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Eux aussi... avec P. X.

le vendredi, 01 mai 1942. Dans Réflexions

Nous expliquons, en pages 4 et 5 du présent numéro, le but et le fonctionnement de l'Asso­ciation Créditiste de la Province de Québec.

Quelques lecteurs se demanderont sans doute quelle ressemblance il y a entre notre Association Créditiste et le système des Maisons de Crédit d'Alberta.

Beaucoup de ressemblance. Le principe est le même, l'objectif aussi. Et les résultats s'apparen­teront certainement. Mais, dans l'Alberta, c'est le gouvernement qui a établi le système, pour ceux qui veulent s'en servir. Ici, nous l'établissons privément, également pour ceux qui veulent s'en servir. Dans l'Alberta, les bureaux reçoivent de l'argent et l'administrent. Ici, nous nous conten­tons des transferts de droits à la marchandise. Dans l'Alberta, le 5 pour cent est accordé au bout de chaque mois à ceux qui se sont servis du sys­tème. Ici, ceux qui se servent de leur propre sys­tème peuvent bénéficier du 5 pour cent au fur et à mesure de chaque achat.

Nous apprenons ce matin, par le Vancouver News-Herald du 15 et du 16 avril, l'existence d'un système analogue en Colombie-Anglaise. Il paraît même que ce système fonctionne depuis septem­bre 1939 entre des milliers de personnes de Van­couver et que, l'année dernière, elles ont bouclé par ce moyen $100,000 d'affaires entre elles.

C'est un M. S. Angell, commerçant maritime, qui introduisit le système à Vancouver, après l'a­voir vu à l'œuvre en Californie. Comme on voit, le monde cherche un peu partout à sortir de la camisole des banquiers, même s'il faut recourir à des systèmes privés, à cause de l'incurie ou de la veulerie de gouvernements valets.

Qu'est-ce que le P. X. ?

En Colombie, comme en Californie, on appelle le système P.X., (Purchase Exchange) Comme dans notre Association Créditiste, il ne supprime pas les piastres actuelles, mais il les accompagne d'un surplus. Le surplus est encore lié à la piastre existante, parce que nous sommes encore les escla­ves des banquiers. C'est une sorte de Programme Intérimaire, pour sortir d'hier et aller vers de­main. Voici comment M. Jack Scott résume l'ex­posé du P.X. dans le Vancouver News-Herald du 15 avril :

"P.X. n'est pas un simple système de troc, puis­que le troc demande la coïncidence de besoins. C'est-à-dire qu'un individu ne peut échanger sa vache contre un cheval, si le propriétaire du che­val veut un mouton.

"Ce que P.X. vise, ce sont les surplus de pro­duits immobilisés ; il cherche à bâtir un pouvoir d'achat en facilitant l'échange des biens et des services.

"Peut-être le meilleur moyen de le faire com­prendre est-il de prendre un exemple comme ce­lui-ci : Si vous êtes un épicier, le système P.X. vous permet de donner des épiceries et, en retour, recevoir l'équivalent en marchandises d'autres marchands faisant partie du plan, ou en travail d'ouvriers, ou en services d'hommes d'affaires ou de professionnels qui se sont enregistrés au bureau du P.X.

"Le bureau, qui agit comme chambre de com­pensation entre les personnes recourant à ce mode d'échange, fonctionne presque exactement comme une banque. À la fin de chaque mois, il fait sa­voir à ses clients combien ils ont à leur crédit — combien de P.X. — ou même avance du P.X., non pas de l'argent, mais simplement des droits aux marchandises et aux services des autres mem­bres..

"Très simple, n'est-ce pas ?

"Les ramifications techniques de ce système sont peut-être titanesques pour un simple profane ; mais ce que tout le monde peut saisir, c'est au moins ceci : lorsque le manque de piastres empê­che les gens d'acheter les choses, il semble parfai­tement logique qu'ils obtiennent ces choses en fournissant, en échange, ce qu'eux-mêmes ont à offrir en fait de marchandises, de services, ou mê­me simplement de travail.

"En d'autres termes, le P.X. crée un marché qui n'est pas un faux marché, puisque le besoin existe et que les consommateurs veulent ces cho­ses qui ne sont bloquées que par l'absence d'ar­gent.

"Voulez-vous un exemple pratique de ce que le P.X. peut faire ? Un certain service de livraison s'est affilié au P.X. et a fait du transport et des livraisons pour une foule de clients, étant par­tiellement payé en certificats de transferts de P.X. et accumulant ainsi un compte de crédit au bureau. Or, il y a quelques semaines, cette maison décidait de se construire un nouvel édifice. Son crédit de P.X. a couvert le tiers du prix de la construction."

Ce dernier exemple peut suggérer un emploi possible de leur crédit à nos marchands qui ne trouvent pas un écoulement immédiat au crédit qu'ils acceptent des associés.

