais portée à douter que nous allions continuer à faire l’école à la maison.

Une fois, quelqu’un m’a dit que “l’école à la maison n’était pas pour les cœurs faibles”. Ceci peut paraître très vrai en certaines périodes, mais le Pape Jean-Paul II dans une lettre aux familles nous a dit que: “… la famille se trouve au centre d’une grande bataille entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, entre l’amour et tout ce qui s’oppose à l’amour. C’est à la famille qu’est confiée la tâche de lutter d’abord pour libérer les forces du bien, dont la source se trouve dans le Christ Rédempteur de l’homme. Il faut faire en sorte que chaque foyer s’approprie ces forces, afin que… la famille soit forte de Dieu ”. (Février 2, 1994)

Quand Notre-Seigneur a réprimandé la sœur de Lazare et de Marie en lui disant: “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour beaucoup de choses…” (Luc 10 :40) Il ne reprochait pas à Marthe de se plaindre parce qu’elle avait trop de choses à faire ou bien parce que Marie ne l’aidait pas; il a plutôt essayé de lui faire remarquer que ses préoccupations la distrayaient de lui et de son message d’amour.

…Aujourd’hui avec les nombreux et différents cours que nous pouvons choisir et avec le nombre incalculable de ressources disponibles, la tâche de l’école à la maison est devenue plus facile et plus accessible à ceux qui veulent s’y engager. Comme parents il est important que nous nous efforcions d’approfondir notre amour pour Notre-Seigneur et de nous approcher toujours plus près de Lui, et nous avons besoin de Lui demander chaque jour d’accroître en nous la foi, l’espérance et la charité, afin que nous soyons capables d’apporter Jésus aux autres — spécialement aux membres de notre propre foyer — en reconnaissant en nous ces charismes qui sont de vrais dons du Saint-Esprit et sont donnés à chacun d’entre nous selon notre état de vie.

Le Pape Jean-Paul II dit ailleurs dans sa Lettre aux Familles: “Les parents sont les premiers et les principaux éducateurs de leurs propres enfants, et ils ont aussi une compétence fondamentale dans ce domaine; ils sont éducateurs parce que parents”.

Par conséquent, enseigner à nos enfants est un droit et un privilège, de même qu’un devoir. Pour que l’école à la maison soit un succès, il est absolument nécessaire d’avoir une vie forte de prière. C’est pour cette raison que dès que nous avons commencé l’école à la maison, nous avons assisté quotidiennement à la messe et récité le soir le Rosaire et le chapelet Saint-Michel avec nos enfants. La confession est aussi un sacrement très important et nous essayons d’aller à confesse mensuellement et même chaque semaine quand c’est possible, car c’est dans ce sacrement que nous apprenons à apprécier le grand amour de Dieu pour nous et à reconnaître cet amour à tous les instants de notre vie. La prière est vraiment le secret qui nous permet de marcher avec Dieu. Il nous guide en retour chaque jour et Il ne nous abandonnera pas. Nous apprenons à moins compter sur nos propres capacités en devenant plus capables de prendre conscience de «la force incommensurable» de notre Dieu. Notre vie prend alors une tout autre signification.

Quand je suis incapable d’accomplir les tâches qui devraient être faites et que nous semblons être en retard dans nos cours, quand la vaisselle non lavée s’accumule dans l’évier, quand le linge sale déborde des mannes, quand survient un accident inattendu ou des mésaventures fréquentes, je ne me sens plus aussi débordée. Je ne pensais vraiment pas comme ça jusqu’au jour, récemment, où notre chien ‘Siberian Husky’, Tika, a apporté le canard du voisin avec sa bouche dans la cour. Les coins-coins retentissants et la lutte du canard pour se libérer nous a vite dérangés. Toute la famille a commencé à courir dans toutes les directions pour essayer de l’attraper — et celui qui a toujours possédé un Husky saura que sa plus grande joie est d’avoir quelqu’un qui court après lui. Il n’est pas nécessaire de dire, que cet incident a causé beaucoup d’agitation et plusieurs heures de perte d’étude, mais quand le coupable a été finalement arrêté, et que le canard, grandement secoué mais sain et sauf, est retourné chez son propriétaire, nos cours ont été enrichis par l’addition d’une grande histoire qui a fait un sujet de composition.

Dieu a un plan pour nos enfants et Il guidera chacun d’entre eux dans la direction qu’Il veut. Il pourvoira à ce qu’ils ont besoin pour accomplir le plan qu’Il a tracé pour chacun d’eux. Il demande seulement notre participation avec l’aide de sa grâce. Aujourd’hui notre fils Michael travaille dans l’entreprise familiale. Lui et sa femme, Kaitlyn, ont eu leur premier enfant, en octobre. Gaétan étudie pour devenir architecte à l’Université du Massachusetts. Eric a terminé un an d’Université en Floride et consacre aussi du temps pour aider à l’entreprise familiale. Marie est notre nouvelle secrétaire et suit des cours au collège communautaire régional. Les trois plus jeunes: Aimie, Emilie et Matthew reçoivent encore l’enseignement à la maison. Je remercie humblement le bon Dieu pour toutes les bénédictions qu’Il a accordées à notre famille. Nos enfants ont un grand amour pour Dieu. Ils ont tous gardé la Foi et ils partagent cette Foi avec les gens qui les entourent. Ils aiment le prochain et nous en sommes fiers. Je sais que si c’était à refaire, je choisirais encore l’école à la maison.

Que la Sainte Famille de Nazareth, Jésus, Marie et Joseph veillent sur toutes les familles et spécialement sur celles qui font l’école à la maison encore cette année, ainsi que celles qui ne font que commencer! Que Jésus, Marie et Joseph soient nos modèles de sainteté, de bonté et de patience, qu’ils bénissent chaque famille, afin que nous travaillions à bâtir nos propres “églises domestiques… où les enfants recevront la première annonce de la foi… de la grâce et de la prière… des vertus et de la charité chrétienne” (Catéchisme de l’Église Catholique-1666), en devenant des «lumières» dans ce monde de ténèbres, pour tous ceux qui ont «perdu la voie», et l’espérance pour l’avenir de l’Église.

La famille Jacques
La famille Jacques: Yves et Anne Marie (centre) avec leurs enfants, de gauche à droite: Marie, Matthew, Aimie, Eric, Gaétan, Emilie, Michael et sa femme, Kaitlyn. Ils font tous de l’apostolat pour MICHAEL et VERS DEMAIN.

 

Anne-Marie Jacques

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