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Déclaration publique demandée au Bloc Populaire Canadien

Maître J.-Ernest Grégoire le lundi, 01 mars 1943. Dans La politique

Lors du passage de M. Maxime Raymond, chef du Bloc Populaire Canadien, et de ses lieutenants, à Magog et à Sherbrooke, le dimanche 21 février, les créditistes de ces deux villes, agissant comme Union des Électeurs, ont préparé le document sui­vant, signé par 476 électeurs de Magog et 1,580 électeurs de Sherbrooke. Le document fut remis au président de chaque assemblée, dans la salle même.

M. MAXIME RAYMOND

Chef du Bloc Populaire Canadien

Les soussignés, créditistes et membres de l'Union des électeurs de Sherbrooke et de Magog, conscients de l'urgence d'une ré­forme monétaire avant toute autre entre­prise d'assainissement dans le domaine éco­nomique, désirent savoir si, advenant son accession au pouvoir, le Bloc Populaire Ca­nadien se hâterait de légiférer dans le sens des propositions du Crédit Social. À l'occa­sion de votre passage dans nos deux villes, les soussignés attendent une déclaration publique, nette et sans équivoque à ce su­jet.

M. Maxime Raymond était absent, et c'est le Dr Philippe Hamel qui dut répondre à sa place.

À Magog, le Dr Hamel fut court ; à Sherbrooke, il s'étendit davantage. Dans les deux places, cha­que fois qu'il prononçait le mot créditiste, toute la salle éclatait en applaudissements.

Voici quelques-unes des déclarations du Dr Ha­mel, en réponse à la demande des créditistes :

"J'estime qu'il faut avant toutes autres réformes faire celle du crédit et de la monnaie. Cependant, il faut être prudent. Avant de changer le système économique, il faut bien s'assurer que celui que l'on mettra à la place du vieux soit meilleur... Je puis vous dire ceci de la part de mon chef Maxime Raymond, et j'en prends la pleine responsabilité :

"Si nous prenons le pouvoir, si on nous fait con­fiance, l'un de nos premiers gestes sera de former une commission indépendante de la politique, sans banquiers et financiers dedans, pour maintenir le niveau de l'argent pour faire face à la production, avec l'aide d'une banque provinciale. Mais là enco­re, il faudra aller au fédéral, c'est un problème très difficile à résoudre...

"Donc, chers créditistes de Sherbrooke, vous n'avez pas d'amis plus sincères et plus loyaux que les chefs du Bloc Populaire Canadien, croyez-moi !..."

* * *

Nous ferons respectueusement remarquer au Dr Hamel que les créditistes croient n'avoir pas de meilleurs amis qu'eux-mêmes. Les créditistes sa­vent ce qu'ils veulent et ils sont bien décidés à l'ob­tenir.

À Magog, le docteur Hamel a exprimé le désir de voir établir une commission d'experts en économie, d'Angleterre, d'Europe et des États-Unis, pour suivre les changements de notre système. Qu'il continue de le désirer, si cela lui fait plaisir. Mais les créditistes n'ont pas du tout demandé aux chefs

du Bloc Populaire Canadien quelle méthode ils emploieraient, quelles consultations ils feraient, quelle surveillance ils établiraient : tout cela est af­faire d'administration. Ce sont les résultats qui comptent pour nous : Le Bloc Populaire Canadien légiférerait-il dans le sens des propositions du Cré­dit Social. Oui, ou non ?

Dire aux créditistes que le provincial devra aller au fédéral n'est non plus d'aucun intérêt pour eux. Pas plus que si le fédéral disait à son tour qu'il faut aller à Londres ou à Genève, ou qu'il faut d'abord dresser un inventaire de l'Afrique ou de l'Asie. Les créditistes savent de façon certaine :

1. — Qu'il y a des besoins dans la province ;

2. — Qu'il y a des biens dans la province ;

3. — Qu'on manque de moyen de paiement du côté des besoins pour obtenir les biens ;

4. — Que le Crédit Social offre justement la solution à ce problème.

