Il ne faut pas juger d'un acte par les seuls résultats immédiats. C'est pourquoi les questions et les motions de M. René Chaloult, député provincial de Lotbinière, si elles n'aboutissent pas à ce qu'elles demandent, ont tout de même le grand avantage de proclamer publiquement des choses qui sont dans bien des cœurs, mais qu'il est difficile d'exprimer librement sous le régime de la botte et de l'espionnage.
Le temps de la Chambre est surtout pris par les mesures du gouvernement, pour lesquelles votent les députés ministériels et contre lesquels votent les membres de l'opposition. Les députés, supposés représenter leurs électeurs et exprimer la volonté de leurs électeurs, n'ont souvent pas d'autre liberté que de poser des questions ou de proposer des motions, qui seront vite classées parce qu'elles ne sont point au programme du gouvernement. Ainsi est faite la machine parlementaire, façade d'une démocratie qui sert le peuple en le serrant dans l'étau des véritables maîtres.
L'agressivité de M. Chaloult est remarquable et toujours dans le sens des aspirations canadiennes-françaises. Quand bien même il ne réussirait qu'à faire baisser la tête à des confrères que la discipline de parti réduit au rôle de machine à voter, ce serait déjà un commencement de rajustement des valeurs. Si quelques autres se décidaient à montrer le même cran, on traiterait peut-être moins cavalièrement les Canadiens français dans certains milieux.
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"Débarrassons surtout notre peuple de cette humiliation collective et foncière qui fait voir une population de 2,500,000 âmes orientant ses enfants et son enseignement, et ceci comme à une fin normale, à se préparer de l'emploi chez une minorité d'à peine 500,000 âmes". — (Abbé Lionel Groulx)