"I don't speak French. I speak English, Sir. I speak no foreign language, Sir."
Ce qui veut dire :
"Je ne parle pas français. Je parle anglais, monsieur. Je ne parle pas de langue étrangère, monsieur."
Où ont été prononcées ces belles phrases ? À Québec, dans la capitale de la province française du Canada.
Par qui ? Par un soldat de la démocratie canadienne.
Ainsi, notre journal est rédigé en une langue étrangère ! Ceux qui parlent français à Québec sont des étrangers !
* * *
Il y a quelques jours, M. Bernard Bissonnette, député de l'Assomption et président de l'Assemblée Législative, crut bon de recommander un citoyen de St-Henri de Mascouche à l'attention de la Montreal Locomotive Works Limited, compagnie de Montréal fabriquant des munitions payées par les citoyens des deux langues, pour la défense d'un Canada bilingue.
Le surintendant de la compagnie répondit à M. Bissonnette (nous traduisons) :
"Sur votre recommandation, le soussigné a eu un entretien avec M. Rodrigue Clark et trouve qu'il ne parle et ne comprend que le français, ce qui rend son emploi dans le rayon de la production plus ou moins difficile pour nous ; mais nous essaierons plus tard de le placer comme auxiliaire." (James S. Ambrose, surintendant.)
Comme dans bien d'autres établissements du genre, les emplois de contremaîtres sont confiés à des gens de langue anglaise qui savent apprécier les enveloppes de paie, mais ne "parlent pas de langue étrangère". L'ignorance de ces contremaîtres, incapables de donner des instructions en français dans la province de Québec, entraîne l'obligation technique de se borner à des employés qui comprennent l'anglais. C'est-à-dire que l'employé doit ou bien appartenir à la minorité ethnique de la province, ou bien être plus instruit, en fait de langues, que son supérieur.
Aux autres, à ceux qui croyaient être des Canadiens même en ne parlant que la langue des fondateurs du Canada, il reste le privilège de payer des taxes et d'affronter les canons allemands ou japonais.