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Bernard Baruch

le dimanche, 15 février 1942. Dans Réflexions

Bernard Baruch, le puissant américain qui fit la pluie et le beau temps aux États-Unis pendant la première guerre mondiale, n'a pas encore ache­vé sa mission de régent sur la terre. S'il faut en croire une information donnée dans le Rotarian, du mois de décembre, citée par Today and Tomor­row du 29 janvier, c'est du cerveau de Bernard Baruch que serait sorti le plan de contrôle des prix, des salaires, des loyers, qui épice la vie des Cana­diens et des Canadiennes depuis quelques mois.

L'information ressort d'ailleurs d'un article de M. Léon Henderson, administrateur des prix aux États-Unis, et d'un autre article de M. Bernard Baruch lui-même, intitulé : "All-Out Price Con­trol".

Il y a tellement de ressemblance entre les idées émises par les grosses têtes de Wall Street et les dé­crets émanant de notre gouvernement fédéral, qu'on est fortement tenté de se demander si la source des inspirations de ce dernier n'est pas là où trône la finance.

Bernard Baruch est une des figures dominantes de la finance internationale. Voici ce que dit de Baruch, avec orgueil, un journal juif, The Brook­lyn Jewish Examiner :

"L'un des maîtres-conseillers de Roosevelt est Bernard M. Baruch, puissance reconnue déjà sous l'administration Wilson. Lorsque le secrétaire d'État, Cordell Hull, et le prési­dent Roosevelt sont tous les deux absents de Washington, M. Baruch est considéré com­me le président non officiel."

Par ailleurs, Fortune, peut-être le magazine le mieux informé d'Amérique, écrit :

"Bernard Baruch est appelé en conférences fréquentes avec le Président. Il a financé bien des campagnes électorales ; il est entouré d'u­ne garde prétorienne de sénateurs, attentifs à recevoir comme ordre sacré la moindre de ses paroles. La figure de Baruch prend des pro­portions énormes dans l'horizon de la vie pu­blique. On lui a donné crédit pour le choix, par le président Hoover, de M. Eugene Meyer comme gouverneur de la Federal Reserve Board. Baruch est l'homme mystérieux de Washington et de Wall Street."

On remarquera que le système de contrôle des prix, des salaires, des loyers, au Canada, est sous la haute surveillance d'un banquier, du sous-gou­verneur de notre banque centrale.

Comme le remarque Today and Tomorrow, le résultat tangible de tout ce système de contrôle à la Baruch, c'est l'enrégimentation du commerce et de l'industrie, du haut en bas de l'échelle ; c'est l'élimination rapide du petit commerçant, du pe­tit industriel, du petit propriétaire ; c'est la centra­lisation progressive de la production entre un nom­bre de plus en plus restreint de mains, dans des compagnies de plus en plus grosses.

Ces résultats sont tout à fait en accord avec l'objectif avoué de la finance internationale, pour établir un super-état esclave, à la sortie d'une guerre supposée conduite pour préserver la démo­cratie et tuer le totalitarisme !

Et pendant qu'on nous ligote pour des généra­tions, pendant que la finance internationale moule activement le monde d'après-guerre, on nous de­mande d'attendre que la guerre soit finie pour or­ganiser son lendemain. D'autres l'auront fait pour nous... si nous sommes assez imbéciles pour suivre le conseil et rester cois.

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