Où habite l'or ? Dans les entrailles de la terre. Comment faire pour l'avoir ? Prospecter, trouver, creuser, miner, hisser, concasser, laver, griller, chlorurer, cyanurer, affiner.
Et après ? Emballer, expédier, enterrer. Enterrer ? Oui, et au plus pressant. L'or n'est bien que dans le sein de la terre, afin que les idolâtres se penchent vers l'enfer pour rendre hommage au dieu jaune.
Sans rire, à peine l'or est-il purifié et coulé en briques qu'il est expédié à l'acheteur. L'or est surtout acheté, ces années-ci, par le gouvernement américain, qui le fait enfouir, sous bonne garde, dans des voûtes solidement établies à Fort Knox, dans les collines du Kentucky.
Ainsi, l'or passe d'un trou naturel qu'il faut découvrir à un trou artificiel qu'il faut respecter.
Combien de personnes au Canada sont employées à changer l'or de trou ? 32,245.
Comment ! 32,245 hommes employés à ce jeu-là, même pendant la guerre ? Même pendant la guerre, lorsqu'on crie à la disette d'hommes valides.
Mais à quoi l'or sert-il pour faire la guerre ? Demandez à Adolf Hitler qui a monté sans une once d'or la plus forte machine de guerre du monde. Demandez à un simple soldat qui reçoit dans l'abdomen une poignée de granules de plomb, lancées, à la viesse de 1000 milles à l'heure, si ça ne lui coupe pas le sifflet beaucoup plus efficacement que les briques d'or religieusement alignées dans les tabernacles souterrains du Kentucky.