L'Ottawa Citizen du 25 juin reproduit un article de l'Arizona Daily Star, dans lequel on relève ce passage :
"Les Canadiens français du Québec jouissent de droits spéciaux qui leur sont garantis par ce qui équivaut à une constitution canadienne, l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique. Ils ont leur propre langue, leurs écoles, leur religion garantis par la couronne britannique.
"On pourrait croire que, puisque la couronne anglaise garantit leurs droits aux Canadiens français, ceux-ci devraient être profondément intéressés à l'avenir de la Grande-Bretagne. Mais ils ne le sont pas. Ils protestent de leur loyauté, mais lorsqu'il s'agit de démontrer leur loyauté en combattant pour le pouvoir qui assure leurs droits spéciaux, ils sont tout à fait disposés à laisser le voisin faire le combat."
Quel que soit le degré d'ardeur ou de froideur que le Canadien français apporte à la guerre, et quelles que soient les raisons qu'on puisse avoir de chercher à modifier ce degré, ce n'est toujours pas par l'argument précité qu'on y arrivera.
Le droit à notre langue, le droit à nos écoles, le droit à notre religion, sont des droits naturels. Ce n'est point du tout un cadeau que nous a fait l'Angleterre. Nous avions ces droits-là bien avant que le Union Jack remplace sur nos ramparts le drapeau fleurdelysé. Si le conquérant ne nous les a pas volés, il ne nous les a pas non plus donnés.
Que dirait l'Arizona Daily Star, ou après lui l'Ottawa Citizen, si les Allemands ou les Japonais s'emparaient de l'Arizona ou de l'Ontario, y plantaient leur drapeau, mais laissaient aux citoyens leur langue, leurs écoles et leur religion, puis leur diraient : "On vous garantit le droit à votre langue, à vos écoles, à votre religion ; vous devez donc être profondément intéressés à l'avenir du reich allemand, ou de l'empire japonais, et prêts à nous aider contre nos ennemis."
Nous ne comparons nullement la couronne britannique aux gouvernements de nos ennemis de l'heure ; mais nous ramenons simplement le raisonnement du journal de l'Arizona au niveau qu'il mérite.