Après le troisième emprunt de la Victoire, l'hon. Ilsley, ministre des Finances, annonçait que presque le quart de l'emprunt avait été souscrit par les banques à charte. Soit 205 millions de dollars.
205 millions de dollars, fruits de combien de sueurs et de combien de privations de la part des banques qui les ont souscrits ?
Voici la genèse, en deux opérations, de ces 205 millions, telle que présentée par M. R. Cantleton dans Today and Tomorrow du 26 novembre.
Il paraît qu'en juillet et août derniers, le trésor du Dominion était à sec. Quelqu'un des gardiens du Trésor vide dut aller aux manufacturiers de l'argent, aux banquiers.
Le cas fut exposé. Les termes exacts sont inconnus, mais ce fut sans doute à peu près de la sorte : Messieurs les banquiers, nous projetons une autre campagne d'emprunt pour cet automne. Nous demanderons trois quarts de milliard. Comme d'habitude, nous pouvons prévoir une sur-souscription substantielle. Mais en attendant, nous sommes un peu embarrassés pour les dépenses urgentes.
Et les banquiers n'hésitèrent pas : Les hypothèques sur le Canada sont toujours bonnes. Combien voulez-vous ? Nous allons arranger cela. Le comptable du grand-livre a encore de l'encre dans sa plume. Allez donc le voir.
Et les banques créèrent, d'un trait de plume, cette fois, 645 millions de dollars, acceptant en garantie les certificats du Trésor payables dans six mois. Tout petit intérêt : ¾ de un pour cent.
Vint le grand emprunt de l'automne. Et c'est pour racheter 205 millions du crédit avancé à l'été que le gouvernement a passé aux banques 205 millions des obligations du troisième emprunt de la Victoire. Les 205 millions rachetés portaient intérêt seulement à ¾ de un pour cent ; les 205 millions qui les remplacent porteront intérêt à 3 pour cent — quatre fois plus : les banques n'ont pas dû froncer les sourcils.
Qu'on réponde maintenant à la question : Combien de sueurs et de privations de la part des banques représente cette tranche considérable du troisième emprunt de la victoire ?