Durant la dernière campagne électorale au Canada, plusieurs déclarations pas très édifiantes ont été faites, mais celle-ci est vraiment la plus choquante: «Ceux qui refusent aux femmes la liberté de choix (d'avoir un avortement et de tuer leur enfant) sont des extrémistes de droite intolérants et dangereux.» Ce qui est encore plus scandaleux est que de telles déclarations ont été faites par des chefs qui se disent catholiques pratiquants, alors que leurs déclarations va directement à l'encontre des enseignements des Papes et de l'Eglise catholique. Pour la prochaine élection présidentielle américaine en novembre prochain, nous avons la même situation : le candidate démocrate John Kerry, se dit catholique pratiquant et «personnellement» opposé à l'avortement, mais ajoute aussitôt qu'il va tout faire pour protéger le «droit» des femmes à obtenir un avortement sur demande.
Les électeurs catholiques peuvent être portés à la confusion devant de telles déclarations; cependant, l'enseignement de l'Eglise est très clair : aucun catholique ne peut appuyer des politiciens et candidats qui sont en faveur de l'avortement. Même si on peut être en désaccord sur les programmes des différents partis politiques, le premier point à considérer pour tout catholique qui va voter est la protection de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle. Si un candidat n'est pas prêt à défendre cette position, il ne mérite tout simplement pas notre vote, et c'est même un péché mortel que de voter pour un tel candidat, ont dit des évêques américains.
Le 14 mai 2004, Mgr Michael J. Sheridan, évêque de Colorado Springs, aux Etats-Unis, a dit que «tout politicien catholique qui est en faveur de l'avortement ou de l'euthanasie se place de par le fait-même en dehors de la communion de l'Eglise, et met en danger son salut éternel; de plus, tout catholique qui vote pour un candidat qui favorise l'avortement ou l'euthanasie subit les mêmes conséquences. C'est pour cette raison que de tels catholiques ne peuvent recevoir la communion, tant qu'ils n'auront pas changé leur position et se seront réconciliés avec l'Eglise par le sacrement de Pénitence.» L'évêque ajoute que quoiqu'il peut y avoir d'autres enjeux à considérer lors du vote, le droit à la vie l'emporte sur tous les autres enjeux.
Le même avertissement a été répété récemment dans une lettre pastorale par l'archevêque de St-Louis, Mgr Raymond L. Burke, qui dit qu'il ne fait en cela que répéter l'enseignement du Pape.
Le 13 juin 2004, Mgr Fred Henry, évêque de Calgary, en Alberta, a appelé la position du chef libéral Paul Martin sur l'avortement et le mariage des homosexuels moralement incohérente et «une source de scandale pour la communauté catholique.» Dans une lettre ouverte à toutes les paroisses de son diocèse, Mgr Henry a dit que devant Dieu, «il n'existe pas de droit à l'avortement, ni de droit pour les homosexuels de se marier. On ne peut inventer des droits pour satisfaire ses propres caprices.»
Mgr Anthony Meager, archevêque de Kingston, en Ontario, a écrit dans le numéro de juin-juillet 2004 de son journal diocésain Journey : «Les véritables leaders chrétiens vont servir généreusement tous leurs concitoyens, ce qui inclut certainement ceux qui sont sans voix et sans pouvoir. Il est vrai que la politique est l'art du possible, et que tout n'est pas possible dans la culture actuelle. Les leaders catholiques et, bien sûr, la plupart des leaders chrétiens, sont contre l'avortement, mais ils peuvent ne pas pouvoir changer les choses comme ils le voudraient. Cependant, voici une chose qu'ils peuvent et doivent faire, s'ils prétendent s'appeler catholiques: ils doivent publiquement, et sans équivoque, déclarer leur opposition à l'avortement, et être prêt à faire ce qui est nécessaire pour protéger la dignité de toute vie humaine. Ils doivent se demander honnêtement s'il est raisonnable de donner la même valeur devant la société au mariage des homosexuels qu'à celui d'un homme et une femme qui désirent donner la vie et fonder une famille.
«Il n'est jamais permis à des leaders catholiques de prétendre que d'accepter un tel refus de la dignité humaine — par exemple, l'avortement sur demande — est un signe de la tolérance et la bonté des Canadiens. Ce n'est pas du tout de la tolérance, mais de la lâcheté. A quels chefs de partis je fais allusion? Je n'en dirai pas plus que : «Si le chapeau leur fait, qu'ils le mettent.»
Le 19 avril 2004, la Commission des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada rendait public un document intitulé «Élection 2004: responsabilité et discernement», appelant la population catholique canadienne à mesurer les enjeux et à s'inspirer de l'enseignement moral et social de l'Église lors de leur vote. Les évêques membres de cette commission déclarent: « Il nous semble que les trois conditions pour effectuer ce discernement sont: la connaissance élémentaire et l'acceptation des principes de l'Enseignement catholique; une connaissance adéquate des programmes des candidats; et un examen attentif de la façon dont les candidats pourront le mieux appliquer les principes auxquels nous sommes le plus attachés.» Le document insiste particulièrement sur quatre grands thèmes: le respect de la vie et la dignité des personnes; l'appui à la famille et au mariage; l'option préférentielle pour les pauvres; le bien commun.
Le 4 juin 2004, le Pape Jean Paul II dénonçait devant un groupe d'évêques américains «de simples exigences personnelles» érigées au rang de droits: «l'accroissement de la prostitution et de la pornographie au nom de la capacité des adultes à décider, l'acceptation de l'avortement au nom du droit de la femme (et) celle des unions entre personnes du même sexe au nom du droit des homosexuels».
Le 19 juin 2004, le Saint-Père déclarait un nouvel ambassadeur d'Espagne près le Saint-Siège que «la protection de la vie est l'affaire de tous, qu'il ne s'agit nullement d'un privilège chrétien, mais d'un devoir de toute conscience qui aspire à la vérité et se préoccupe de l'avenir de l'humanité. On baptise souvent conquêtes sociales le privilège de quelques-uns obtenu au détriment des autres.» Le Pape a rappelé l'obligation des gouvernants de «défendre la vie, notamment celle des plus faibles».
Agissons en conformité avec notre foi, et n'appuyons que les candidats et programmes qui sont en accord avec l'enseignement de l'Eglise.