Nous extrayons la note suivante de L'Ordre Social, Moncton, 2 avril 1940 :
Sydney, Australie, 27. — On rapporte que le gouvernement Menzies songe à prendre des mesures radicales contre les éléments subversifs en Australie à la suite de la résolution anti-guerre et pro-russe adoptée dimanche dernier par le congrès travailliste de la Nouvelle-Galles du Sud. La résolution, qui a été adoptée par un vote de 195 à 88, affirme que ce sont les capitalistes impérialistes anglais qui ont amené la guerre. Le chef de l'opposition travailliste fédérale, M. John Curtin, a dénoncé la résolution.
Est-ce bien pro-russe de dire que ce sont les capitalistes impérialistes anglais qui ont amené la guerre ? Nous ne connaissons rien du congrès travailliste de la Nouvelle-Galles du Sud. Mais nous nous défions de ces rapports de la presse internationale. Ils veulent souvent attacher l'étiquette communiste à des mouvements qui cherchent sincèrement et par des méthodes saines, à soustraire le peuple à l'exploitation de la grosse finance. 164 mots
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"Cette guerre coûtera 4 ou 5 fois autant que la dernière. Elle ruinera l'Australie, à moins qu'on prenne les moyens d'établir une méthode nouvelle de finance pour éviter une grosse accumulation de dettes. Il est donc aussi important de battre le système financier que de battre les Allemands".
Ces paroles sont de Dwyer Gray, et furent prononcées dans le saint des saints de la finance australienne, devant le Loan Council dont il est un des membres. Les idées nouvelles font leur chemin.
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De L'Action Catholique, du 5 avril, dans le rapport de la session provinciale du jour précédent :
On fait alors l'appel des députés pour prendre le premier vote de la session. MM. Francœur, Messier et Lawn, whips du gouvernement, ainsi que MM. Barrette et Bégin, whips de l'opposition, vont partout chercher les absents.
Pourquoi chercher les absents ? Pour voter sur un bill discuté pendant leur absence. Comment cela ? Quand on est député de parti on n'a pas besoin de cerveau, quelques-uns pensent pour tout le groupe.
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Extrait du Canadien de Lévis, du Colon de Roberval et de quelques autres feuilles qui s'alimentent à une source commune :
"Le peuple d'Alberta fut déçu par des démagogues sans scrupule qu'il n'a pu renvoyer chez eux à cette élection. Les rênes du pouvoir et les forces de l'argent ont eu raison de la résistance et de l'opposition populaires... La comparaison entre l'avènement des créditistes et des dictateurs européens s'impose avec force... Le Crédit Social cherche à s'imposer ailleurs sachant bien que s'il parvient à s'imposer quelque part, il ne sera pas facile de l'en déloger. Dans le Québec, on trouve des groupes de ces socialistes qui veulent la conscription des hommes et de l'argent, politique de ruine et de chômage. Un tel programme socialiste menace directement chaque famille et chaque épargnant de la province."
Si les éditeurs de nos vaillants hebdomadaires ruraux ne peuvent eux-mêmes rédiger une revue des événements, qu'ils se dispensent tout de même de nous servir la cuisine mandatée des Editorial Associates Ltd. Un éditeur qui se respecte doit au moins comprendre ce qu'il insère dans son journal.
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Extrait du rapport d'une causerie prononcée à la radio de Sherbrooke par le révérend Père Louis Lachance, dominicain, professeur au grand séminaire de Sherbrooke :
"Celui qui n'a pas l'esprit social fera difficilement son salut étemel... Chaque individu qui a le privilège de vivre dans une société juridiquement constituée encourt de ce chef des devoirs rigoureux envers ses concitoyens. Il est tenu en conscience de faire ce qui est en son pouvoir pour que chacun ait la part qui lui revient des avantages de la vie communautaire. Car la société n'a pas été instituée au profit de quelques égoïstes et au détriment de la masse du peuple. Bien au contraire, la loi divine qui a poussé l'homme à l'état social et politique réclame, non moins que la droite raison, une juste répartition des biens temporels."
(La Tribune, Sherbrooke).
Quelques jours plus tard, le même religieux disait, à un thé-causerie de charité donné au profit de l'Assistance Maternelle (Tribune du 29 mars) :
"À mon humble avis, s'il y a tant de pauvres de nos jours, ce n'est pas parce qu'il y a des riches, des riches honnêtes et charitables, — et ce serait dommage qu'il n'y en eût pas, — mais parce que sévit un régime d'injustice dont les conséquences sont funestes à certaines classes de la société. Quelques individus, favorisés par une législation malhonnête, cumulent les capitaux, tandis que d'autres meurent de faim au sein de l'abondance. Et il me paraît incontestable que tant que nous n'aurons pas obtenu de nos gouvernants des réformes dans le domaine monétaire et celui de l'association, les choses iront implacablement mal."
Le révérend Père Lachance est le grand professeur de philosophie des Dominicains au Canada. Si nos économistes et nos politiciens n'arrivent pas aux mêmes conclusions, c'est peut-être parce que leur dose de philosophie est très diluée.
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M. M.-T. Stenson déclare que si Sherbrooke possède un aéroport, elle pourra probablement compter sur l'établissement d'une école d'aviation de 500, peut-être de 1,000 élèves, ce qui aiderait considérablement le commerce. M. Stenson ajoute qu'il y a quelque chose qui ne va pas en notre ville, que certaines personnes manquent d'initiative. Sherbrooke possède des quartiers militaires bien équipés, mais presque vacants, tandis que dans d'autres villes de la province, les soldats sont à l'étroit et mal logés. Pourquoi demande-t-il, ne fait-on pas de démarches auprès des autorités militaires pour qu'il y ait plus de soldats à l'entraînement ici ? La plus grande partie de la population en bénéficierait.
Les soldats activeraient le commerce de Sherbrooke : premièrement, parce que ce serait une importation de consommateurs financés ; deuxièmement, parce que, ne travaillant pas, ils laisseraient aux Sherbrookois authentiques l'avantage de l'activation de l'emploi ; troisièmement, (plus spécial à M. Stenson) parce que le soldat ne dédaigne pas la bière et que monsieur Stenson est agent d'une compagnie de bière à Sherbrooke.
Henri DUBUC