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Avez-vous grandi ?

Gilberte Côté-Mercier le dimanche, 01 février 1942. Dans Réflexions

Vous êtes le papa d'un petit enfant que vous aimez bien.

Mais, vous travaillez en dehors de votre vil­lage. Et vous ne voyez votre petit qu'un jour par semaine.

C'est long pour vous entre le dimanche et le dimanche.

Sept jours avant de le revoir ! Sept jours ! D'ici là, il va sûrement grandir ! S'il n'est pas plus haut de terre, il sera certainement plus éveillé à la vie. Dimanche prochain, il dira des mots qu'il ne connaissait pas dimanche der­nier. Votre petit, il va se développer. Il va grandir. Et vous avez hâte de le voir plus hom­me.

Comme c'est intéressant de revoir un petit au bout de quelques jours ! Comme on est heu­reux de constater qu'un petit homme a grandi !

* * *

Mais les vrais hommes, les plus vieux, gran­dissent-ils eux aussi ?

Lorsque vous les revoyez au bout d'une se­maine, lorsque vous les entendez parler, re­marquez-vous avec plaisir qu'ils ont changé, qu'ils sont plus savants, plus vertueux, qu'ils ont grandi ?

Hélas ! pas toujours ! Au contraire, après même une longue absence, cet ami que vous revoyez, vous êtes tout surpris de le retrouver tout pareil à autrefois. Même, c'est curieux, autrefois, il vous intéressait. Aujourd'hui, il est "rasant", mais "rasant" ! Non, certes, il ne s'est pas développé, cet ami-là ! Il a reculé, ça se voit ! Ou bien, c'est vous qui avez avancé. Et lui, il est resté comme il était. Son esprit, pas plus instruit, pas mieux formé que dans le temps. Il exprime les mêmes idées sans les avoir approfondies. Et avec les mêmes mots. En plus, vous lui trouvez les mêmes passions et les mêmes défauts de caractère.

Un homme qui a fini de se perfectionner ! Comme c'est ennuyant ! Ça ne vous dit rien, un homme dont l'âme ne vit pas !

Un homme qui ne grandit plus, c'est un hom­me qui a cessé de respirer. C'est un mort.

* * *

Vivre, c'est grandir.

Grandir, c'est penser mieux, agir mieux. Grandir, c'est être plus fort, être meilleur.

* * *

Tous les petits grandissent chaque jour.

Il y a aussi des grands qui grandissent cha­que jour.

* * *

Créditistes, avez-vous grandi depuis quelques mois, depuis deux ans ? Êtes-vous plus forts, êtes-vous meilleurs depuis que vous lisez VERS DEMAIN ? Êtes-vous plus forts, êtes-vous meil­leurs depuis que vous faites de l'apostolat cré­ditiste ?

À vous de répondre.

Si c'est "oui" que vous répondez, continuez à lire VERS DEMAIN, continuez à répandre le Crédit Social, si vous voulez continuer à gran­dir.

Et si vous constatez que le mouvement du Crédit Social qui se propage dans la province de Québec vous a fait vous-même plus homme, à ceux qui vous diront que ce mouvement ne leur inspire pas confiance, vous, pouvez bien leur répondre qu'on juge un arbre à ses fruits.

Le ferment créditiste, qui est en train de don­ner une si belle éducation politique à tout un peuple, qui forme des esprits et des cœurs à l'idéal du bien commun, qui fait grandir des personnes humaines, ce ferment est un ferment de vie, malgré toute la bile des trustards de la pensée et de la vertu !

Gilberte Côté-Mercier

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