En conséquence, ils demandent aux aspirants au pouvoir si, avec les rênes du gouvernement en main à Québec, ils se hâteraient de légiférer dans le sens des propositions du Crédit Social.

* * *

La question n'ayant pas été répondue de la ma­nière nette et sans équivoque qu'elle demandait, sera posée de nouveau.

Que tel ou tel des dirigeants d'un parti politique ait telle ou telle opinion personnelle ; que l'un soit pour l'argent par l'État, mais pas pour le dividen­de ; qu'un autre soit pour financer la production, mais pas la consommation ; qu'un autre soit pour la réforme des mœurs lorsqu'on lui demande du pain  —  tout cela est secondaire. Ce qui importe pour les créditistes, de la part des législateurs de leur pays, c'est une législation créditiste.

Avec des gens qui n'ont pas étudié, avec les fou­les genres d'il y a quelques années, on peut se payer de formules, de compliments et d'échappatoires. Pas avec les créditistes.

* * *

L'assistance de Sherbrooke, semée de créditistes décidés et stylés, n'était pas un auditoire ordinai­re.

Lorsque le Dr Hamel dit : "M. J.-Ernest Gré­goire est mon ami intime", des applaudissements prolongés répondirent : c'est que M. J.-Ernest Gré­goire est un créditiste pur-sang.

M. Philippe Girard, organisateur du Bloc pour le district de Montréal, lecteur assidu de Vers De­main, et peut-être à date le seul créditiste parmi les lieutenants de M. Maxime Raymond, était aus­si à Sherbrooke. Dans son discours, il lui arriva, sciemment ou non, d'employer le mot "Nouvelle-France" pour province de Québec. Ce furent des applaudissements frénétiques pendant deux minu­tes.

Nous ne surveillons pas que le Bloc Populaire Canadien. Les autres groupes reçoivent aussi notre attention. Nous suivrons les chefs dans leurs ran­données : les créditistes de Nouvelle-France veu­lent savoir quels politiciens sont prêts à les servir.

Lettre intéressante et instructive

Québec, le 23 février 1943

Cher monsieur Even,

Il n'y a pas encore un an, il est vrai, que l'Association Créditiste fut fondée ; et ma contribution, que je n'ai pas hésité à payer pour toute une année dès le début, n'est donc pas encore expirée.

Cependant, je me fais un plaisir de de­vancer le terme et de verser tout de suite ma contribution de la deuxième année. Je tiens à éviter à la direction toute démarche, et à l'administration toute dépense, pour le renouvellement, au moins en ce qui me concerne. Les énergies consacrées au Cré­dit Social sont trop précieuses pour en dis­traire inutilement. Je souhaiterais que tous les Associés surveillent eux-mêmes leurs échéances et n'attendent pas la visite d'un solliciteur qui serait fructueusement occu­pé à faire de l'expansion en terrain neuf.

Je vous inclus donc mon cinq dollars, et je le fais de grand cœur, sachant que cha­que sou de cette petite somme travaillera à soustraire notre Nouvelle-France à la griffe des banquiers et de leurs consorts.

Ce $5.00 n'est ni un prêt ni un placement. Tous les associés sont unanimes à compren­dre que c'est un don pur et simple que nous plaçons à la discrétion des directeurs du mouvement créditiste pour en faciliter le développement.

Il me semble que tous les créditistes sin­cères feront l'impossible pour être de l'As­sociation. Quand bien même l'Association, à cause des mesures de guerre ou en raison d'autres circonstances, ne donnerait aucun avantage personnel à ses membres, les as­sociés ont la certitude consolante de sou­tenir efficacement celui, de tous les mou­vements d'éducation de la masse, qui a le plus fait pour éclairer les esprits et susciter des dévouements.

Veuillez donc agréer l'assurance des vœux sincères que je forme pour le succès du mouvement.

Votre bien dévoué,

J.-Ernest GRÉGOIRE

Maître J.-Ernest Grégoire

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