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Ce qui reste compte

le mercredi, 15 avril 1942. Dans Réflexions

"Au lieu de parler de dividende national, pour­quoi ne pas plutôt parler de diminution de taxes ?"

Telle est la réflexion que nous faisait récemment une personne bien intentionnée, à la suite d'une conférence sur le Crédit Social.

Nous ne doutons pas que les taxes, les impôts diminuent le pouvoir d'achat et qu'un allège­ment des taxes serait une chose très désirable, sur­tout lorsqu'elles portent, directement ou indirecte­ment, sur les choses indispensables que la mère de famille achète au comptoir.

Toutefois, à qui n'a rien, c'est bien le dividende qui presse le plus. Puis, à ceux qui paient des ta­xes, l'activité créée par le dividende à tout le mon­de donnera une base plus large pour supporter les taxes.

Là, comme en bien autre chose, ce n'est pas ce qui sort qui compte, mais ce qui reste.

Un peu d'arithmétique :

Vous avez à payer, disons, une taxe de 10 pour cent sur votre revenu. Si votre revenu est de $100, vous payez $10 en taxe et il vous reste $90. Vous trouvez cela dur.

Si votre revenu est monté à $200, avec la même taxe de 10 pour cent, vous payer $20, et il vous reste $180. Vous trouvez cela moins dur.

Pourquoi est-ce moins dur dans le deuxième cas, alors que vous payez deux fois plus en taxe ? Parce qu'il vous reste tout de même deux fois plus en mains.

Voilà pourquoi les maisons de crédit, en Alberta, tout en coûtant de l'argent au contribuable pour leur administration, lui sont plus avantageuses que si elles n'existaient pas. Le Programme Inté­rimaire, conduit par l'intermédiaire de ces mai­sons, a développé la production albertaine et aug­menté le revenu des contribuables bien au-delà de ce que le contribuable doit payer pour leur admi­nistration.

* *

Dans un autre ordre de choses, la même arith­métique, l'arithmétique qui met en évidence, non ce qu'on ôte, mais ce qui reste, peut servir à rec­tifier des jugements superficiels. Nous faisons al­lusion aux certificats de guerre, aux emprunts de la victoire et à diverses autres sortes d'épargne, autour desquelles, à cause de leur but immédiat, on fait beaucoup de publicité.

Il ne serait pas juste de juger de l'effort de guer­re de quelqu'un d'après le chiffre de ses emprunts de la victoire. Le chef d'une grosse famille, qui re­tire un modeste salaire, peut, tout en n'achetant que peu ou point de ces papiers, être aussi bon, ou même meilleur patriote qu'un monsieur à gros re­venu qui se fait citer pour les argents qu'il passe ainsi à sa patrie.

À obligations familiales égales, une piastre ap­pliquée à l'emprunt de la Victoire, sur un revenu hebdomadaire de $60. Au premier, il ne reste que $19 ; au second, il reste encore $50.

N'est-ce pas un peu ce qui se passait un certain jour au Temple de Jérusalem, lorsque de riches Pharisiens faisaient tomber avec orgueil des pièces d'or dans le trolls des offrandes destinées à l'entre­tien du Temple ; alors qu'une pauvre veuve n'y mettait qu'un vulgaire sou brun ?

De la part des riches, l'offrande était une baga­telle, parce qu'il leur restait beaucoup, et ils gâ­taient encore cette bagatelle par leur affiche de vertu. Chez la veuve, l'offrande était de l'héroïsme, parce qu'il ne lui restait pas de quoi se procurer les nécessités de la vie ("Elle a donné de son né­cessaire"), et elle sanctifiait sa très modeste of­frande par sa pureté d'intention, son humilité et son grand amour.

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