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Tout, tout, tout

Gilberte Côté-Mercier le jeudi, 15 janvier 1942. Dans Apostolat

Tous les souhaits du Nouvel An, qui se sont faits cette année, à part ceux du journal VERS DEMAIN, étaient pleins de tristesse. Ils ressem­blaient bien plutôt à de mauvais présages qu'à de joyeux espoirs. Ils sentaient la douleur, la mort.

Tout le monde, du plus riche au plus pauvre, du plus heureux au plus misérable, tout le monde est effrayé des horreurs qui se sont pas­sées en 1941, et craint que 1942 soit plus terri­ble encore.

Tous les catholiques de la terre se deman­dent avec angoisse si le règne du Christ ne sera pas retardé pour de longs siècles.

Et les Canadiens-français de la province de Québec, constatant qu'ils sont de plus en plus trahis par ceux même de leur propre famille, ne se sentent plus la force de réagir contre le règne de l'enfer sur cette terre d'Amérique. Dans leur pays, la Haute Finance les a étouffés. La franc-maçonnerie a corrompu leur élite. Le communisme est accueilli avec "amour". Le so­cialisme s'installe de mieux en mieux tous les jours. Socialisme ? Oui, cette régie d'État n'en porte pas l'étiquette, mais elle n'en est que plus pernicieuse.

* * *

Où donc s'en va le monde ? Où donc s'en va la province de Québec ?

Pour ce qui regarde le coin de terre que vous habitez, créditistes, la réponse est à vous.

Vous portez en vous une flamme qui éclaire votre chemin. Vous connaissez les causes de notre mal, et vous en connaissez les remèdes.

Parmi ceux qui ont fait le bilan de l'année passée, nul mieux que vous n'a vu plus clair dans les événements. Vous le savez.

Parmi ceux qui réclament un ordre nouveau pour l'avenir, nul mieux que vous sait d'où peut venir une résurrection.

* * *

Créditistes, vous seuls voyez clair. Savez-vous bien que vous avez un immense devoir à remplir ?

Quinze jours sont déjà écoulés sur la nou­velle année.

En quinze jours, qu'avez-vous fait pour faire avancer le Crédit Social ?

Vous là, qui lisez VERS DEMAIN avec déli­ces, et qui en parlez avec orgueil, vous n'avez pas recruté un seul abonnement en quinze jours ? Mais, il n'y aura que 24 fois quinze jours en 1942. Quel sera votre bilan au 31 dé­cembre ? Et si le journal VERS DEMAIN re­çoit de gros coups de l'adversaire en 1942, et il en recevra, le passé est là pour le garantir, alors ce ne sera pas vous, dites, lecteur égoïste, qui empêcherez le Crédit Social de s'éteindre !

* * *

Et vous, l'autre, le sympathisant, vous qui dispensez vos bénédictions et vos encourage­ments aux créditistes, vous souvient-il que l'au­tre jour justement, vous auriez eu une magni­fique occasion de défendre le Crédit Social de­vant des adversaires ? Vous avez préféré vous taire... pour vous ménager des faveurs ou sauver des apparences de bonne entente. Vo­tre diplomatie est plus serviable aux financiers qu'à la bonne cause, cher ami. Prenez garde ! Si pendant tout 1942, vous pratiquez la même politique, il se peut que la réforme n'arrive pas assez vite. Et cela à cause de vous.

Que dire de ceux qui appellent à tue-tête un ordre nouveau, qui le disent et l'écrivent par­tout, qui déplorent le peu d'action dans ce sens, et qui assomment le Crédit Social, la meilleure expression d'un ordre nouveau, et qui assom­ment les créditistes, ceux qui font le plus pour arriver à des résultats ? Ceux-là, s'ils faisaient un examen de conscience, se rendraient vite compte qu'ils sont plus vaniteux que sincères. C'est la mode de parler d'ordre nouveau ! Mon­sieur X en parle. Plus que ça, il voit un peu par­tout des bâtisseurs d'ordre nouveau. Il envie la gloire de ceux qui réussissent. Il voudrait, pour s'attirer les mêmes honneurs, innover un régi­me à sa façon. Hitler a bien inventer l'hitléris­me. Pourquoi X n'inventerait-il pas le Ixisme ? Soyez prudent, cher monsieur X, l'œuvre de constructeur vaut plus de travaux, de misères, de soucis, de calomnies que de gloire. Vous pourriez n'être pas assez riche pour payer cet­te rançon. Et votre ambition n'aura eu qu'un résultat : servir l'ennemi.

* * *

Restent les créditistes qui donnent beaucoup à leur cause, qui donnent une bonne partie de leurs loisirs, mais pas tous leurs loisirs.

Chers créditistes, nous vous invitons à faire vous aussi un examen.

Regardez autour de vous. Ceux qui travail­lent sans relâche sont peu nombreux. La tâche qu'ils ont entreprise est formidable. Arriveront-ils au succès ?

Vous donnez déjà beaucoup de votre temps.

Mais, il y en a tellement qui ne donnent pas ce qu'ils devraient donner, qu'il faudra que vous-même donniez encore.

"Mais, ce n'est pas possible !" dites-vous. Justement ? c'est l'impossible qu'il faut faire.

Dans ces derniers quinze jours, qui furent les premiers de 1942, avez-vous donné toutes, toutes vos minutes libres à votre idéal ? N'avez­-vous point perdu un peu de temps à des futili­tés ? C'est vous seul qui pouvez le dire.

Allez plus loin dans votre examen de cons­cience. Demandez-vous si, même en faisant du travail, vous n'avez pas perdu votre temps, en vous servant de mauvaises méthodes. Par exem­ple, l'autre jour, vous avez parlé trop long­temps avec un adversaire du Crédit Social. Vous saviez que vous ne gagneriez rien. Votre temps aurait été beaucoup mieux employé dans une visite à un créditiste pour le stimuler à tra­vailler.

Quinze jours de passés sur 1942 ! Pour le Cré­dit Social, quinze jours de perdus ou à peu près, à cause de vous, créditiste !

L'année va-t-elle se continuer ainsi ? Ne vous ressaisirez-vous pas ?

Aujourd'hui même, fermement, inébranla­blement, prenez donc la résolution de tout, tout faire, le possible et l'impossible, pour sauver votre pays.

D'abord, dites-vous que vous seul portez sur vos épaules la charge du Crédit Social à réali­ser. Vous seul, entendez-vous bien ?

Et, prenez votre courage à deux mains. Et lancez-vous tête baissée dans l'action.

Ne songez qu'à votre objectif. Ne vous lais­sez même pas distraire par les joies anticipées du succès. L'important, c'est le travail du mo­ment présent. Pour qu'il soit bien fait, il faut que vous y donniez toute votre attention et tout votre cœur.

Entendu, créditiste, cette année, aucune mi­nute, aucune pensée, aucune énergie perdue en dehors du Crédit Social.

Ce que vous donnerez au Crédit Social, ce ne sera pas un bout de temps, un bout d'attention, un bout de force, un bout de revenu. Ce sera tout, tout, tout.

Gilberte Côté-Mercier

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