L'Union des Électeurs commence, dans certaines localités, à donner des résultats locaux, et c'est encourageant. Si, localement, elle obtient le règlement de questions réglables localement, provincialement elle forcera immanquablement le règlement de problèmes d'ordre provincial.
Le journal Vers Demain du 15 octobre relatait la visite de trois officiers de la Commission d'Industrie Laitière à M. René Tremblay, de la Laiterie St-Jean-Baptiste, de Chicoutimi.
Une autre visite subséquente n'intimida pas davantage ce grand créditiste. Finalement, trois mois plus tard, l'Inspecteur régional de la Commission, M. Oscar Côté, faisait servir simultanément trois actions à M. René Tremblay. Il était sommé en cour pour avoir payé le lait de trois cultivateurs en-dessous du prix fixé.
Aucun de ces trois cultivateurs ne s'était plaint. Bien au contraire, tous les trois assuraient avoir été payés plein prix : 95 pour cent en argent de Banco et 5 pour cent en transferts de l'Association Créditiste. Ils se servent eux-mêmes de ce crédit pour une partie de leurs achats.
C'était nier le pouvoir d'achat du crédit de l'Association près des associés, et nier aux associés dans la production et le commerce du lait le droit d'accepter volontairement un mode de paiement qu'ils jugaient tout à fait satisfaisant.
M. Tremblay nous tint au courant et confia sa cause à Me J. Simard, avocat de Chicoutimi, lui-même membre de l'Association Créditiste.
Pour nous, dès le lendemain des Rois, nous envoyions à Chicoutimi, outre le commissaire en charge du territoire, notre impétueux remueur de villes, le commissaire L.-P. Bouchard. Ils avaient comme instruction spéciale de monter prestissimo l'Union des Électeurs à Chicoutimi ; de placer toute la force de l'Union des Électeurs à l'appui de la cause Tremblay et de forcer moralement M. Oscar Côté à retraiter sous peine d'être montré du doigt par la foule de ses concitoyens.
Entretemps, les préliminaires de la cause furent plaidés. Le 17 janvier, comme on le voit dans un rapport de Chicoutimi (page 8 du présent numéro), M. René Tremblay lui-même passait le feu sacré aux créditistes réunis à l'hôtel-de-ville de Chicoutimi.
Or, une couple de jours plus tard, nous apprenions que les trois accusations portées contre M. René Tremblay étaient bel et bien retirées.
Que chacun tire ses conclusions. D'autre part, nous n'entendons diminuer en rien le mérite de l'avocat, Maître Simard. Son plaidoyer préliminaire fut très brillant.
Depuis plus d'une année, le journal régional du Témiscamingue et de l'Abitibi, La Frontière, publié à Rouyn, se taisait systématiquement, et par consigne, sur toutes les activités créditistes de la région. Pourtant, personne n'a été aussi actif que les créditistes en tous ces mois-là.
Tout au plus, le journal s'était-il permis, l'été dernier, de publier une entrevue de son rédacteur en chef avec M. Even, surtout pour appuyer sur la déclaration de ce dernier, que le Crédit Social n'est pas un parti politique.
Récemment, notre lieutenant créditiste de Rouyn, M. Réal Caouette, décidait de poser un geste de pression locale par l'Union locale des Électeurs.
Sur sa proposition, les créditistes de Rouyn ont apposé en nombre leurs signatures au bas d'un document destiné à La Frontière, signalant le fait que La Frontière annonçait tous les événements locaux, même les assemblées de partis politiques, et en donnait des comptes-rendus, sans se lier mais sans manifester de scrupules. Puis la pièce posait en regard le mutisme du même journal au sujet des plus enthousiastes assemblées créditistes. Rien de plus. Pas une menace. Mais des signatures, des signatures, et encore des signatures.
Faut-il relier ce geste avec la surprise que nous eûmes, la semaine dernière, de lire dans La Frontière le compte rendu détaillé et intéressant d'une soirée créditiste à l'Hôtel Albert, avec agapes, musique, histoires et discours ?
