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C’est l’heure des mères

le mardi, 01 avril 1941. Dans Réflexions

Mère de plusieurs enfants, jouissant autrefois d'une heureuse aisance, je suis, depuis, tombée dans un état de gêne voisin de la misère. De quoi faire réfléchir.

Je lis depuis trois mois Vers Demain, organe de la doctrine créditiste, qui m'a rendu l'espérance, comme à tant d'autres qui allaient faiblir devant l'implacable dureté des temps. Et faut-il s'étonner que le découragement, le virement à gauche fasse des victimes dans pareilles conditions ? L'enfer que nous souffrons, nous les destitués, en notre propre province, est-il, à un degré appréciable, plus doux que l'enfer communiste ?

Mais nous avons Vers Demain. Et cette feuille, il faut la considérer comme le dernier porte-voix de l'humble et du pauvre. Elle lance le cri du suprême ralliement, offre une planche ultime de salut national, à certains égards religieux :

""Il est exact de dire que telles sont actuellement les conditions de la vie économique et sociale, qu'un nombre considérable d'hommes y trouvent les plus grandes difficultés pour opérer l'œuvre seule nécessaire de leur salut éternel." (Pie XI)

Combien peu semblent avoir entendu ce grave avertissement. Boutée est l'héroïque petite feuille, Vers Demain, qui en tient compte, de demeures, de milieux où elle devrait occuper une place d'honneur, parce que symbolisant la justice et prolongeant, vulgarisant, si je puis dire, la parole, l'ardent désir des papes.

Vers Demain nous apprend ce que déjà nous aurions dû connaître, mais que, pour le moins, nous semblions stupidement ignorer : à savoir, que, personnellement, chacun de nous est partie à la richesse de son pays. Nous sommes tous héritiers du capital commun accumulé dans l'immense capacité productive de notre pays. Et s'il y a capital commun, il doit y avoir dividende à chaque co-propriétaire. Héritage commun, tous héritiers.

Un dividende mensuel à chaque Canadien : Un dividende à chacun, pour sa part d'un développement dû à la richesse commune, à l'organisation sociale, à la science transmise et augmentée de génération en génération, bien plus qu'au labeur individuel. Le dividende à tous et à chacun, en sus des salaires au travail.

Juste et rationnel, cet octroi de dividendes, retardé injustifiablement malgré l'énorme abondance qui se gaspille ou ne se fait pas faute d'argent pour l'acheter. Est-ce parce que nous avons été si longtemps et si odieusement dépouillés, écorchés, que nous y aurions, en plus, perdu nos droits présents et à venir ?

Comment se fait-il que nos éducateurs et nos formateurs de la jeunesse, et j'ajouterais nos prétendus réformateurs, se soient crus dispensés de le lui apprendre, au besoin de le lui rappeler ? Silence mensonger, ou ignorance impardonnable ?

Pourtant, nous en a-t-on parlé partout, à temps et à contretemps, de nos devoirs, de nos obligations, réelles ou imaginaires, envers n'importe qui et n'importe quoi ?

Parlez-en donc, Monsieur le Directeur, et sans trêve, et aussi longtemps qu'il faudra, de cet héritage. Dénoncez, démasquez ceux qui veulent le détourner de ses héritiers légitimes.

Proclamez la légitimité, la nécessité du dividende mensuel, instrument des mieux capable d'assurer la circulation régulière du crédit dans le peuple. N'est-ce pas cela même que veulent les encycliques ?

Ce sera le grand scandale de la postérité d'apprendre ce que fut, en notre temps, l'attitude de catholiques en vedette — ou que l'on prend pour tels — envers une doctrine si exceptionnellement conforme à la lettre, à l'esprit des encycliques.

Trop nombreux les satisfaits, ou les demi-satisfaits, qui sont de connivence, par un silence conspirateur qui confine à la trahison des pauvres et au mépris des directives papales.

Mais trop pauvres sommes-nous, trop pauvres et trop faibles pour entreprendre de réformer !

— Pardon, cela pouvait être vrai il y a une couple d'années ; pas maintenant. N'avons-nous pas Vers Demain ? Quelle arme ! Puis le droit, avec l'aide du Ciel, n'est-il pas une force invincible ? L'histoire n'est-elle pas jalonnée des luttes victorieuses de la justice et du droit contre des adversaires puissants ?

Debout ! donc, femmes et mères de familles, nos sœurs. Nous sommes trop opprimées, trop pauvres, trop sans défense, trop mères aussi, pour ne pas faire appel à toutes les énergies concentrées dans le cœur maternel et monter à l'assaut. Puis l'effort a-t-il rien qui puisse nous effrayer, nous, les mères, habituées à la tâche de longues journées, 365 jours par année ?

Nous adoucirons notre sort, et bientôt, si nous le voulons, en travaillant de suite, fort et ferme, à la diffusion de Vers Demain, du porte-lumière, à l'expansion de la doctrine créditiste qui fait déjà grande figure en notre province.

Qui, parmi nous, a mieux à proposer que le Crédit Social et son dividende ? Qui, même parmi nos meilleurs hommes, ou ceux considérés comme l'étant, pourrait nous offrir quelque chose de spécifique, de concret, mieux approprié que ce Crédit Social ?

Pour ma part, malgré mes charges de ménage, je reste sur la brèche. C'est l'heure des mères de famille, et, je le crois vraiment, c'est l'heure de Dieu qui, dans sa bonté, a suscité Vers Demain avant qu'il soit trop tard.

MÈRE

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