"Au lieu de parler de dividende national, pourquoi ne pas plutôt parler de diminution de taxes ?"
Telle est la réflexion que nous faisait récemment une personne bien intentionnée, à la suite d'une conférence sur le Crédit Social.
Nous ne doutons pas que les taxes, les impôts diminuent le pouvoir d'achat et qu'un allègement des taxes serait une chose très désirable, surtout lorsqu'elles portent, directement ou indirectement, sur les choses indispensables que la mère de famille achète au comptoir.
Toutefois, à qui n'a rien, c'est bien le dividende qui presse le plus. Puis, à ceux qui paient des taxes, l'activité créée par le dividende à tout le monde donnera une base plus large pour supporter les taxes.
Là, comme en bien autre chose, ce n'est pas ce qui sort qui compte, mais ce qui reste.
Un peu d'arithmétique :
Vous avez à payer, disons, une taxe de 10 pour cent sur votre revenu. Si votre revenu est de $100, vous payez $10 en taxe et il vous reste $90. Vous trouvez cela dur.
Si votre revenu est monté à $200, avec la même taxe de 10 pour cent, vous payer $20, et il vous reste $180. Vous trouvez cela moins dur.
Pourquoi est-ce moins dur dans le deuxième cas, alors que vous payez deux fois plus en taxe ? Parce qu'il vous reste tout de même deux fois plus en mains.
Voilà pourquoi les maisons de crédit, en Alberta, tout en coûtant de l'argent au contribuable pour leur administration, lui sont plus avantageuses que si elles n'existaient pas. Le Programme Intérimaire, conduit par l'intermédiaire de ces maisons, a développé la production albertaine et augmenté le revenu des contribuables bien au-delà de ce que le contribuable doit payer pour leur administration.
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Dans un autre ordre de choses, la même arithmétique, l'arithmétique qui met en évidence, non ce qu'on ôte, mais ce qui reste, peut servir à rectifier des jugements superficiels. Nous faisons allusion aux certificats de guerre, aux emprunts de la victoire et à diverses autres sortes d'épargne, autour desquelles, à cause de leur but immédiat, on fait beaucoup de publicité.
Il ne serait pas juste de juger de l'effort de guerre de quelqu'un d'après le chiffre de ses emprunts de la victoire. Le chef d'une grosse famille, qui retire un modeste salaire, peut, tout en n'achetant que peu ou point de ces papiers, être aussi bon, ou même meilleur patriote qu'un monsieur à gros revenu qui se fait citer pour les argents qu'il passe ainsi à sa patrie.
À obligations familiales égales, une piastre appliquée à l'emprunt de la Victoire, sur un revenu hebdomadaire de $60. Au premier, il ne reste que $19 ; au second, il reste encore $50.
N'est-ce pas un peu ce qui se passait un certain jour au Temple de Jérusalem, lorsque de riches Pharisiens faisaient tomber avec orgueil des pièces d'or dans le trolls des offrandes destinées à l'entretien du Temple ; alors qu'une pauvre veuve n'y mettait qu'un vulgaire sou brun ?
De la part des riches, l'offrande était une bagatelle, parce qu'il leur restait beaucoup, et ils gâtaient encore cette bagatelle par leur affiche de vertu. Chez la veuve, l'offrande était de l'héroïsme, parce qu'il ne lui restait pas de quoi se procurer les nécessités de la vie ("Elle a donné de son nécessaire"), et elle sanctifiait sa très modeste offrande par sa pureté d'intention, son humilité et son grand amour.