Mgr Giorgio Bertin, natif d’Italie et évêque actuel de Djibouti en Afrique et administrateur apostolique de Mogadiscio en Somalie, qui a participé en 2014 à une de nos sessions d’étude à Rougemont, a accepté de préfacer l’édition en langue italienne du livre d’Alain Pilote sur la démocratie économique. Voici cette préface:
Mgr Bertin avec notre directrice Thérèse Tardif, en mai 2014 à Rougemont |
Au mois de mai 2014, à Rougemont, au Canada, j’ai eu la belle opportunité de participer à un cours de formation sur le «Crédit Social» ou «Démocratie économique». Ce cours a été organisé par les Pèlerins de saint Michel de Rougemont.
J’ai suivi avec attention les leçons dispensées, qui suscitaient d’intéressantes discussions et échanges parmi les auditeurs. Tout ceci se déroulait dans un climat de prière et de fraternité favorisé par la communauté des Pèlerins de saint Michel.
Les Pèlerins m’ont demandé de corriger la version italienne de ces leçons, et pour ma part, je leur promettais de préparer une version de ces leçons dans la langue somalienne, qui serait par la suite transmise par la Radio Vaticane.
Je suis convaincu que le message de ces leçons ne se réfère pas seulement aux chrétiens, mais à tous les hommes et à tous les peuples de la terre.
Celui qui a participé à ce cours de formation ou a lu le livre écrit par Alain Pilote, a l’impression de «rêver», de vivre dans un autre monde, un monde où il n’y a pas de pauvres, un monde où n’existent pas de personnes «sans travail», un monde qui offre les moyens suffisants pour conduire une vie digne et sereine à chaque personne, à chaque peuple.
Ce rêve semble être la réalisation historique de ce que nous disent les Actes des Apôtres «La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun» (Act 4, 32-35).
C’est extraordinaire, il nous semble avoir «le ciel sur la terre»! N’est-ce pas seulement un rêve? En effet il semble que le «Crédit Social» soit un rêve fait seulement pour le ciel et non pas pour la terre, pour une économie céleste, pas pour une économie terrestre!
Et alors, que faut-il faire? L’éliminer? Le renvoyer au ciel? L’abandonner à quelque utopiste, à quelque saint ou à quelque congrégation religieuse? Je crois que non! Étant donné que le Ciel est descendu sur la terre dans la personne divine du Christ, (extraordinaire mystère de la foi chrétienne), avec son message d’amour et de fraternité, nous voulons que le Ciel croisse sur la terre. Nous voulons que les enseignements d’amour, de pardon, de service désintéressés soient les idées motrices, qui nous aident à changer ce monde, à le transformer visiblement et fraternellement, afin qu’ il n’y ait plus de millions de personnes pauvres qui vivent dans une misère extrême et peu de personnes riches qui vivent dans l’insouciance et nagent dans l’opulence!
Je suis certain que le «Crédit Social» et ces leçons sur la «démocratie économique» peuvent inspirer notre cœur et notre intelligence à ne plus accepter passivement un monde tel qu’il se présente aujourd’hui. Le «Crédit Social» proposé par C.H Douglas et diffusé par Louis Even, nous invite à «rêver», à regarder en avant, pour créer une nouvelle économie, pour réinscrire l’histoire humaine, pour rendre cette terre une «maison commune», comme a bien souligné le Pape François dans sa Lettre Encyclique Laudato sì.
En effet nous avons besoin de «rêver» parce que Dieu nous a créés pour «voler», non pour rester embourbés ou fixés à la terre comme des rhinocéros! C’est le rêve d’Icare qui a poussé l’homme à créer des avions, à voler dans l’espace et aller sur la lune! C’est le «rêve» de Douglas, de Louis Even et de beaucoup de leurs successeurs, notamment les Pèlerins de saint Michel, qui nous invite à croire qu’il est possible d’imaginer un monde meilleur en réalisant une économie différente. Pour y arriver, il faut se battre et y croire!
Alors, laissons-nous fasciner et captiver par ces leçons, laissons-nous porter «au large» pour surmonter et franchir les montagnes de l’indifférence, de la haine sociale, de l’injustice économique. Tous ensemble nous pouvons réellement transformer cette terre si dégradée pour la rendre plus accueillante aux générations futures. Ne nous résignons pas à «ce qui s’est passé» (Act 24,18) jusqu’à présent, mais avec le cœur plein de joie et d’espérance, retournons à Jérusalem, remontons à nos origines et disons «Il est vraiment ressuscité» (Act 24, 34).
Il est vraiment donc possible pour nous de «renaître», de vivre comme des personnes régénérées, mieux, «ressuscitées», de nous aimer comme des frères et des sœurs, partageant tous les biens matériels et spirituels!
Mgr Giorgio Bertin, ofm