"Le point fondamental de la question sociale est celui-ci : que les biens créés par Dieu pour tous les hommes doivent, de quelque façon, les atteindre TOUS, la justice guidant et la charité aidant." (Pie XII).
Qu’on rapproche cette phrase du glorieux Pape régnant de cette autre de son illustre prédécesseur :
"L’organisme économique et social sera sainement constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu’il procurera à TOUS et à CHACUN de ses membres tous les biens que les ressources de la nature et de l’industrie ainsi que l’organisation vraiment sociale de la vie économique ont le moyen de leur procurer." (Pie XI).
Neuf ans se sont écoulés depuis la publication de l’encyclique de Pie XI. Où en est-on de la distribution à TOUS de leur part des biens de ce monde ? Plus il y a de biens, plus notre économie barbare limite le nombre de ceux qui ont la permission de les obtenir.
Après cela, on s’étonne du mécontentement grandissant, on s’effraye des menaces du communisme. C’est le résultat logique de nos carences :
"Pour le chrétien, le communisme devrait avoir une signification toute particulière ; il est le témoignage du devoir non rempli, de la tâche irréalisée du christianisme. La vérité chrétienne a eu le tort de ne s’être jamais manifestée dans la plénitude de la vie, et les voies obscures de la Providence veulent que ce soit aux forces brutales qu’il soit échu de faire éclater la vérité sociale..."
Les papes dénoncent l’injustice et le désordre de notre organisation économique et sociale... Les Papes nous rappellent que les biens de ce monde ont été donnés aux hommes pour que TOUS en aient leur part nécessaire... Allons-nous vivre joyeusement les dernières heures de notre existence en nous bouchant les oreilles pour ne pas entendre les avertissements du souverain Pontife ?" (Père Damien, o.m.i., "Le Droit" du 3 février 1940.)
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Il y a d’autres pontifes qu’on écoute mieux, malgré qu’ils aient rendu la vie des hommes "horriblement dure, implacable et cruelle". Ils n’écrivent pas d’encycliques ; leur plume connaît mieux les chiffres, mais par les chiffres ils contrôlent le monde civilisé. Ils connaissent les affaires financières de tous les conducteurs de l’industrie et du commerce, de toutes les institutions éducationnelles et religieuses. Cette connaissance et leur contrôle du crédit leur confèrent une puissance redoutable, et ils s’en servent.
Parlez des principes préconisés par l’Église, encadrez-les, on vous acclame. Présentez toutes les réformes que vous voudrez, pourvu qu’elles ne touchent pas à la puissance qui contrôle les permissions de vivre, on vous regarde avec bienveillance. Mais démasquez seulement cette puissance, les foudres tombent sur vous, oh ! des foudres savantes et hypocrites. Des doigts dignes vous signalent comme suspect. On vous refuse des locaux payés par l’argent du public. Les euchres et les bingos ne connaissent pas cet ostracisme.
Combien trop vraie, hélas ! cette remarque que nous faisait récemment un grand serviteur de Dieu et de son Église : Nous ne trahissons jamais nos principes, mais nous vendons toujours leur application.
Ces constatations sont pénibles, elles ne nous abattent pas. Nous prions seulement nos lecteurs d’accélérer leur collaboration pour grossir la circulation de notre journal. Il restera l’arme la plus efficace, la plus souple, le moyen de propagande le moins soumis aux humeurs de dictateurs locaux ou régionaux.
Le mot d’ordre reste le même : que chaque abonné nous en gagne un autre d’ici la prochaine édition.
LA DIRECTION
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