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Voilà des choses qu'on peut faire avec une Union des Électeurs. L'Union des Électeurs nettoiera certaines localités de leurs mouchards et de leurs petits dictateurs. L'Union des Électeurs forcera le gouvernement provincial à donner à la province, pour ceux qui veulent en bénéficier, les avantages d'une institution comme le Programme Intérimaire de l'Alberta. Et beaucoup d'autres choses encore.
L'Union des Électeurs, en effet, c'est un peuple qui, conscient d'être majeur, se prend en main et refuse de servir de jouet aux exploiteurs de tout acabit. C'est la démocratie en action.
Ajoutons que les politiciens sincères seront contents d'avoir cette force pour leur permettre de résister aux pressions des puissances d'argent. Quant aux autres, si la scène devient intenable pour eux, il leur reste la porte de sortie.
L'employé d'un épicier de Drummondville qui fait partie de l'Association Créditiste nous fait la remarque suivante, au cours d'une correspondance :
"Mon patron est de plus en plus créditiste. Il opère sur lui-même un heureux changement. Son attitude envers les clients n'est plus la même. Nous ne formons plus qu'une grande famille."
Si on reconnaît un arbre à ses fruits, le Crédit Social est loin d'être le figuier stérile qu'il faut couper et jeter au feu.
Nous recevons de Chicoutimi le rapport suivant :
"Le 17 janvier, à l'hôtel-de-ville de Chicoutimi, brillante assemblée de l'Union des Électeurs de Chicoutimi et des environs, sous la présidence conjointe de MM. Aurèle Couturier, lieutenant de l'Association Créditiste, et E. Maltais, voltigeur.
"Vibrantes allocutions prononcées par les commissaires L.-P. Bouchard et Germain Bégin, par Pierre Bouchard, lieutenant d'Arvida, et par René Tremblay, de la Laiterie St-Jean-Baptiste. Tous parlèrent de grouper les électeurs pour s'imposer auprès de nos parlements, afin qu'ils servent les intérêts du peuple, puisqu'ils sont élus pour cela et non pas pour se servir eux-mêmes, servir leurs amis et les trustards corrupteurs.
"Appel pressant pour de nouveaux Voltigeurs pour mettre tout Chicoutimi sur pied, le journal Vers Demain dans toutes les maisons, et toutes les familles canadiennes-françaises de la place dans l'Association Créditiste.
"Dans son allocution, M. René Tremblay, à qui l'on fait un procès pour usage de transferts de crédit dans ses paiements, jure de tenir jusqu'au bout, sans se laisser imposer par les jaloux, les mouchards ou les abus de commissions de ci et de ça. Il se sent fort pour le triomphe de sa cause, avec l'appui de la puissante Union des Électeurs qui se développe rapidement à travers toute la Nouvelle-France.
`"Après avoir établi les grandes lignes d'un programme de veillées créditistes pour répandre la lumière et bâtir l'organisation, l'assemblée chante "Ô Canada" et acclame la reconquête de la Nouvelle-France."
M. Pitre Riverin, de Chicoutimi, exploite un moulin à farine et vend des moulées balancées. Il fait partie de l'Association Créditiste.
Or, M. Riverin déclare à notre dévoué commissaire, M. L.-P. Bouchard, que, depuis son entrée dans l'Association en novembre dernier, il a doublé son chiffre d'affaires. Il s'attend à le tripler en 1943. Félicitations à M. Riverin pour ce succès, et surtout pour le patriotisme qui l'a déterminé à entrer dans les rangs de l'Association avec un commerce où il est particulièrement difficile d'écouler du crédit, à cause de la main-mise des trustards sur les sources d'approvisionnements.
M. Edmond Boivin, entrepreneur peintre, tapissier et décorateur, de Chicoutimi, fait, lui aussi, partie de l'Association Créditiste, avec sa belle famille de 14 enfants. Il accepte et passe des transferts de crédit.
Tout récemment, dans le règlement d'un contrat de $444.00 avec M. Boivin, un créditiste a eu l'occasion d'écouler en une seule fois pour $22.20 de crédit. À Chicoutimi, on comprend le crédit. La Nouvelle-France va s'affranchir de la duperie bancaire.