Le lendemain, 16 avril, dans le même journal, M. Jack Scott revenait sur le sujet pour être bien compris :

"Supposons, pour le plaisir de la chose, que vous avez un magasin de chaussures. Vous enten­dez parler du P.X. et vous désirez y entrer. Vous allez simplement signer une entente avec le bu­reau du Purchase Exchange, déclarant être prêt à vendre votre marchandise pour du P.X., en tout ou en partie, fixant vous-même la limite d'accep­tation de transferts de P.X. au lieu d'argent. Le bureau va immédiatement enregistrer    votre nom et les conditions que vous offrez, dans le bottin commercial distribué aux membres.

"Disons que vous êtes prêt à écouler $500 de votre stock de cette manière, en ne demandant à l'acheteur que 70 pour cent en argent et accep­tant 30 pour cent en P.X.

"Vient un client affilié au système. Il choisit une paire de bottines de $10. Il vous donne $7.00 en billets de banque et un transfert P.X. de $3.00. Vous, marchand de chaussures, vous envoyez ce certificat de transfert au bureau du P.X., et cela fait entrer $3.00 à votre crédit dans le grand-livre du bureau.

"Le lendemain, c'est vous qui avez besoin d'une lampe de radio. Vous ouvrez le bottin du P.X. pour trouver un marchand de lampes de radio af­filié au P.X. Vous achetez la lampe voulue et vous payez, en tout ou en partie, selon l'indica­tion du marchand de lampes, en transfert de P.X.

"À quoi se résout l'opération ? Vous avez sim­plement vendu des chaussures qui restaient immo­bilisées sur vos étagères, et vous avez obtenu une lampe de radio que vous n'auriez peut-être pas été capable d'acheter autrement.

"Vous êtes curieux de savoir où l'acheteur de la paire de chaussures a pris les $3.00 de crédit P.X. qu'il vous a passées ? Mon Dieu, il les a peut-être eues pour de la marchandise qu'il a lui-même vendue, ou pour du travail qu'il a fait, ou pour une avance faite par le bureau."

Le P. X. et nous

Il y a quelques différences d'organisation entre la manière du P.X. et la nôtre. Nous-mêmes sau­rons assouplir notre mécanisme et l'adapter aux circonstances ou aux développements. Mais on voit la similitude de principes.

Des impatients vons nous demander : Pourrez-vous faire des échanges de crédit avec le crédit du P.X. de la Colombie-Anglaise ou avec les maisons de crédit du gouvernement albertain ? Rien ne s'y oppose. Les chiffres n'ont pas de frontières. Ce qui compte, ce sont les produits, leur qualité et la quantité qu'on peut avoir pour telle quantité d'argent, pour telle quantité de crédit. Mais il y a la distance qui, en augmentant le prix de re­vient, risque fort d'annuler les avantages, au moins à l'étape actuelle des organisations respec­tives. Toutefois, le dernier mot n'est pas dit.

De toute façon, cependant, la première chose à faire, c'est d'établir l'Association Créditiste chez nous, solide et forte, et d'en faire bénéficier le commerce de chez nous, la production de chez nous. Comptons sur nous avant de compter sur les autres.

Rappelons aussi que le but de notre Associa­tion Créditiste dépasse de beaucoup le simple avantage mercantile. Nous, créditistes de la pro­vince de Québec, nous nous appliquons à ne ja­mais perdre de vue l'objectif ; nous évitons de bâtir notre demeure à mi-route, de nous éterniser avec les moyens et d'oublier la fin.

C'est pour cela, d'ailleurs, que nous avons reje­té toute appellation qui suggérerait une simple entreprise commerciale. Nous avons jugé que "coopérative d'argent, mécanisme d'échanges...," rapetissaient la vision, et nous avons opté pour Association Créditiste. Nous sommes, en effet, avant tout, une association d'hommes, d'hommes créditistes, d'hommes qui poursuivent le bien commun et veulent mettre les choses à leur place, même l'argent et même la machine politique. As­socier des hommes est la chose importante ; l'aug­mentation de pouvoir d'achat dont ils bénéficient est intéressant, mais secondaire.

C'est pourquoi, aussi, cette association d'hom­mes demande à chacun de ses membres de verser une contribution fixe de six dollars par an, quel que puisse être le chiffre d'affaires, zéro ou un million, qui sera fait par l'intermédiaire des trans­ferts de crédit mutuel. Nous voulons financer un travail progressif, non récompenser une habileté commerciale. Au lieu que le P.X., qui semble se borner à procurer des avantages pour l'écoulement de produits accumulés, paie son personnel em­ployé au prorata du commerce entre membres : une commission de 5 pour cent du montant soldé en crédit P.X.

Notre Association Créditiste ne s'évaluera ja­mais en piastres et en sous. Elle groupe des hom­mes, elle éduque des hommes, elle forme des chefs et elle va libérer la province.

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