De L'Action Catholique du 29 avril :
Le Très Honorable Ernest Lapointe, ministre de la Justice, est à l'hôpital. Il souffre d'un rhume. On croit que le ministre quittera l'hôpital dans peu de jours.
Aller à l'hôpital pour un rhume, c'est du Crédit Social, cela, monsieur Lapointe. Il faut recevoir des dividendes pour se payer ce luxe-là ! Admettriez-vous par hasard, monsieur Lapointe, les bienfaits du dividende pour quelques-uns ? De là à admettre les bienfaits du dividende pour tout le monde, c'est-à-dire les bienfaits du Crédit Social, il n'y a qu'un pas, mais c'est un grand pas celui qui mène de l'égoïsme au sens social, monsieur Lapointe !
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Dépêche de la B.U.P., émise de London, Ontario, le 29 avril :
Le procureur général Gordon Conant a déclaré, samedi, que son ministère poursuivra avec la plus grande vigueur tous les communistes de l'Ontario si le gouvernement fédéral veut bien adopter une loi mettant au ban de la nation le parti communiste. Il a ajouté que sa déclaration pouvait aussi bien s'appliquer au parti fasciste et aux autres "groupes subversifs".
Monsieur Gordon Conant mettra sans doute au ban de la nation le système bancaire actuel qui a sa manière d'être subversif. Il ne renverse pas un ordre, il maintient un désordre — ce qui est aussi funeste.
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Le Globe and Mail de Toronto cite quelques paroles d'un grand discours impérialiste du sénateur C.-P. Beaubien :
Nous combattons pour le Canada, nous combattons pour arrêter la brute rampante dans son antre, afin de ne pas sentir sa dent et sa griffe chez nous. Nous combattons pour la liberté de notre pays, la continuation de la liberté de parole et une destinée ultime merveilleuse. Nous combattons pour l'Empire britannique, dont nous sommes la seconde partie majeure, et peut-être aussi, dans l'avenir, sa base majeure de force. Nous combattons pour l'Empire...
Il y a une bête rampante dont la dent et la griffe se font cruellement sentir chez nous. Il serait opportun de commencer par combattre celle-là, sénateur. Mais peut-être fait-elle pour vous patte de velours ?
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Du Canadien de Lévis, du 29 avril :
Il y a tout un rouage certainement détraqué dans notre organisme économique et nous souhaiterions que pendant que nous nous sacrifions pour débarrasser la terre des éléments qui attentent à notre liberté nous prenions les moyens nécessaires pour nous débarrasser aussi d'un état de chose qui sera bientôt pire que la guerre, d'une puissance qui profite précisément de la guerre pour nous asservir davantage par les dettes. L'homme, le roi de la création, qui est parvenu à dominer les éléments, demeurera-t-il toujours impuissant à se forger un organisme économique qui lui donnera la prospérité à laquelle il a droit ? Nous ne comprenons pas encore une fois qu'au lendemain d'une guerre pendant laquelle l'homme se sera libéré des liens qui attentaient à sa liberté, le même homme se trouve cent fois plus esclave des dettes sur lesquelles il semble impuissant à exercer un contrôle qui le soulage au moins.
Très bien. Nous irions même plus loin, car nous ne voyons pas bien quels éléments ont tellement attenté à notre liberté politique au Canada qu'il faille tout mobiliser contre eux, tandis que nous sentons terriblement l'asservissement économique. Mais pourquoi Le Canadien persiste-t-il à publier, sur une autre page, en guise de Revue de la semaine, la concoction des Editorial Associates Ltd contre l'économique de l'abondance, contre la doctrine qui réclame pour tous la prospérité à laquelle tous ont droit ?
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De La Tribune de Sherbrooke, du 1er mai :
La ville de Hull aura bientôt son Centre civique. Le projet, longtemps discuté, est maintenant en voie de réalisation. En écrivant ces lignes, nous avons sous les yeux la photographie de cet édifice moderne qui, dit-on, pourra recevoir plus de 5000 personnes assises et plus de 1500 autres debout. L'édifice présente des lignes sobres, mais jolies... Hull dame le pion à la Reine des Cantons de l'Est.
Et les taudis de Hull ? Leurs photographies se promènent-elles aussi dans les salles de rédaction de nos journaux à propagande ?
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D'une causerie du R. P. Louis Lachance, o.p., au poste CHLT, Sherbrooke :
Tous les moyens que la divine Providence met à notre usage, tels nos pensées, nos paroles, nos actes, nos biens-meubles et immeubles, ont directement ou indirectement une destination sociale. Si, dans le domaine politique, nous commençons à nous dégager du libéralisme doctrinal, il est incontestable que dans le domaine économique et social, nous n'avons pas été exempts de ses contaminations. C'est ainsi que l'on entend des gens prôner que ce serait violer un droit sacré que d'entraver la liberté de presse, de paroles, de concurrence, la liberté sous toutes ses formes. On croirait que la société a été créée et mise au monde dans le but de promouvoir la monstrueuse personnalité de quelques individus. On va même jusqu'à refuser à l'état le droit de leur imposer quelque restriction que ce soit.
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Découverte de T.D.
Des journaux, de samedi, rapportant une explication du Plan Bouchard, donnée par M. Bouchard lui-même :
Le chômage est créé par le manque de travail. Il ne peut donc être guéri que par l'apport de travaux.
Manque de travail à faire, ou manque d'argent pour le payer ? Pourquoi le travail a-t-il arrêté alors qu'il restait tant de besoins à satisfaire ? M. Bouchard poussera sans doute un peu plus loin sa méditation.
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Découverte de V. Doré
Le 27 avril, devant les instituteurs réunis à l'École Normale de Québec, M. Victor Doré, surintendant de l'Instruction Publique, disait :
Notre problème pédagogique est surtout un problème d'ordre économique. Donnez-moi de l'argent et je transformerai notre monde enseignant. Y a-t-il un pays où il y ait plus de dévouement parmi les instituteurs que chez nous ? Je dirais même y a-t-il un pays où il y ait plus de compétence ? Il y a chez nous toute la compétence qu'on peut acquérir avec les moyens dont nous disposons. Si nos professeurs pouvaient étudier plus longtemps, ils pourraient se qualifier davantage. Mais pour cela il faut des parents plus riches ou plus d'argent de la part des autorités publiques.
Ce qui s'appelle souligner que la richesse réelle, le dévouement, la science, pas plus que les choses matérielles, ne manquent au Canada. Il n'y manque que l'argent. Et l'on se prive de tout en s'inclinant religieusement devant le manque d'une chose qui ne dépend, après tout, que de la volonté d'hommes.