L'institut des Brasseries du Canada fait une grande propagande, payée par les buveurs de bière, pour bloquer tout mouvement qui pourrait diminuer le flot d'argent que les marchands de boisson soutirent aux foyers.
Dans son communiqué à la presse, No 3, daté du 27 mars, l'institut des Brasseries, après avoir fait sonner les grands mots de liberté et de démocratie, s'élève contre l'idée de prohiber les annonces des brasseries dans les journaux. Les évêques ont pu exprimer leur opinion dans ce sens, mais les évêques sont des antidémocrates et des étouffeurs de liberté. Puis on fait intervenir le besoin de donner de l'ouvrage au monde, que plusieurs considèrent comme une fin de l'économie :
"Les réformateurs ont-ils songé, par exemple, que cette publicité des brasseries se traduit en salaires payés à des typographes, des écrivains, des compositeurs, des clicheurs, des photographes, des graveurs, à des fabricants d'encre et de papier, à des livreurs, des dactylographes, des commis de bureau, etc. ? Qui donc fournirait du travail à tous ces gens le jour où nos journaux, privés des revenus que leur procurent ces annonces, se verraient forcés de les congédier ?"
La raison de l'institut des Brasseries doit avoir sombré dans quelque bassin de fermentation. Pourquoi le plaidoyer ne continue-t-il pas : "Les ivrognes procurent de l'ouvrage aux policiers, aux recorders, aux employés des cours de police. Les habits déchirés, les yeux pochés, les vitres cassées, procurent de l'ouvrage aux femmes, aux médecins, aux vitriers, etc. Les enfants négligés, mal élevés ou idiots procurent de l'ouvrage aux maisons des jeunes délinquants, plus tard aux prisons communes, souvent aux asiles d'aliénés, etc. Et encore etc., etc. Qui donc donnerait de l'ouvrage à tous ces gens s'il n'y avait pas de désordre ?"
Tant que c'est l'ouvrage qu'on cherche, sans s'occuper de l'objectif, on doit bénir de toute son âme ce génie d'Adolf Hitler qui fait enfin remuer les gouvernements et met les industries en branle dans notre pays et ailleurs. On bénira aussi les guerres civiles, les saboteurs, les incendiaires, tout ce qui détruit pour donner de l'ouvrage à reconstruire.
On va loin quand on déraisonne.