C'est celui de l'Alberta. Et qui donc peut être créditiste et n'être pas éveillé ? C'est parce qu'il est créditiste que le gouvernement de l'Alberta est éveillé, dès aujourd'hui, aux réalités de l'après-guerre.
D'autres se contentent de prêcher des sacrifices aux vivants et de chanter des hymnes sur ceux qui sont morts. On n'a pas besoin d'aller plus loin que Québec pour entendre une voix de cette catégorie.
D'autres ajoutent qu'après la guerre tout va être merveilleux, sans qu'on ait besoin de s'en préoccuper.
L'équipe créditiste d'Edmonton croit que, tout en donnant à plein collier pour le triomphe de la cause des Alliés, il est tout à fait sage d'orienter l'attention vers les problèmes d'après-guerre, d'en examiner les divers aspects et de leur chercher des solutions, au lieu d'en abandonner le soin à ceux qui ont produit ou permis le beau gâchis d'avant-guerre.
C'est pourquoi le premier-ministre, William Aberhart, convoquait dernièrement à Edmonton la première Conférence de Reconstruction d'après-guerre. Bien que tenue sous l'égide et due à l'initiative du gouvernement créditiste d'Edmonton, cette Conférence n'avait nullement un caractère partisan. L'appel fut lancé à toutes les parties du Canada, et les principaux conférenciers furent des orateurs étrangers, point du tout liés au Parlement albertain ; M. Charles O. Benham, de Joliet (Illinois) ; Mme J. Alison Kern, de Vancouver ; Mme L. Lunde, de Chicago, et quelques autres.
Voici une liste des titres significatifs des principaux discours :
"Briques vivantes pour un monde nouveau".
"Babylone moderne — le système actuel dévoilé".
"Pour briser les chaînes".
"Pour faire la lumière."
"La maquette d'un monde nouveau".
"La signification de cette guerre".
"Ce qui constitue la véritable prospérité."
"Le lien qui attache."
"Salut à la liberté."
"L'ordre nouveau approche."
"Aujourd'hui et demain."
"Pauvreté, postérité et prospérité."
"Le système économique passé aux rayons X."
"Le grand duel : Paganisme contre Démocratie chrétienne."
"Le flambeau nous est jeté."
Seul, ce dernier discours fut de M. Aberhart. Ce que fut le succès de cette Conférence de quatre jours, du 15 au 19 décembre, nous ne le savons pas encore. Mais elle n'a pas dû être du temps perdu, parce que les journaux à la solde de la finance ne l'ont guère goûtée. L'un d'eux, que nous avons sous les yeux, le Standard de Montréal, voit dans ces activités une préparation des créditistes à envahir le champ fédéral. C'est du moins l'opinion de son correspondant d'Edmonton, Homer Ramage.
Disons, en passant, que, d'après ce même Homer Ramage, William Aberhart serait en train d'étudier assidûment le français, afin de pouvoir faire campagne dans la province de Québec. Toujours d'après la même source, M. Aberhart considérerait la province de Québec comme un champ favorable à la graine créditiste, "malgré le ban imposé publiquement contre le Crédit Social par Son Éminence le Cardinal Villeneuve".
Si M. Ramage n'est pas mieux renseigné à l'autre bout qu'à ce bout-ci, il n'est pas à prendre au sérieux. Tout de même, nous n'aurions que des félicitations à faire à M. Aberhart s'il en est réellement à étudier la langue de France et de Nouvelle-France. C'est tout à fait en accord avec son esprit progressif.