"Il faut être diplomate" disent certains personnages. "Il faut réclamer des réformes, sans mettre d'avant la réforme de l'argent... Il faut parler de réforme monétaire sans mentionner le Crédit Social... Il faut être créditiste sans le dire."
— Mais, pourquoi tant de détours ?
— "Parce que le Crédit Social a une mauvaise réputation."
— Le Crédit Social a une mauvaise réputation auprès du peuple qui croit tout ce qu'il lit dans les journaux de la Finance, et auprès de nos dirigeants, d'une quelconque autorité, qui ont des amis parmi les trustards. N'est-ce pas, monsieur le diplomate ?
— "C'est entendu. Mais, il faut prendre les gens tels qu'ils sont, ne pas trop les heurter pour l'amour même de notre cause."
— Pour mettre les choses au point, cher diplomate, disons d'abord que la cause de la vérité est la cause de tout le monde. Si notre cause est la cause de la vérité, notre cause est celle de tous. En défendant la vérité, c'est nous-mêmes que nous défendons et les autres aussi. Et de même que nous devons rendre témoignage à la vérité, de même nous devons rendre témoignage à notre cause, si elle est vraie. Et c'est partout et en toutes occasions que nous devons rendre ce témoignage.
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Avons-nous un autre rôle à jouer, nous, baptisés, fils de la Vérité, si ce n'est de rendre témoignage à la vérité ?
Nous ne devons pas être assez orgueilleux pour croire que c'est nous qui établirons le règne de la Vérité. Dieu seul peut le faire. C'est Lui seul qui décidera du succès ou de l'insuccès de nos efforts. Il n'exige pas de nous que nous réussissions. Tout ce qu'il nous demande c'est que nous rendions témoignage à la Vérité. Et nous, nous ne pouvons exiger le succès. Nous devons produire tous les efforts possibles, et les diriger d'une manière intelligente vers le règne de la Vérité, en abandonnant les résultats à la Sagesse divine.
Cher diplomate, je ne crois pas que vous puissiez dire que cette doctrine n'est pas conforme aux enseignements de l'Église. Elle ressemble trop à l'idéal qui a inspiré les martyrs de notre foi, ceux qui, pour rendre témoignage à la Vérité, avaient l'air de tout sacrifier, même leur propre cause, puisqu'ils laissaient tuer ses meilleurs défenseurs.
Et cette doctrine ressemble bien peu à la vôtre, cher diplomate.
Et votre diplomatie frise tellement l'hypocrisie. Elle a tellement l'air de vouloir ménager la chèvre et le chou pour protéger des amitiés serviables, des positions commodes, et laisser vivre des ambitions... légitimes.
Vous excusez, même librement, vos ambitions disant qu'une fois en place vous aurez plus de prestige pour agir. Ne croyez-vous pas qu'une fois en place, votre prestige lui-même nécessitera encore plus de diplomatie ? Les couronnes sont tellement lourdes pour les consciences !
Le monde est gavé d'hommes de prestige, et se meurt de carence de Vérité.
